La rentrée politique 2018 : Les manœuvres en coulisses ont déjà démarré

Ce n’est pas parce que c’est encore la trêve du début d’année et que l’heure de la rentrée générale de 2018 n’a pas encore sonné que les manœuvres politiques n’ont pas déjà démarré en coulisses. C’est du côté du PMSD, le parti d’opposition qui a été le plus laminé lors de la partielle de Belle Rose/Quatre Bornes, que des développements sont donnés comme les plus imminents, tandis qu’au sein des autres formations politiques, les tractations pour débuter l’année sous de bons auspices sont déjà enclenchées.

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C’est du côté du PMSD que les états d’âme sont les plus lisibles et visibles. La défaite du 17 décembre 2018, avec en plus même pas de caution récupérée pour Dhanesh Maraye dans la circonscription même du leader du parti, Xavier Duval, présenté comme le prochain Premier ministre lors de la campagne, n’a pas encore été digérée.

Ceux qui étaient hésitants lors de la séparation du 19 décembre 2016 envisageraient autrement leur avenir politique qu’au sein de la basse-cour bleue. Ils ne sont pas loin de regretter de ne pas avoir emboîté le pas à leurs collègues Alain Wong et Marie Claire Monty, qui avaient choisi de rester avec le MSM lorsque le PMSD a quitté le gouvernement.

Deux des membres du frontbench parlementaire du PMSD seraient sur le point de prendre congé de la famille bleue et rallier les travées de la majorité gouvernementale, question d’être dans un wagon qui, de leur point de vue, comptera lors des prochaines grandes échéances électorales. Conscients de ces possibles défections qui réduiraient les effectifs du PMSD de 9 à 7 à l’Assemblée nationale, soit le même nombre que le MMM, certains à la direction sont d’avis qu’en l’état actuel des choses le scénario de janvier 1995 pourrait être envisagé.

Après l’aller simple,le retour en double

Ils considèrent en effet qu’un retour au sein du gouvernement serait une bonne option dans la conjoncture plutôt que de perdre le poste de leader de l’opposition et être marginalisé tant au Parlement que sur le terrain. Même s’ils ne pensent pas obtenir de nombreux porte-feuilles, ils pensent pouvoir caser le leader lui-même et Aurore Perraud, tout en réclamant une feuille de route précise à exécuter d’ici aux élections générales, comme ce fut le cas en janvier 1995.

Après la cuisante défaite de l’alliance MSM-RMM en janvier 1995 aux partielles de Rose Hill/Stanley qui virent une écrasante victoire du tandem Paul Bérenger-James Burty David contre celui composé de Jean Claude de l’Estrac-Shirin Aumeruddy-Cziffra, sir Gaëtan Duval emmena son fils Xavier   à la rencontre du Premier ministre d’alors, sir Anerood Jugnauth, à la Clarisse House pour conclure une alliance.

Entre autres conditions posées alors par SGD, l’abolition de la peine de mort et la nomination de sir Maurice Rault au poste d’Attorney General. Ceux qui sont pour ce scénario souhaitent que les choses aillent vite et que le gouvernement vienne, comme l’a annoncé le Premier ministre lui-même, avec une nouvelle road map pour les deux ans qui restent avant d’affronter l’électorat.

Après l’aller simple de décembre 2016, ce serait un retour en double et ce serait la reconstitution de Lekip Lepep. Tandis que d’autres, tout en étant en faveur de ce scénario, préfèrent attendre la décision du Privy Council dans l’affaire MedPoint.

Minimiser la victoire        du PTr

Le MSM, principale formation du gouvernement, grand absent de la partielle et timide lors des agitations politiques de fin d’année 2017, a décidé en cette année 2018 d’attaquer et de faire feu de tout bois, d’abord pour minimiser la victoire d’Arvin Boolell au N°18, mais aussi pour contrecarrer toute tentative de voir s’installer durablement la perception que les travaillistes sont “de retour”.

Le ton adopté par le porte-parole du gouvernement, Étienne Sinatambou, flanqué pour la circonstance de ses seuls collègues du MSM Mahen Jhugroo et Roubina Jadoo-Jaunbocus, et sans la présence d’aucun représentant du Muvman Liberater, ne laisse aucun doute quant à la stratégie du MSM, qui est est de réduire le scrutin du N°18 à sa plus simple expression. La cible reste le PTr, tandis que les autres partis de l’opposition sont pour le moment ménagés.

Le MMM, fortement secoué par sa deuxième place à la partielle loin derrière le vainqueur Arvin Boolell, est en pleine analyse en interne de ces résultats très décevants. Si certains pensent que des crocs en jambe faits à la candidate Nita Juddoo par des barons locaux ont aggravé son déficit de notoriété, d’autres, assez nombreux, sont d’avis qu’au vu de la succession de défaites enregistrées ces 12 dernières années, l’heure est venue de tirer enfin les vraies leçons qui s’imposent et de passer vraiment à une transformation radicale de la manière dont le MMM fait aujourd’hui de la politique.

Ces derniers plaident ainsi pour un retour aux fondamentaux et que le MMM renoue avec ce qui avait autrefois fait sa force, une interaction avec sa base historique, une vraie intelligence collective et un parti des idées, et non juste une formation comme une autre qui ne se contente de réagir à l’actualité et aux événements. Proposer comme avant 1982. Être en phase avec les attentes du jour de la population. Voilà le programme des réformateurs qui sont aussi de ceux qui pensent que des ponts peuvent être construits avec d’autres formations plus à gauche que le MMM.

« Trop de démocratie tue la démocratie »

Reste que l’on ne sait pas encore quelle orientation va l’emporter. Déjà, le débat est engagé sur la nécessité ou non de tenir des élections en interne, comme suggéré par Paul Bérenger. « Trop de démocratie tue la démocratie », arguent ceux qui ont été témoins des lendemains douloureux d’élections internes. Plus traumatisantes que les défaites électorales, soutiennent-ils.

Entre le « monstre à trois têtes » qui avait fait reculer Jean-Claude de l’Estrac dans la hiérarchie des élus nationaux au Comité central en 1993 et la 23e place d’Alan Ganoo après les élections au MMM en 2015 qui avaient débouché sur le départ de plusieurs cadors, les militants sont extrêmement frileux quant aux conséquences que peut avoir un scrutin en interne. Le Bureau politique qui se tient demain devrait permettre d’ouvrir la discussion sur ce sujet. Les débats s’annoncent intenses.

Au PTr, si la victoire d’Arvin Boolell avait pu donner à penser qu’il se positionnerait très vite comme le challenger de Navin Ramgoolam pour prendre les rênes du parti, le principal concerné lui-même a dû tempérer ses propres ardeurs et celles de ses soutiens. Le message de fin d’année « très premier ministériel » de Navin Ramgoolam réaffirmant en quelque sorte « mwa ki leader, mwa ki décidé » ayant refroidi les plus téméraires.

Arvin Boolell pas pressé

Le nouvel élu du N°18 n’est apparemment pas pressé ni pour sauter sur leadership du PTr ni sur celui de l’opposition, le nombre d’élus rouges au Parlement n’étant que de cinq, lui-même, Shakeel Mohamed, Ritesh Ramful, Osman Mahomed et Ezra Jhuboo. Il lui faudrait plus que le soutien d’Alan Ganoo, de Jean-Claude Barbier et de Kavi Ramano pour arriver au nombre de huit, soit un député de plus que le MMM et un de moins que le PMSD dans sa configuration actuelle, pour pouvoir prétendre au poste constitutionnel de leader de l’opposition.

Si Alan Ganoo se voit bien arrimer à la barque rouge et qu’il espère obtenir des investitures pour lui-même et sa mascotte Tania Diolle au N°14 aux côtés d’Ezra Jhuboo, du côté de Kavi Ramano, c’est plus compliqué dans la mesure où celui qui, de la mouvance militante, est le mieux installé au N°18, ne se voit pas céder sa place à un retour de Rama Sithanen dans sa circonscription d’origine après avoir tâté, sans succès, le N°8 en 1995 et le N°13 en 2014.

Avec tout ce qui se trame en coulisses, ils sont nombreux à parier qu’il ne faudra pas attendre la rentrée parlementaire du 27 mars 2018 pour voir les premiers chambardements politiques. Avec les attendus des procès de Pravind Jugnauth et de Navin Ramgoolam, avec les échéances qui se rapprochent, qui pourrait leur donner tort ?

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