Les Dunien Zil et leur tour de Maurice en 26 jours

Le tour de l’île en 26 jours et à pied, qui plus est. L’on se croirait dans le roman de Jules Verne et pourtant les Dunien Zil est une famille de quatre aventuriers 100% made in Mauritius qui a décidé de relever ce défi. Très engagés dans la lutte contre le cancer, les Dunien Zil veulent ainsi sensibiliser davantage de Mauriciens sur cette maladie qui tue par milliers, aider à récolter des fonds pour l’ONG Link To Life et surtout partager un peu de leur joie de vivre en ces temps moroses. Rencontre.

- Publicité -

Si vous connaissez l’intrépide Antoine de Maximy et son documentaire J’irai dormir chez vous, vous allez sans doute adorer Les Dunien Zil. Ce lundi commence ainsi la grande aventure pour cette famille tamarinoise qui compte parcourir avec le strict minimum près de 330 km en 26 jours seulement, sauf imprévu. Si durant la journée ils ont prévu de marcher au rythme des enfants, évidemment, et de découvrir les sites inexplorés de l’île, le soir ils iront dormir chez vous. En effet, ils ont décidé de pousser l’expérience encore plus loin et de « vivre chez l’habitant ».

« Je suis impatiente, je sens que l’on vivra des choses magnifiques », nous lance Amélie D’Unienville. À côté, son époux, Laurent, esquisse un léger sourire. Si l’une est un tantinet « bohème », l’autre est un grand « bohème organisé ». Il faut dire qu’ils font bien la paire. Nous les avons rencontrés dans un café à Bagatelle. Trépignant d’impatience, ils nous partagent des préparatifs pour le grand départ, demain, de leur résidence à Tamarin. Toutefois, derrière ces grands sourires se cache une tout autre histoire. Une histoire qui est devenue le moteur des Dunien Zil.

« C’est en 2015 que l’on a appris pour le cancer de mon mari », nous confie Amélie d’Unienville. « Nos enfants étaient encore petits et l’on ne savait pas quoi faire, à qui parler, vers qui nous tourner », dit-elle. Une situation qu’elle ne souhaite à personne. « C’est pour cela que nous avons été touchés par ce que fait l’ONG Link To Life, car elle accompagne depuis des années des gens souffrant du cancer ainsi que leur famille. Laurent est en rémission, mais pas question de relâcher le combat », soutient Amélie, « car il est important que l’on puisse permettre à tous d’avoir accès aux informations, d’être dépistés, accompagnés psychologiquement et financièrement, voire soignés. C’est une cause qui nous tient à cœur. »

« C’est célébrer la vie »

Un combat que les enfants aussi tiennent beaucoup à cœur. Amélie et Laurent nous apprennent ainsi que leurs deux fils Victor (bientôt 8 ans) et Raphaël (10 ans) sont plus que motivés. « Il est vrai que l’on associe le cancer à la mort, mais c’est aussi bien plus que ça. C’est aussi vivre sa vie à fond et profiter de chaque instant. C’est célébrer la vie. Je ne pense pas qu’ils ont bien compris ce qui se passait en 2015 quand on m’a annoncé mon cancer, mais maintenant ils s’informent et comprennent mieux », raconte Laurent D’Unienville. « Ils s’entraînent tous les jours pour cette aventure et ils sont aussi déjà très sportifs. Ils sont à fond », soutient Amélie d’Unienville.

La marche se fera ainsi au rythme des enfants avant tout. « Compte tenu du jeune âge de nos enfants, l’idée est de faire 10 à 15 kilomètres par jour, soit trois à quatre heures de marche tous les matins. Nous n’oublions pas que c’est la rentrée des classes, ainsi, tous les après-midis seront consacrés au home-schooling grâce au Centre national d’enseignement à distance. » Amélie sera donc l’institutrice. Une aubaine pour ces jeunes parents pour profiter de leurs enfants pendant qu’ils sont encore petits. « L’objectif est de démarrer à 7h et ensuite on marchera jusqu’à midi à peu près. On marchera pendant une heure et on fera une pause de 30 minutes à chaque fois. L’après-midi sera consacré aux cours », explique Laurent d’Unienville.

En effet, tout a été planifié à la minute près, car une aventure de cette envergure, cela s’organise. D’ailleurs, les Dunien Zil s’y connaissent déjà un peu en globe-trotting, backpacking et autre, car depuis quelque temps, la petite famille très présente sur les réseaux sociaux partage ses aventures à l’étranger, notamment au Népal. « Nous aimons ce genre d’aventures et de rencontres. Il n’y a rien de plus beau que de vivre ainsi, en toute simplicité. D’ailleurs, c’est après 2015 que tout a vraiment commencé. Je travaillais beaucoup et Amélie aussi. Nous avons, après mon cancer, décidé de tout plaquer et de vivre tout simplement. C’est aussi cette philosophie que nous souhaitons transmettre à nos enfants », dit Laurent d’Unienville. « Ma vie, c’est ma famille et mes enfants. C’est tout. »

« Demain c’est peut-être nous »

C’est aussi pour cela que les Dunien Zil ont souhaité vivre chez l’habitant. « Nous avions des doutes au départ en lançant le projet, mais grande fut notre surprise en recevant les invitations de Mauriciens de toutes les communautés, couches sociales et de tout âge. C’est formidable », dit Amélie d’Unienville. « Ils ont été touchés par le combat. Il est vrai que la période post-Covid est peu propice à des surplus de finances, mais nous croyons que l’union fait la force et qu’une avalanche de petites sommes peut engendrer une belle grosse somme. Oui, tout le monde peut participer, même un tout petit peu, car au final nous sommes tous concernés. Aujourd’hui c’est un voisin, mais demain c’est peut-être nous. Et Laurent et moi sommes très bien placés pour en témoigner. La Covid-19 fait beaucoup parler d’elle, mais elle n’a pas permis que le cancer fasse une pause. N’oublions pas cette importante cause et venons en aide à ces malades qui ont besoin de soins et de soutien. »

Demain commencera ainsi la grande marche « sur les pas de Bernardin de Saint-Pierre. » Grand sportif et passionné d’Histoire, Laurent d’Unienville nous explique ainsi que l’auteur de Paul et Virginie serait un des seuls à avoir fait ce parcours d’une seule traite et en si peu de temps. Cette aventure sera aussi l’occasion de montrer la face cachée de l’île au monde. « Nous irons à la découverte de lieux inexplorés et à la rencontre des habitants. » 

Pour faire un don et participer à lutter contre le cancer avec les Dunien Zil, rendez-vous sur www.crowdfund.mu.

Comment ça se prépare un tour de l’île ?

C’est le « bohème organisé » qui se chargera de porter le plus gros sac. Laurent D’Unienville portera ainsi le sac le plus lourd avec les affaires des enfants et les couverts, entre autres. « C’est surtout parce que je suis la moins sportive et c’est pour que je ne sois pas trop le boulet que ne porterai pas de sacs trop lourds », confie Amélie en un éclat de rires. Ainsi, le sac a été pensé et repensé pour être le moins lourd et encombrant possible. « Nous sommes très minimalistes. Ce qui nous montre que nous n’avons finalement pas besoin de beaucoup de choses pour vivre et être heureux », nous dit-elle. Outre le sac, il y a aussi les chaussures. « Nous allons alterner entre chaussures de sport et savates », explique Laurent D’Unienville. « Car nous allons beaucoup marcher sur le sable et avec des chaussures de sport, ce n’est pas évident, car on s’enfonce. » Pour ce qui est de l’alimentation, les Dunien Zil comptent bien se régaler dans leurs « ti baz manzé » en cours de route. « Nous démarrons à 7h et ensuite les enfants mangent quelque chose à 10h, puis vers midi nous déjeunerons là où nous nous serons arrêtés. Je connais déjà les bon ti baz. Puis le soir, nous dinerons chez l’habitant. » Ils démarreront aussi avec une bouteille de 5 litres d’eau.

Dunien Zil qui ?

« On utilise tellement “Dunien Zil” qu’un de mes fils l’utilise pour se présenter et on a dû lui rappeler que non, il s’appelle D’Unienville », lance Laurent D’Unienville. Amélie (33 ans), Laurent (40 ans), Victor (bientôt 8 ans), Raphaël (10 ans) D’Unienville sont les Dunien Zil. Globe-trotteurs, back-packers et grands amoureux de leur île, ils sont très actifs sur les réseaux sociaux. Fondateur de la société de vélo électrique Electro Bike rebaptisée Explore Nou Zil, il y a deux ans, le couple D’Unienville propose des visites guidées de l’île « de manière écologique, hors des sentiers battus et proche de la population locale. »

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -