Lakaz d’Akey : « Redessiner un sourire sur les lèvres des démunis »

Rue Colonel Maingard, à Beau-Bassin, non loin de l’école des aveugles, se trouve un magasin, Lakaz d’Akey, entreprise à but non lucratif pour soutenir la communauté de Barkly. Elle est gérée par Mélanie Merle Brunet et Rosemay Armand.

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Ce n’est pas le grand luxe, mais les vêtements, chaussures, bijoux, sacs, livres donnés sous forme de dons par des particuliers et revendus à bas prix, aident considérablement des familles dans le besoin. Lancée le 1er septembre dernier, cette boutique aux allures de caverne d’Ali Baba, vu l’entassement de divers produits, est une manne inespérée pour redessiner un sourire sur bien des visages.

Rosemay Armand invite les Mauriciens à faire des dons à Lakaz d’Akey pour aider ceux dans le besoin

La pandémie a changé le regard sur le monde et ses attentes. Aujourd’hui, chaque action aussi petite soit-elle et qui peut aider est la bienvenue. C’est précisément le cas de Lakaz d’Akey, une boutique qui doit son charme à la présence de Mélanie Merle-Brunet et Rosemay Armand, chargées d’accueillir les dons et de les revendre à petit prix. Rosemay Armand parle aussi de partage de cœur. Ainsi, une petite fille a pu s’acheter une robe, un sac et un autre vêtement pour sa sœur pour Rs 15 seulement. « On ne fait pas de l’assistanat mais on est à l’écoute des problèmes et des attentes de chaque personne. On leur fait comprendre que même en étant “mizer”, il y a de la valeur et que chaque sou dépensé a une valeur symbolique car tout n’est pas offert en cadeau dans la vie », dira Mélanie Merle Brunet.

Les deux amies respirent la joie de vivre et montrent une autre pièce de la boutique où s’entassent pêle-mêle matelas, lits. Selon Mélanie Merle-Brunet et Rosemay Armand, une dame a pu s’acheter pendant le week-end un lit, une armoire et un matelas à moindre coût que dans un magasin de luxe. Le concept semble simple en apparence mais pour Rosemay, il faut avant tout des gens qui coopèrent. « On demande aux gens de donner tout ce qu’ils trouvent d’encombrant dans leur maison mais tout en maintenant l’hygiène, car ce sont des choses qui seront revendues à petit prix pour une personne en pleine nécessité. »
Dans une des boîtes en carton trônent des livres d’histoire, un Robert, un Larousse, un autre pour apprendre l’espagnol : le plaisir de s’instruire, une autre manière agréable de s’éduquer à moindre coût. Tout ce déballage de vêtements, de chaussures, de livres, d’empreintes colorées au cœur Lakaz d’Akey plaît au visiteur. La spontanéité et la bienveillance des gérantes font le reste. « On est fières de venir en aide à ces familles en difficulté et de les aider à travers des articles de seconde main », note sur un ton enchanté Rosemay Armand.

À l’écoute des besoins des autres

Cet engouement pour la vente, Mélanie Merle-Brunet et Rosemay Armand l’ont développé à travers l’Ong Sud Solidarité, Unité et Développement pendant sept ans. Un an et demi après que l’Ong a fermé ses portes, les deux amies qui entre-temps ont trouvé du travail ailleurs ont pu unir leurs forces pour faire marcher Lakaz d’Akey.

Et avec l’obtention de leur “Business Registration Number” et le soutien de leurs mentors, Jean-Paul Honoré, Jacques Requin, Linda Bonne, Malcolm Madelon et Marielle Requin, leurs efforts se sont révélés payants. Rosemay Armand insiste : « Nu pa kapav fonksionn san donater et nu rekonesan anver zot. » Mélanie Merle-Brunet, qui est une jeune mère, trouve que cet emploi a changé sa vie. « J’ai bénéficié d’une solide formation d’encadrement et de leadership dans le social et beaucoup appris sur la “good governance”.

Mélanie Merle-Brunet se dit fière d’oeuvrer à Lakaz d’Akey, qui apporte un plus dans la vie des habitants de Barkly

Lakaz d’Akay, c’est une aventure solidaire. On s’attend pour la Noël à renflouer notre stock et on invite les gens à partager leurs jouets de seconde main pour apporter de la joie et redessiner un sourire sur les lèvres d’un enfant et des plus vulnérables de la société. » Et Rosemay d’ajouter que tous les Mauriciens peuvent faire des dons et que les vêtements et autres objets doivent toutefois être livrés dans des conditions d’hygiène. « Si on a beaucoup de vêtements, on fera une brocante dans des endroits défavorisés de l’île. »

Marielle Requin, une des directrices du Centre de formation en Human Development Training & Services qui offre des ateliers Gordon Parents Efficace, trouve pour sa part que Lakaz d’Akey est une belle aubaine pour les personnes vulnérables. « Cela les amène à prendre conscience qu’il y a des gens qui ont pensé aux personnes défavorisées. À la maison d’accueil, le recyclage est devenu une solution indispensable pour aider des familles dans le besoin. Il y a eu un comité de mentors mis en place pour aider Rosemay et Mélanie dans leur mission qui repose sur l’intégrité et la bonne gouvernance. Ce comité est surtout prolongé par un travail d’accompagnement. L’idée est de leur permettre d’être autonomes, d’avoir un métier tout en menant à travers la boutique de solidarité un travail de proximité en étant à l’écoute des besoins des autres. Dans le relationnel, il y a le regard et la parole. Il s’agit aussi de faire découvrir à l’autre cette expérience humaine. »

Les entreprises de Maurice sont ainsi invitées à faire don de leurs vêtements et autres objets non utilisés pour une noble cause.

Lakaz d’Akey est une entreprise solaire qui apporte un plus dans la vie des habitants de la communauté de Barkly. Gageons que cette boutique fera des émules et deviendra un pionnier dans l’art de regrouper des femmes qui ont à cœur de placer l’autre avant elles.

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