Le Nigeria sous le choc après un « mardi sanglant » à Lagos

Le Nigeria s’est réveillé mercredi matin sous le choc au lendemain de l’attaque de manifestants pacifiques par des forces armées à Lagos qui a fait au moins 25 blessés et plusieurs morts.

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« Mardi noir », « mardi sanglant » affichaient les unes de plusieurs titres de presse nigérians et, sur les réseaux sociaux, les appels à la démission du président Muhammadu Buhari, portés notamment par la star de la musique nigériane Davido et ses millions d’abonnés, se multipliaient.

Plus de 1.000 manifestants rassemblés pacifiquement sur un péage à Lagos, capitale économique du Nigeria, ont été dispersés mardi soir par des tirs à balles réelles, après l’entrée en vigueur d’un couvre-feu total imposé pour éteindre le mouvement de contestation populaire qui gagne le pays depuis plus de 10 jours.

Des coups de feu ont été entendus aux alentours du péage tard dans la nuit et jusque mercredi matin par une journaliste de l’AFP, alors que les quartiers d’affaires des îles de Lagos étaient totalement vides, et tous les magasins fermés.

Plusieurs manifestants ont été tués mardi soir, a déclaré l’ONG Amnesty International mardi soir à l’AFP, qui cherchait encore « à déterminer leur nombre exact ».

25 blessés sont actuellement soignés dans trois hôpitaux de la ville, a affirmé le gouverneur de l’Etat de Lagos, Babajide Sanwo-Olu, précisant leur avoir rendu visite au matin.

« La responsabilité de cet incident malheureux m’incombe et et je vais travailler avec le gouvernement fédéral pour définir ce qu’il s’est passé », a-t-il tweeté mercredi affirmant que la répression a « échappé à +son+ contrôle ».

L’armée nigériane a démenti sur Twitter être à l’origine de cette fusillade, mais des vidéos largement diffusées sur les réseaux sociaux montrent des hommes en uniforme militaire en train tirer à balles réelles.

– Joe Biden et Rihanna –

Mardi, la police avait annoncé le déploiement immédiat dans tout le pays de son unité anti-émeute alors que les manifestations dans plusieurs villes avaient largement dégénéré. A Lekki, où les incidents ont eu lieu, les manifestations ont cependant toujours été pacifiques.

Mercredi matin, l’indignation gagnait la toile, bien au-delà des frontières du Nigeria.

Le candidat à la présidentielle américaine Joe Biden a appelé « le président Buhari et les militaires nigérians à cesser la violente répression des manifestants au Nigeria, qui a déjà fait plusieurs morts », dans un message écrit sur son site internet.

« Les Etats-Unis doivent se tenir aux côtés de Nigérians qui manifestent pacifiquement pour une réforme de la police et la fin de la corruption dans leur démocratie », a-t-il ajouté.

« Je ne supporte pas voir la torture et la brutalité qui continuent d’affecter nos nations », a écrit la super star américaine Rihanna sur Twitter. « Mon coeur est brisé pour le Nigeria (…) je suis si fière de votre force et pour ne pas laissez tomber votre combat pour ce qui est juste », a ajouté la chanteuse, à ses près de 100 millions abonnés.

Cette mobilisation inédite au Nigeria est née début octobre sur les réseaux sociaux pour dénoncer les violences policières et s’est peu à peu muée en un mouvement contre le pouvoir en place et la mauvaise gouvernance.

Au moins 18 personnes, dont deux policiers, sont mortes dans ces marches, depuis le début du mouvement.

bur-cma/spb/jhd

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