En 1999, le monde entier était bouleversé par un film : The Matrix. Deux sœurs, Lana et Lily Wachowski, livraient un film révolutionnaire, réinventant les codes du cinéma, et surtout, le regard du cinéphile. Deux suites furent réalisées, coup sur coup : Matrix Reloaded et Matrix Revolutions. Une vingtaine d’années après le film d’origine, Lana Wachowski s’est attelée à une… Matrix Resurrections. Découvertes !
Matrix Resurrections nous replonge dans deux réalités parallèles – celle de notre quotidien et celle du monde qui s’y dissimule. Pour savoir avec certitude si sa réalité propre est une construction physique ou mentale, et pour véritablement se connaître lui-même, M. Anderson devra de nouveau suivre le lapin blanc. Et si Thomas… Neo… a bien appris quelque chose, c’est qu’une telle décision, quoiqu’illusoire, est la seule manière de s’extraire de la Matrice – ou d’y entrer ! Bien entendu, Neo sait déjà ce qui lui reste à faire. Ce qu’il ignore en revanche, c’est que la Matrice est plus puissante, plus sécurisée et plus redoutable que jamais.
Il ne manquait plus qu’elle ! À une époque où toutes les franchises ont été ressuscitées, remakées, rebootées, ré-adaptées, Matrix était passée entre les gouttes. Pas vraiment un miracle, mais au mieux une absurdité industrielle. Il fallait bien se faire une raison : ce n’était qu’une question de temps avant que Warner ne rebranche la prise, agitant par exemple le vague projet d’un film Young Morpheus pour titiller les fans, et peut-être titiller les créatrices mêmes de la franchise Matrix, Lana et Lilly Wachowski, afin qu’elles acceptent de faire renaître leur magnum opus. Lilly a préféré se mettre en retrait, laissant donc Lana en charge – avec son équipe de scénaristes, musiciens et techniciens de Cloud Atlas et Sense 8 – de la résurrection.
Et là, bam ! Comme le braillait Rage Against the Machine sur le générique de fin de Matrix de 99 : And then came the shot. Matrix Resurrections est un extraordinaire shot, mais particulièrement… surprenant. Et c’est le moins qu’on puisse dire !
En 2003, la trilogie Matrix s’achevait sur l’absorption du personnage principal, Neo, par la matrice, laissant croire à la mort de ce dernier après un violent combat à force égale contre l’agent Smith. La fin du film reprenait l’image du Christ et du sacrifice du corps de Neo s’offrant aux machines.
Dans ce quatrième volet, Neo – de son vrai nom Thomas A. Anderson – est en proie à une perte totale de mémoire et mène une vie semble-t-il des plus banales dans la ville de San Francisco. Créateur d’une trilogie de jeux vidéo baptisée… Matrix (un hasard ?), le personnage principal, est néanmoins perturbé par d’étranges visions qui le conduisent à consulter un psychiatre à qui il confie les rêves qui perturbent son esprit.
Il se fait prescrire des pilules… bleues. Peu à peu, des visages familiers réapparaissent à son esprit, le conduisant à chercher des réponses à ce phénomène. Au cours de sa quête, il rencontre Morpheus le mettant face à un choix : rester dans la Matrice ou prendre son envol.
Matrix Resurrections n’est pas une simple suite, un semi-reboot ou un bête remake. Lana Wachowski a imaginé bien plus que ça avec ses co-scénaristes David Mitchell (auteur de Cloud Atlas) et Aleksandar Hemon, tous deux passés sur Sense 8. Neo et Trinity sont de retour, mais leur réveil est aussi celui d’une gueule de bois, face à une industrie qui perd complètement la boule. Et qui a rudement besoin d’être réveillée, comme les humains dans la Matrice !
Matrix Resurrections annonce d’emblée la couleur avec un début sous forme de faux remake du premier film, comme un grand pied de nez à la paresse qui règne dans le circuit des blockbusters. Tout est soigneusement remis en scène sous un autre angle, une autre lumière, avec de nouveaux visages et nouveaux problèmes, pour ouvrir les nouvelles portes du grand cirque factice. Quand un personnage se demande au bout d’une minute « Pourquoi faire du neuf avec du vieux code ?», c’est quasiment la note d’intention du film, et c’est précisément cette idée qui hante les personnages (et les spectateurs).
Si Keanu Reeves, Carrie-Anne Moss et Jada Pinkett Smith sont de retour, ce n’est pas le cas de deux acteurs centraux de la saga : Laurence Fishburne (Morpheus) et Hugo Weaving (l’agent Smith). Le personnage de Morpheus apparaît tout de même dans ce quatrième volet, mais dans une version plus jeune (joué par Yahya Abdul-Mateen II).
Le film peut compter sur la présence de plusieurs autres nouveaux venus dans la saga. Parmi eux : Neil Patrick Harris (How I Met Your Mother, Docteur Doogie), Jessica Henwick (Iron Fist), Priyanka Chopra Jonas (Quantico), Jonathan Groff (Mindhunter) et quelques anciens de Sense 8 (Max Riemelt, Brian J. Smith, Toby Onwumere), la série de Lana Wachowski.
Durée : 2h28. Avec Keanu Reeves, Carrie-Anne Moss, Priyanka Chopra. Réalisé par Lana Wachowski (USA, 2021)
Aux Star (Port-Louis, Moka et Grand-Baie)