L’entreprise d’Anne-Laure Catherine, Bonbon d’antan, qui a ouvert ses portes cette année se retrouve dans l’air du temps avec ses saveurs authentiques. Des bonbons dont des générations des années 60 à 80 se souviennent. Barbe à papa, marshmallows, ourson en caramel, gâteau coco, cannes Noël, autant de déclinaisons autour de la confiserie artisanale. Les arcades Currimjee de Curepipe qui abritent Bonbon d’antan sont un lieu où se mêlent souvenirs et douceurs.
On est happé par la couleur rose qui s’étale sur tout le mur comme une invitation à entrer dans l’antre de Charlie et la Chocolaterie. Sauf qu’ici, à l’enseigne Bonbon d’antan à Curepipe, l’ambiance du décor est imaginée par Anne-Laure Catherine. Cela fleure bon la douceur d’antan des confiseries logées dans de petits bocaux. Anne-Laure qui a hérité du savoir-faire de cet art de Margaret, sa mère, maîtrise aujourd’hui la fabrication de bonbons artisanaux.
Le travail est prenant entre la cuisson du sucre, l’ajout des arômes, le moulage, sans oublier toutes ces couleurs à profusion qui offrent au final un vrai tableau d’art abstrait. Il y a aussi ces parfums qui titillent les narines dont celui du pop-corn et d’autres bonbons au sucre d’orge, ou au caramel qui rappellent l’enfance. De la tradition à la gourmandise, il n’y a qu’un pas à franchir. Les enfants qui empruntent la ruelle menant vers la boutique de friandises d’Anne-Laure sont toujours sous l’émerveillement. La boutique, bien qu’étroite, ne laisse personne insensible.
Un homme accompagnant son épouse franchit le seuil de Bonbon d’antan, à la recherche de canne à sucre. Anne-Laure indique que la production démarre en octobre et que le produit est classé dans la catégorie des best-sellers. Le premier bonbon aurait été inventé par les Perses et s’appelait le roseau qui donne du miel sans le secours des abeilles. Et c’est ainsi que la tige de canne à sucre a connu un succès éclatant pour les fêtes de Noël. Ce bonbon associé à Disney fait les délices des parents également car il contient de la menthe.
Âgée de 25 ans, Anne-Laure a eu une formation en tourisme à l’École hôtelière. Après avoir travaillé dans une agence de voyages, puis dans la location d’appartements, elle déchante avec la pandémie de Covid-19. À la suite de la perte de son emploi, elle décide de reprendre l’entreprise familiale. Avec un père engagé dans la fabrication de “siro pike” et sa mère dans les bonbons artisanaux, Anne-Laure raconte que cette dernière a acquis sa technique d’une religieuse.
« Il a fallu des années de maîtrise, de patience et, surtout, accepter la chaleur de la cuisson à 200 degrés, car tout se fait à mains nues pour obtenir une finition parfaite. Sucres d’orge, berlingot, lolipop, pastilles limon… On a su rebondir et faire nos produits se développer. Avant, les commandes se faisaient en ligne. Aujourd’hui, avec ma boutique de confiserie à Curepipe, les gens peuvent choisir le produit sur place et découvrir les senteurs, les couleurs », indique Anne-Laure.
Garder son authenticité
Chez Bonbon d’antan, les recettes de confiseries sont créées pour procurer du plaisir tout en gardant leur authenticité au fil du temps. L’autre rôle d’Anne-Laure est de permettre aux adultes qui visitent sa boutique de voyager en enfance tout en découvrant la vraie saveur de ses confiseries. Il y a aussi ce travail fait main qu’elle privilégie.
Son travail de confection lui prend tout son temps, parfois jusqu’aux petites heures. Ses yeux s’émerveillent quand elle conte l’histoire de chaque produit dont celle des pastilles limons enrobées de miel, de limon pour l’hiver et qui réchauffe. Le concept repose sur la fabrication locale et pour cela, Anne-Laure y incorpore un judicieux mélange de litchis, tamarin, ananas, melon d’eau. « Tous nos ingrédients viennent de Maurice, on n’exporte rien, sauf au niveau du packaging. »
Ravie de la disposition de sa boutique qui attire le regard des passants et surtout des étudiants, Anne-Laure Catherine mise beaucoup sur cette visibilité pour faire valoir ses produits faits maison. Sa production comprend aussi des bonbons personnalisés en forme de licorne, Mickey, d’ourson. : « Il y a des clients qui racontent qu’autrefois, les pastilles limon se vendaient à 40 sous, et aujourd’hui le prix est de Rs 75 le tube. Ils voudraient que cela redevienne 40 sous, mais la cherté de la vie ne le permet pas. On essaie de faire des promotions lors des fêtes pour faire plaisir à tout un chacun », dit-elle.
Parmi ses futurs projets, Anne-Laure veut diversifier son entreprise et ouvrir une autre boutique de confiseries. Elle travaille déjà sur sa prochaine formule, le cola. Elle a aussi ses petites idées quant à la manière de revisiter la pastèque, le letchi, le tamarin et le gingembre.
Créer des bonbons est un acte gratifiant pour Anne-Laure Catherine. Et son entreprise Bonbon d’antan est aussi la marque d’un savoir-faire transmis car il n’y a pas d’école spécifique pour apprendre à faire des bonbons artisanaux.