Lindsay Morvan, directeur général de la Mauritius Tourism Authority : « Un plan pour traquer les opérateurs illégaux dans l’industrie touristique »

Mettre en place un plan post-Covid-19 afin de traquer les opérateurs illégaux dans l’industrie touristique. C’est ce que compte entreprendre Lindsay Morvan, le nouveau directeur de la Mauritius Tourism Authority (MTA). Dans l’entretien qui suit, il souligne, qu’il y a un certain nombre opérant dans l’illégalité et qui postent des annonces parfois trompeuses sur des sites web ou encore sur AirBnb. Des mesures pour traquer ces opérateurs illégaux ont déjà été élaborées par la MTA, dont cet éventuel protocole d’accord avec AirBnb. Ces mesures attendaient d’être mises en œuvre avant même l’arrivée de la pandémie. Il souligne aussi que le Covid-19 a un impact sur la MTA. Pour ce qui est des permis d’opération, cette instance étudie actuellement les possibles mesures d’extension et moratoires pour éviter des pénalités sur les retards de paiement tout en prenant en compte leur impact sur les finances de l’institution, dit-il.

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Quel constat faites-vous depuis que vous avez pris les commandes de la Mauritius Tourism Authority ?

D’abord, je dois rappeler que presque deux semaines seulement après avoir pris mon poste, le pays est entré en confinement. Donc, avant même de pouvoir établir un réel constat de la situation je me suis retrouvé dans une situation de gestion de crise, comme tout le monde d’ailleurs ! Cependant, après avoir côtoyé ce secteur pendant un bon nombre d’années, incluant mon passage au Tourism Employees Welfare Fund, je dois admettre que tout cela m’a aidé à prendre la mesure de la situation. Et comme je l’avais déjà mentionné dans une déclaration publique durant mes premiers jours de fonction, le volet “sustainable development” est une de mes priorités car cela est en droite ligne avec l’objectif principal de MTA qui est “ to promote sustainable development of the tourism industry, foster and encourage the conduct of activities in the tourism industry in a responsible manner in order to preserve the integrity of the Mauritian destination.” Je dois aussi avouer que bien avant l’arrivée du COVID-19, l’insalubrité, le non-respect de l’environnement ainsi que l’indiscipline généralisée prévalant ne contribuaient pas du tout à la préservation de l’intégrité de la destination Maurice ! Certains estiment même que cette situation a contribué à la baisse d’intérêt des touristes pour la destination Maurice. D’autre part je considère qu’il y a aussi la nécessité d’instaurer un nouvel état d’esprit et une efficacité pouvant améliorer l’image de la Mauritius Tourism Authority.

Quel est l’impact du Covid-19 sur la MTA ?

L’impact du COVID-19 est planétaire et cela pas seulement sur la santé mais aussi sur la société, l’économie et l’environnement. Cette pandémie nous oblige à revoir complètement notre état d’esprit, nos relations personnelles et professionnelles, voire notre quotidien. Et la Mauritius Tourism Authority n’y est pas épargnée comme toutes les autres organisations locales ou internationales d’ailleurs. Bien sûr, le secteur du tourisme est celui le plus affecté à Maurice car il faut se rappeler qu’elle contribue à presque 25% de notre PIB. Cette situation affecte directement les opérateurs du secteur qui s’attendent à un assouplissement par la MTA sur les paiements des permis d’opération et autres obligations financières. Nous étudions actuellement les possibles mesures d’extension et moratoires pour éviter des pénalités sur les retards de paiement tout en prenant en compte leur impact sur les finances de l’institution. D’autre part, nous travaillons aussi sur les nouvelles réglementations sanitaires et environnementales post COVID-19 pour assurer aussi bien la santé des locaux et des touristes que la préservation de l’intégrité de la destination Maurice. Cette nouvelle situation nécessitera beaucoup d’efforts additionnels dans l’implémentation et le suivi.

Comment se porte l’entretien des sites touristiques ?

Actuellement la MTA s’occupe principalement de l’entretien de la Citadelle. Un plan d’action avec pour objectif l’identification des principaux sites touristiques et les travaux à y entreprendre a déjà été approuvé par le conseil d’administration au début de l’année. L’exercice d’identification des sites est en cours. La mise en œuvre du plan d’action se fera très prochainement.

Combien de contraventions ont été prises cette année ?

De juillet 2019 à février 2020, 63 opérateurs ont été verbalisés. Une trentaine pour opération illégale et une vingtaine pour non-respect des normes. Bien que des mesures seront prises en faveur des opérateurs pour atténuer l’impact du COVID-19 sur le secteur du tourisme, nous continuerons à sanctionner ceux qui ne respectent pas les règlements.

Les skippers et les plaisanciers respectent-ils les Dolphin and Whale Watching Regulations?

Bien que nager avec les dauphins soit autorisé, il est interdit de s’approcher à moins de 50 mètres des baleines. Si la majorité des opérateurs respectent les règlements, il y a quand même certains qui en font fi et mettent en danger aussi bien la vie de leurs clients que l’intégrité du secteur. Quelques jours avant le confinement nous avons convoqué les opérateurs au bureau du MTA pour une mise en garde et un rappel des conditions de leurs permis. Nous avons eu une discussion franche et il me semble que le message a été bien reçu. Cependant la vigilance sera toujours de mise de notre côté et comme l’avons prévenu, les contrevenants seront sévèrement sanctionnés. S’il faut suspendre des permis, nous le ferons.

Quelle est l’approche de la MTA par rapport au AirBnb?

Veenee Kowlessur, qui assurait la suppléance avant mon arrivée, avait déjà entamé les discussions relatives au AirBnb et les choses ont bien avancé jusqu’au moment du confinement. Il faut aussi préciser que Maurice est membre de la World Tourism Organisation dont AirBnb fait partie. Nous sommes confiants qu’après l’effet COVID-19 les nouvelles réglementations sur les résidences touristiques nous permettront de mieux contrôler la situation par rapport à non seulement AirBnb mais aussi aux autres sites de réservations qui sont, eux-aussi, majoritairement membres du WTO.

Le ministre du Tourisme souligne qu’il y a un gros retard dans l’octroi de permis par la MTA. Qu’en est-il de la situation ?

Je tiens à préciser qu’un travail colossal a été abattu en l’espace de quelques semaines par l’administration de la MTA entre mi-février (avant même mon arrivée) jusqu’à presque la veille du confinement. Plus de 100 demandes, qui étaient déjà passées par toutes les étapes nécessaires à leur approbation, ont été approuvées et les permis ont été octroyés selon les procédures.

Le dernier rapport de l’Audit a été très critique envers la gestion de la Citadelle ? Quelles sont les mesures préconisées ?

La gestion administrative de la Citadelle est assurée par Discover Mauritius sous la tutelle directe du ministère du Tourisme. La MTA n’assure que le nettoyage et l’entretien général du site.

Certains locataires à la Citadelle et au Batelage accusent du retard dans le paiement de la location. Quelles sont les mesures prises pour remédier à la situation ?

La Mauritius Tourism Authority n’est aucunement impliquée dans la gestion du Batelage.

Le secteur est touché sérieusement. Que préconise-t-on pour redresser la barre ?

Le secteur ne roule pas au ralenti : il est à l’arrêt ! C’est le cas dans la majeure partie du monde. Cela aussi longtemps que les frontières resteront fermées et la menace de la pandémie ne sera pas dissipée. Cependant nous nous attelons déjà à préparer l’après COVID-19 comme je l’ai déjà mentionné.

Certaines résidences destinées aux touristes ne répondent pas aux normes. Est-ce que vous allez y mettre bon ordre ?

Tout établissement accueillant des touristes et qui détient une licence émise par la Mauritius Tourism Authority a un cahier des charges à respecter. Nos officiers font des inspections régulières pour s’assurer que les normes soient respectées. En cas de non-respect, le contrevenant est non seulement sanctionné d’une amende mais sa licence peut aussi lui être retirée. Cependant il y aussi ceux qui opèrent dans l’illégalité et qui postent des annonces parfois trompeuses sur des sites web ou encore sur AirBnb. Des mesures pour traquer ces opérateurs illégaux ont déjà été travaillées par la TA dont cet éventuel protocole d’accord avec AirBnb. Ces mesures attendaient d’être mises en œuvre avant même l’arrivée de la pandémie. Elles feront définitivement partie du plan d’action post-COVID-19 qui sera mis en œuvre très bientôt.

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