Le temps retrouvé : le 30 juillet 1978, succès d’affluence au meeting du MMM à Plaine-Verte

  • Le MMM prêt à donner « un coup d’épaule » si le POA et l’IRA sont mis au frigo

Le Mouvement Militant Mauricien (MMM) poursuit, de manière intensive, sa campagne contre la Public Order Act et contre l’Industrials Relations Act, « deux lois répressives et antidémocratiques », et continue à dénoncer le pouvoir, qui essaie de jeter le trouble dans l’opinion publique en portant des accusations « gratuites » contre le MMM, dans une tentative de faire oublier les vrais problèmes du pays.

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Paul Bérenger, secrétaire
général du MMM, pour une
augmentation de salaires des
travailleurs du pays

Au cours d’un meeting qui a attiré des milliers de personnes, hier, à Plaine-Verte, région considérée comme un bastion du MMM, les dirigeants du parti n’ont pas ménagé leurs critiques contre le régime et ont annoncé l’ouverture d’un combat qui sera livré sur deux fronts, conjointement par le MMM et la General Workers Federation.

D’abord, pour obtenir l’abrogation de la Public Order Act et l’IRA, ensuite, pour qu’une compensation salariale additionnelle conforme à la hausse du coût de la vie soit obtenue pour tous les travailleurs du pays. L’évolution politique est un sujet qui préoccupe le MMM.
À cet égard, le parti suivra avec intérêt ce que le Premier ministre fera dans les semaines et les mois à venir après avoir désavoué la Public Order Act. Les dirigeants du parti ont parlé des pressions qui sont actuellement exercées sur le chef du gouvernement pour qu’il adopte une attitude « ferme » contre le MMM.

En d’autres mots, un renforcement de la répression. Ils se sont enfin déclarés disposés à collaborer avec le pouvoir, même « donner un coup d’épaule » si les deux lois sont mises eu frigo, tout en rejetant l’idée d’un gouvernement nationale.

Cassam Uteem, le député de la région

Ont pris successivement la parole, au meeting d’hier après-midi, qui était placé sous la présidence du président du MMM, Aneerod Jugnauth, MM. Cassam Uteem, Sylvio Michel, Jack Bizlall, Jean-Claude Bibi, Khader Bhayat et Paul Bérenger.

En termes sévères, la Public Order Act et l’Industriel Relations Act, deux lois « bâillons », ont été dénoncées. Paul Bérenger pense que de par l’existence de ces deux lois, la première rendant pratiquement toute grève illégale, les dirigeants du pays ne peuvent parler de « respect de la démocratie », dans le pays.

L’heure est grave, a dit Paul Bérenger. Dans les semaines et les mois à venir, on sera en mesure de savoir comment évoluera la situation politique dans le pays. Le Premier ministre a déclaré à une délégation des travailleurs du port, vendredi dernier, que la POA n’est pas une bonne loi. Mais le PMSD continue une campagne systématique à travers son organe de presse pour que le régime prenne la voie de la répression.

La même pression est exercée sur sir Seewoosagur Ramgoolam, par certains hommes politiques, nommément le ministre des Finances, sir Veerasamy Ringadoo, le ministre du Travail, Yousouf Mohamed, et le ministre des Affaires étrangères, sir Harold Walter.
Le Cernéen, journal des capitalistes, en fait de même. Dans les semaines et les mois à venir, on sera en mesure de savoir si le chef du gouvernement cédera à ces pressions ou s’il va permettre effectivement à l’Assemblée législative de réviser cette loi, a dit le secrétaire général du MMM.

a lutte prioritaire du MMM est aujourd’hui, comme en 1969, la lutte pour la liberté. Il est souhaitable que, dans un proche avenir, les lois-bâillon soient mises au frigo. C’est à cette condition seulement qu’il sera possible, a dit Paul Bérenger, de s’attaquer aux vrais problèmes du pays : la crise économique, la crise du transport, la fourniture d’eau, le scandale dans nos hôpitaux, le démantèlement de notre territoire par les forces étrangères.

Tous ces palabres qui sont véhiculés actuellement ne visent qu’à faire oublier les problèmes de l’heure. Le gouvernement s’est, d’autre part, enfoncé dans la corruption et se livre à des gaspillages. Des accusations gratuites sont dirigées contre le MMM : le parti est accusé d’être associé avec l’Union soviétique.

« Mais nous nous réservons le droit de critiquer l’Union soviétique lorsqu’il y a lieu de le faire », a déclaré Paul Bérenger. Le MMM est aussi présenté comme étant en faveur du parti unique. Ce sont les hommes de la majorité qui en ont fait l’apologie dans le passé.
Paul Bérenger s’est aussi attaqué à sir Seewoosagur Ramgoolam. Quel crédit accorder aux paroles du Premier ministre ? s’est-il demandé. Il a rappelé l’accusation portée par le Premier ministre au Parlement contre le MMM, selon laquelle ce parti envoyait des militants à Cuba et à Madagascar pour y être entrainés.

Il y a encore cette déclaration de sir Seewoosagur faite, deux jours avant le scrutin à Vacoas-Phoenix, qui voulait que le MMM fomenterait des troubles pour empêcher les partisans du Parti de l’Alliance de se rendre aux urnes. « C’est une bassesse et un crime qu’une personne de 78 ans n’a pas hésité de faire », a-t-il dit.

Sylvio Michel, lors de son intervention à Plaine-Verte

La victoire du MMM à ces élections représente une gifle de l’électorat de la circonscription au Premier ministre. Le but du Pouvoir, a-t-il ajouté, est de jeter le trouble dans l’esprit du public afin de faire oublier à la population les vrais problèmes du pays.

Au sujet de l’invitation au MMM de se joindre au gouvernement d’unité nationale, le secrétaire général et les autres dirigeants du MMM ont répondu une fois encore, hier, par un « non catégorique ».

Le MMM ne fera jamais partie d’un tel gouvernement. Mais si le Premier ministre décide de ne pas appliquer le POA et l’IRA, le MMM est prêt à donner un coup de main, « ène cout zépaul », tout en restant dans l’ppposition, pour aider à résoudre les problèmes du pays.
Paul Bérenger a annoncé, à la fin de son exposé, que le MMM s’est fixé pour objectif prioritaire d’obtenir l’abrogation du POA et de l’IRA et lutter pour obtenir une augmentation des salaires supérieure à 7.5 % à tous les travailleurs du pays.

Il a aussi formé le voeu que le Premier ministre s’en tienne à sa parole en ce qui concerne la révision du POA.

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