La distanciation physique pas obligatoire dans les transports publics : Une règle qui s’oppose aux dispositions nationales

Interdiction, en revanche, de respirer un bon bol d’air frais à la plage ou dans les jardins publics. Vague de protestations sur les réseaux sociaux.

« Le public voyageur ne sera pas tenu d’observer la distanciation physique dans les autobus, les taxis, les autobus et les tramways.» Ainsi en a décidé le ministère du Transport terrestre et du métro dans le cadre de la deuxième phase du déconfinement. On peut s’agglutiner dans les tramways et les autobus, mais il est interdit de déambuler ou de respirer un bon bol d’air frais à la plage et dans des jardins publics. Un paradoxe qui suscite l’incompréhension de la population car cette règle s’oppose aux dispositions nationales visant à éradiquer le virus circulant encore dans le pays.

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S’il y a une mesure qui focalise l’attention dans les recommandations du gouvernement pour la « deuxième phase de réouverture », c’est bien la décision de ne pas exiger la distanciation sociale dans les transports publics. Aussi, le communiqué du ministère du Transport souligne qu’aux arrêts d’autobus, « les passagers devront obligatoirement respecter la distanciation physique. » Une mesure insensée au point d’en être risible. Certes, le port du masque et l’utilisation du gel hydro-alcoolique sont obligatoires et les places debout ne seront pas autorisées dans l’immédiat dans les autobus et tramways. Or, c’est justement là où réside le paradoxe des règles sanitaires qui n’en finit pas d’interroger.

Si ce retour à la normale sonne comme un ouf de soulagement pour les opérateurs d’autobus et MetroExpress Ltd (MEL), d’aucuns soutiennent que cette décision d’autoriser les passagers à être « serrés les uns contre les autres »dans ces types de véhicules constitue un faux pas qui pourrait conduire à l’émergence d’une troisième vague de l’épidémie. Comme il est de coutume de nos jours, les commentaires vont bon train sur la toile. Une question revient en boucle : « Comment peut-on, d’un côté, autoriser des gens de côtoyer en moyenne, quotidiennement, une centaine de personnes dans un transport public, et de l’autre, empêcher des gens de profiter d’une balade au bord de la mer en respectant les règles sanitaires ? » Un directeur d’entreprise ironise sur le fait que « le gouvernement m’impose de faire respecter les gestes barrières dans ma boîte, alors que la quasi majorité de mes cinquante employés voyageront dans des autobus bondés aux heures de pointe. »

Coup de massue pour les forains

Des voix s’élèvent contre le « caractère disproportionné » de certaines mesures. Celles qui ne comprennent pas pourquoi la liberté de culte n’est pas autorisée à la faveur de protocoles sanitaires strictes. « On autorise des gens à s’agglutiner dans un autobus alors qu’on ferme les lieux de prière, sachant que le gouvernement a déjà constaté l’assiduité avec laquelle nous avons pris nos responsabilités en respectant à la lettre les gestes barrières dans nos vastes églises au cours de la première vague », déclare un internaute qui piaffe d’impatience de retrouver le chemin de l’église Notre-Dame de-Lourdes à Rose-Hill.

Les forains ont également du mal à cacher leur frustration après avoir pris acte des dits règlements. Les locataires d’Arab Town, qui ont réagi par la voix de leur porte-parole Teaz Jaumeeer, n’en reviennent toujours pas que le gouvernement ait accepté de rouvrir les bazars, mais pas les foires. « Après l’épisode de la délocalisation à côté du stade de Rose-Hill, qui a grandement contribué à la perte de notre clientèle, on nous impose la fermeture de nos étals, alors que les maraîchers du bazar, juste à côté, sont autorisés à écouler leurs produits en contrôlant l’accès des clients. Où est la logique? », demande Teaz Jaumeeer. Un conseiller municipal des villes-sœurs, qui tente vainement de plaider la cause des forains de la ville auprès du Conseil, croit savoir que « le gouvernement a pris cette décision car il considère que les sites abritant les foires ne donnent pas assez de garantie pour qu’il y ait de la distanciation sociale. Hallucinant! Une démarche qui ne fait qu’accentuer la vulnérabilité et la précarité des marchands d’Arab Town. »

Les amateurs de sports nautiques y sont allés de leurs analyses. « Pas de kayak ni de kite surf. C’est pathétique!», martèle une internaute.D’autres férus de sports ont fait ressortir l’ambiguïté de certaines mesures les concernant. Dans son allocution dimanche dernier, le Premier ministre Pravind Jugnauth a annoncé que les activités physiques individuelles en plein air (jogging, marche) seront autorisées, alors que les sports collectifs sont interdits. Et quid de certaines activités qui peuvent se pratiquer seul ou à deux comme le tennis et le golf? La balle est désormais dans le camp du gouvernement pour faire la lumière sur les zones d’ombre et les incohérences qui entourent ces mesures.

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