La dengue, l’autre épidémie qui frappe aussi La Réunion

Le département français de la Réunion fait face à deux épidémies: outre une recrudescence des cas de Covid-19, la dengue, une maladie transmise par les moustiques, sévit de nouveau dans l’île depuis de début de l’année.

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« A La Réunion il n’y a pas que le coronavirus, il y a la dengue aussi. Il y a même surtout la dengue » soupire un peu amer un médecin généraliste installé au Port. Cette commune de l’ouest regroupe à elle seule plus de 50% des 6.188 cas de dengue recensés dans toute l’île depuis le début de l’année.

La préfecture n’explique pas cette concentration mais a précisé jeudi que 23 des 24 communes de l’île sont touchées par une « épidémie en phase ascendante ». En effet, 1.416 nouveaux cas de dengue et deux personnes décédées des suites de la maladie ont été recensés à La Réunion entre le 5 avril et le 11 avril.

Depuis début janvier, cette maladie a occasionné 694 passages aux urgences et 224 hospitalisations, selon les autorités sanitaires.

Cette vague épidémique arrive en pleine recrudescence des cas de Covid-19. La semaine dernière, 918 nouveaux cas ont été détectés et six personnes sont décédées des suites du coronavirus. Depuis le début de l’épidémie le 11 mars 2020, 141 malades sont morts des suites de la maladie, dont 70 au cours des six dernières semaines.

Les Réunionnais connaissent bien la dengue qui, contrairement au Covid-19, ne peut être transmise d’humain à humain. Ce sont les moustiques qui deviennent porteurs du virus en piquant des malades et le transmettent ensuite à des personnes saines.

Le virus se décline en quatre types, qui ont des virulence diverses. Trois d’entre eux sont présents à La Réunion. Ils circulent dans l’île depuis 2017, avec l’apparition de vagues épidémiques en période d’été austral (de décembre à avril).

Selon les chiffres de l’Agence régionale de santé (ARS), entre 2018 et 2020, plus de 40.000 malades ont été identifiés – pour 120.000 infections estimées – entraînant plus de 1.700 hospitalisations et 42 décès.

Mais cette fois la maladie est plus virulente. Plusieurs médecins de ville font état de patients atteints de formes graves de la dengue.

– Symptômes plus violents –

Au-delà de la fièvre, des douleurs articulaires, de la perte d’appétit et de la fatigue chronique, la vue peut être affectée. « C’est un effet qu’on avait déjà observé l’an dernier mais qui heureusement n’entraîne pas de conséquences sur le long terme », note Christine Kowalczyk, présidente de l’Union des médecins libéraux.

Le virus peut également altérer le fonctionnement du foie. « Une conséquence dangereuse » qui peut mener à « une hospitalisation en cas de complication », indique la docteure.

Selon le professeur Xavier Deparis, responsable veille et sécurité sanitaire à l’ARS, l’augmentation du nombre de cas a une explication rationnelle: « on peut attraper quatre fois la dengue dans sa vie puisqu’il y a quatre sérotypes de la maladie ».

La majorité des contaminations recensées auparavant sur l’île étaient « de type 2 ou 3 », la population n’est donc pas immunisée contre le type 1 qui est le seul « identifié à ce stade » en 2021, selon la préfecture.

Etre contaminé par le virus une deuxième fois se traduit par des symptômes plus violents. « Cela entraîne une réaction immunitaire plus forte. Comme il s’agit d’un autre sérotype, le virus se développe au lieu d’être arrêté », explique la docteure Christine Kowalczyk.

Pour lutter contre ces insectes vecteurs du virus, des actions de démoustication sont menées quotidiennement par l’ARS et les communes dans toute l’île. Les pompiers de La Réunion et 40 militaires arrivés le 31 mars dans le cadre du renfort national de la sécurité civile sont aussi déployés pour démoustiquer.

Les Réunionnais sont invités à « vider leur fond’kour (nettoyer leur jardin, en créole) » et à ne pas jeter leurs déchets n’importe où « pour éviter la prolifération des insectes et de leurs larves ».

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