Isolation et congés combinés : Les pilotes de MK s’en remettent à l’aviation civile

Devant l’inaction et l’incompréhension des autorités publiques et du management d’Air Mauritius (MK), les pilotes de ligne de la compagnie nationale, regroupés au sein de la Mauritius Air Line Pilots Association (MALPA), se sont tournés vers le département de l’aviation civile pour exprimer leurs griefs concernant la politique qui consiste à faire d’un jour d’isolement un jour de congé. Or, s’appuyant sur l’exemple de la politique d’autres compagnies aériennes et des règles fondamentales d’organisme international de sécurité aérienne, il faut dissocier les jours d’isolement et le jour de congé d’organisme.

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Dans une mise en perspective globale, les pilotes soulignent d’emblée qu’Air Mauritius est l’une des seules compagnies aériennes au monde à imposer l’isolement des équipages pendant leur jour de congé et explique que cette pratique représente un risque pour la santé mentale qui finira par affecter la sécurité des vols. Dans cette optique, l’association des pilotes fait un appel à l’aviation civile, compte tenu de leur rôle dans la réglementation de la santé et de la sécurité des professionnels de l’aviation, pour faire cesser cette pratique en tant que garant de la sécurité des vols.

La MALPA insiste sur le fait que l’équipage devrait bénéficier d’un minimum de jours de congé pour pouvoir participer à des activités sociales. Selon elle, sept jours de congé au cours de quatre semaines consécutives et une moyenne d’au moins huit jours de congé au cours de chaque période consécutive de quatre semaines — en moyenne sur trois de ces périodes — constituent pour le syndicat un strict minimum pour que l’équipage puisse participer à des activités sociales qui auront un impact significatif sur leur bien-être.

Le congé: une nessecité

La lettre signée du capitaine Patrick Lile, président de la MALPA, rappelle en préambule que l’industrie aéronautique est basée sur des principes et des connaissances scientifiques, ainsi que sur une expérience opérationnelle qui vise à garantir que le personnel concerné fonctionne à un niveau de sensibilisation adéquat. Se référant à la Flight Safety Foundation, le capitaine Lile explique qu’un jour de congé est défini comme une période de loisirs et de détente libre de tout devoir. La Flight Safety Foundation affirme de plus que les aspects physiques, mentaux et sociaux de la santé des pilotes sont interdépendants et la gestion de la santé de tout équipage nécessite une approche holistique.

«Nos comportements, attitudes, gestion du stress et techniques d’adaptation ont un impact profond sur la santé mentale. La santé sociale est liée à nos réseaux de soutien : ceux qui nous entourent, notre famille, nos amis et collègues » explique le capitaine Lile. Il ajoute que la Flight Safety Foundation insiste sur l’importance de partager des activités sociales avec la famille et les amis. Ces activités sont généralement simples comme le sont cuisiner, manger, jouer à des jeux de société et regarder des films ensemble. Ces activités ludiques améliorent la qualité des relations humaines et le bien-être et sont des facteurs de résilience au stress. De plus, pour des professionnels de l’aviation, le bien-être a un impact direct sur la qualité de la sécurité. Il a été prouvé par la recherche scientifique que les activités sociales ont un impact positif sur le bien-être des humains, ajoute le syndicat des pilotes.

La fatigue est un risque pour la sécurité

Par contre, la fatigue est un risque pour sécurité opérationnelle largement reconnu. Plus précisément, la communauté aéronautique a examiné les effets de la perte de sommeil et des perturbations circadiennes sur les équipages de conduite en menant des recherches contrôlées en laboratoire sur simulateur et sur le terrain. La Flight Safety Foundation a également commencé à faire des recherches sur le bien-être général et ces études ont confirmé la présence de problèmes de performance liés à la santé mentale chez les pilotes.

Ainsi, la MALPA regrette que MK ait décidé de programmer des jours de congé pendant les sept jours d’isolement imposés après chaque vol, privant, selon eux, l’équipage des avantages d’un jour de congé. Ce qui est, selon les pilotes, contraire à la définition d’un jour de congé qui est défini dans la documentation de l’entreprise comme «un jour libre de tout devoir à consacrer à des activités de loisirs et à socialiser avec sa famille et ses amis». Passer la journée de congé à l’isolement va à l’encontre de ces objectifs, affirment les pilotes.

Ces derniers ne manquent pas de rappeler que la pandémie  a lourdement impacté sur l’industrie aéronautique, ce qui a déjà perturbé considérablement leurs moyens de subsistance.

En conclusion, le syndicat des pilotes explique à l’aviation civile que l’impératif pour les membres d’équipage de disposer de suffisamment de temps pour travailler sur leur bien-être mental général est incontournable. Il permet de faire face au stress supplémentaire généré par les contraintes et complexités opérationnelles actuelles. Pour terminer sur une note plus philosophique, le syndicat des pilotes rappelle que l’environnement opérationnel continue d’évoluer considérablement tandis que la physiologie humaine reste inchangée. Dans cette optique, les facteurs humains doivent être obligatoirement pris en compte lors de tout changement ou évolution des procédures.

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