Les rastas revendiquent leurs « droits historiques »

Les rastas devront évacuer le Triangle de Chamarel d’ici fin mai. Ainsi en a décidé le Puisne Judge David Chan Kan Cheong la semaine dernière dans l’affaire qui opposait ces derniers à la société Case Noyale Ltée. Mais l’Association socioculturelle rastafari (ASCR) fera appel de ce jugement. Elle maintient avoir un « droit historique » sur ce terrain, qui appartenait, selon elle, à leurs ancêtres.

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Ils ont perdu une bataille légale mais ne comptent pas baisser les bras pour autant. « Historiquement, Chamarel était la terre des esclaves marrons. On ne peut aujourd’hui venir nous chasser de là. Comme tous les citoyens de ce pays, nous avons droit à notre lieu de culte. Le Triangle de Chamarel a toujours été utilisé pour cela. » José Rose, le porte-parole de l’ASCR, donne le ton : pas question de céder sur l’endroit qui abrite le Nyabinghi Tabernacle. « Pendant la période de l’esclavage, Chamarel était un endroit inac- cessible. C’est pour cela que les esclaves marrons venaient y trouver refuge. Aujourd’hui, les descendants de colons ont tous les droits dans Chamarel alors que nous, descendants d’esclaves, n’y en avons aucun », déplore-t-il.

Parlant des droits légaux sur le Triangle de Chamarel, José Rose fait remarquer que même si les ancêtres occupaient cet espace, ils n’ont aucun titre de propriété. « Sous l’esclavage, ils ne pouvaient même pas posséder une cuillère. Alors comment voulez- vous qu’ils possèdent des terres ? Mais l’histoire orale est une histoire qui a de la valeur. Les descendants des colons possèdent aujourd’hui trois quarts des terrains à Chamarel tandis que les descendants d’esclaves marrons sont contraints de quitter le lieu de marronnage. »
Il estime également qu’il « est temps de reconnaître la contribution des esclaves » à
juste titre. « Les descendants des colons doivent reconnaître qu’ils sont aujourd’hui devenus des capitalistes grâce au sang versé par les esclaves. L’heure du dédommagement et de la reconnaissance est venue. » Il dit également envoyer un signal fort au gouvernement dans cette affaire : « Si aucun compromis n’est trouvé, tous les descendants d’esclaves seront dans la rue. »

Même si le tabernacle a été construit dans les années 2000, ajoute encore José Rose, « le triangle est un lieu historique qu’il faut protéger puisque nos ancêtres ont tou- jours prié ici ». Il rappelle également que, par le passé, l’ASCR était montée au créneau quand une société de téléphonie mobile voulait y ériger une antenne relais. « Finalement, nous avons trouvé un compromis. La compagnie a accepté de mettre son antenne plus loin. Nous espérons que Case Noyale Ltée fera aussi preuve de compréhension. »

José Rose affirme que l’association a déjà réuni une équipe légale, dont un avocat spécialisé en droits humains, basé en Angleterre, pour la défendre dans cette affaire. Rap- pelons que ce litige entre Case Noyale Ltée, une entité de la compagnie sucrière de Bel- Ombre, et les rastas porte sur l’occupation d’un terrain au Triangle de Chamarel, où ces derniers ont érigé leur lieu de culte. L’ASCR avait également déposé devant la Commission Justice et Vérité à cet effet.

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