Le recyclage artistique : acte spirituel d’amour et de partage

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À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des  femmes, Marie Natacha Boodhoo témoigne du cheminement intérieur, qui a mené au projet collectif Résilience. Parmi les messages de l’artiste : l’expression artistique, quelle que soit sa forme, permet de dépasser le statut de victime, qu’importe l’âge, le genre de la victime et le type de violence subie. L’art étant à la fois un cri et une force douce.

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L’année 2024 est à marquer au fer rouge dans ma mémoire. C’est à ce moment-là qu’est né le projet Résilience, une œuvre artistique et humaine, qui s’est avant tout imposée comme une évidence.

Résilience a vu le jour parce qu’un jour, j’ai décidé de ne plus me taire. J’ai compris que l’art pouvait être une arme pacifique, une voix pour celles et ceux qu’on a voulu faire taire. J’ai voulu mettre en lumière la violence envers les femmes, mais aussi toutes les formes de violences : physiques, psychologiques, morales, sociales. Ces violences qui rongent en silence, qui détruisent les âmes avant de marquer les corps (perte de mémoire, hypervigilance…). Ces violences, qui se cachent derrière des sourires forcés, derrière des mots polis, derrière des murs épais, derrière des tabous.

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Ce projet, c’est plus qu’un clip artistique, c’est une histoire, une délivrance, un cri, une renaissance. C’est le reflet de la fée du recyclage, qui habite en moi, qui a choisi de transformer sa douleur en lumière, ses blessures en couleurs, et ses cicatrices en un langage universel : celui de l’art.

Je suis une artiste du recyclage. Mes tableaux naissent de ce que le monde rejette ; les déchets, le plastique, le verre, les morceaux d’objets que l’on évacue sans plus y penser. Ces fragments de matière, je les assemble, je les transforme, je leur donne une seconde vie. Comme moi, ils renaissent de leurs ruines. Ils portent les traces du passé, mais aussi la promesse d’un renouveau. Le recyclage, dans mon travail, n’est pas seulement un acte écologique : c’est un acte spirituel et un acte d’amour.

J’ai moi-même connu ces violences. À vingt ans, j’ai subi une violente agression, une agression qui a marqué à jamais la jeune fille que j’étais. Puis d’autres formes de violence sont venues se greffer à cette blessure première : des violences morales et émotionnelles. Pendant longtemps, j’ai porté tout cela en moi comme un poids, un secret qui ne m’appartenait pas mais que je portais tout de même. Jusqu’au jour où j’ai compris que le silence tue plus que la douleur elle-même.

Dans le clip, mes tableaux sont présents. Ils sont les témoins silencieux de mon parcours et de celles qui ont participé au clip. Faits de matériaux recyclés, ils incarnent l’idée même de transformation. Chaque morceau cassé devient une pièce d’un tout plus grand, plus fort. Chaque déchet devient symbole de beauté retrouvée. Et dans ce geste de création, il y a toute la symbolique de la résilience : reprendre ce qui a été brisé et en faire une œuvre.

Mais “Résilience” ne parle pas que de moi. Il parle du parcours de 6 autres femmes, 6 guerrières, qui ont accepté de partager leurs histoires avec le monde à visage découvert.

Mais aussi de toutes ces femmes, de ces hommes, de ces enfants qui, chaque jour, se battent pour se reconstruire après une blessure. Il parle de ce monde qui a besoin d’apprendre à écouter, à comprendre, à tendre la main. Il parle de ces voix que l’on n’entend pas, de ces vies qu’on oublie, de ces silences qu’il faut briser. Il ne s’agit pas seulement d’un projet artistique : c’est un acte de courage collectif. Transmettre un message d’espoir. Oui, la douleur existe. Oui, elle détruit. Mais elle peut aussi devenir une source de création. Ce que nous avons vécu ne nous définit pas : c’est plutôt la manière dont nous choisissons d’y répondre, qui nous construit. Et dans cette réponse, il peut y avoir de la beauté, de la lumière et de l’amour. Comme l’or inséré dans les fragments brisés des poteries japonaises. Kintsugi.

Aujourd’hui, je vous invite à accomplir ce voyage avec nous ; aidez-nous à faire de ce projet une réussite pour pouvoir continuer à apporter un concours à d’autres personnes pour qu’elles découvrent d’autres histoires. Votre soutien est important pour que l’art puisse vivre et faire vivre les artistes mauriciens. L’art ouvre un espace de dialogue, de partage et de guérison. À chaque fois que quelqu’un me dit: “Ton œuvre m’a touché”, je sens que quelque chose d’important se passe. Que ce projet dépasse ma propre histoire, qu’il devient un miroir pour d’autres.

Je ne cherche pas la gloire, ni la reconnaissance. Je cherche la vérité. Celle qui se cache dans nos douleurs, dans nos silences et si à travers mon art, une seule personne trouve le courage de parler, de créer, ou simplement de croire à nouveau en elle-même, alors tout ce parcours aura eu un sens. C’est un rappel que l’humain est capable de se relever, de transformer, d’aimer à nouveau. Nous sommes tous des œuvres en reconstruction.

Contribuer à la cagnotte en ligne Résilience, sur la plateforme de financement participatif www.Small Step Matters.org, c’est apporter votre pierre à cet édifice artistique. L’art visuel, la musique et l’écriture d’un livre, pour changer la société mauricienne et le monde, vous y croyez ? Rendez-vous ici pour davantage de détails et en vue de votre soutien à la lutte contre les violences sous toutes ces formes ici : https://www.smallstepmatters.org/projets/resilience-sensibiliser-sur-la-violence-envers-les-femmes/

Marie Natacha Boodhoo

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