- 72,2 % des adultes présentent un excès pondéral, avec des taux plus élevés chez les femmes (75,4 %) que chez les hommes (68,6 %).
- En 2022, environ 6,8 % des enfants de moins de 5 ans étaient déjà en surpoids
Le Conseil des ministres a validé, vendredi, la « Obesity Action Acceleration Roadmap 2025-2030 », une décision qui marque une étape décisive dans la lutte contre l’épidémie d’obésité. L’objectif est clair : réduire de 5 % la prévalence de l’obésité dans toutes les tranches d’âge d’ici 2030.
Depuis deux décennies, l’obésité est en constante augmentation à Maurice. Les données de la dernière enquête nationale sur les maladies non transmissibles (NCD Survey 2021) révèlent que 36,2 % des adultes sont obèses, soit 41,6 % des femmes et 29,9 % des hommes. À cela s’ajoutent 36 % de personnes en surpoids (38,7 % des hommes et 33,8 % des femmes). Au total, 72,2 % des adultes de 25 à 74 ans présentent un excès pondéral, avec des taux plus élevés chez les femmes (75,4 %) que chez les hommes (68,6 %).
Chez les plus jeunes aussi
Chez les plus jeunes, la tendance inquiète également. En 2022, environ 6,8 % des enfants de moins de 5 ans étaient déjà en surpoids. Pour les adolescents (5-19 ans), les estimations de l’OMS confirment une hausse, alimentée par la sédentarité, les boissons sucrées et la consommation d’aliments ultra-transformés. Des chercheurs mauriciens parlent même d’un «double fardeau », où coexistent surpoids/obésité et sous-nutrition dans certaines franges de la population.
Un fardeau sanitaire et économique majeur
L’obésité est l’un des principaux facteurs de risque pour le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires et certains cancers. Déjà, les maladies non transmissibles représentent 80 % de la charge de morbidité et 85 % des décès dans le pays.
Sur le plan économique, la situation est tout aussi préoccupante. En 2019, les coûts directs et indirects liés à l’obésité et au surpoids étaient estimés à Rs 18,1 milliards, soit 2,78 % du PIB. Et les projections sont alarmantes : selon l’Observatoire mondial de l’obésité, ces coûts pourraient atteindre 4,6 % du PIB en 2030 et grimper jusqu’à 8,9 % en 2060 si aucune action vigoureuse n’est entreprise.
Un arsenal de mesures
Face à cette urgence, la feuille de route prévoit des actions fortes:
- réguler la publicité pour les aliments malsains ;
- taxer davantage les boissons sucrées, et étendre cette taxation à d’autres produits ultratransformés ;
- stimuler la production agricole locale pour assurer un approvisionnement sain dans les cantines et les marchés publics ;
- renforcer l’activité physique dans les écoles, les lieux de travail et les espaces publics ;
- intégrer la prévention et la prise en charge de l’obésité dans les soins de santé primaires ;
- lancer des campagnes de communication pour encourager une alimentation équilibrée et l’exercice au niveau communautaire.
La mise en œuvre reposera sur la méthode du « sprint de 100 jours », un processus en cinq étapes développé par l’OMS pour accélérer la traduction des décisions en résultats concrets.
Une reconnaissance internationale
L’OMS suit de près les efforts mauriciens. En 2023, le pays est devenu le troisième au monde à adopter l’intégralité des mesures du programme MPOWER de lutte contre le tabac. Fort de cette expérience, Maurice avait été sélectionné parmi les six pays pilotes du programme Healthier Populations Billion: Delivering Impact, et le seul du bureau régional Afrique (AFRO).
Avec plus de 7 Mauriciens sur 10 en excès pondéral, le pays se trouve à un tournant. L’action gouvernementale, désormais officialisée, pose les bases d’une mobilisation collective. Reste à voir si cette feuille de route saura transformer les intentions en changements durables dans les assiettes, les comportements et la santé publique.
Le gouvernement a donc posé la première pierre. Reste à voir si cette feuille de route, soutenue par des données accablantes, saura transformer les intentions en changements durables dans les assiettes, les habitudes et la santé des Mauriciens.
L’Obésité en chiffres – Maurice
2019
Coûts directs et indirects liés au surpoids et à l’obésité : Rs 18,1 milliards (≈ 2,78 % du PIB).
· 2021 – NCD Survey
Obésité (IMC ≥ 30) : 36,2 % des adultes
• 41,6 % des femmes
• 29,9 % des hommes
Surpoids (IMC 25–29,9) : 36,0 % des adultes
• 38,7 % des hommes
• 33,8 % des femmes
Total en excès pondéral (surpoids + obésité) : 72,2 %
• 75,4 % des femmes
• 68,6 % des hommes
2022 – OMS
Enfants de moins de 5 ans en surpoids : 6,8 %
Adolescents (5–19 ans) : tendance en hausse, liée à sédentarité et consommation de boissons sucrées.
2030 – Projections
Coût économique attendu : 4,6 % du PIB.
2060 – Projections
Coût économique potentiel : 8,9 % du PIB.
Qu’est-ce que l’obésité ?
L’obésité est une maladie définie par un excès de masse grasse dans le corps, évalué à partir de l’indice de masse corporelle (IMC), calculé en divisant le poids par la taille au carré. Un IMC supérieur à 25 correspond à un surpoids, et au-delà de 30, à l’obésité. Elle résulte d’un déséquilibre entre les calories consommées et celles dépensées, souvent lié à une alimentation trop riche et à un mode de vie sédentaire.
Pourquoi est-ce grave ?
L’obésité constitue un véritable cercle vicieux. Elle augmente fortement le risque de développer des maladies chroniques comme le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, l’hypertension, certains cancers ou encore des troubles respiratoires et hormonaux. Elle affecte également la qualité de vie quotidienne et peut réduire l’espérance de vie.
Comment la combattre ?
La lutte contre l’obésité repose sur plusieurs axes complémentaires :
- Prévenir et sensibiliser : informer la population sur les risques liés à une mauvaise alimentation et promouvoir une hygiène de vie saine dès le plus jeune âge.
- Adopter de meilleures habitudes alimentaires : réduire la consommation de produits trop sucrés, gras ou salés, privilégier les fruits, légumes et repas équilibrés.
- Bouger davantage : pratiquer une activité physique régulière, limiter le temps passé assis ou devant les écrans, développer des infrastructures sportives accessibles et sécurisées.
- Encourager l’accompagnement médical : proposer un suivi adapté, incluant médecins, diététiciens, psychologues et éducateurs physiques, pour aider les personnes en surpoids.
- Créer un environnement favorable : garantir l’accessibilité financière des aliments sains, offrir des espaces publics pour le sport, renforcer le rôle des écoles et des médias dans la sensibilisation.
Un défi collectif
Lutter contre l’obésité ne relève pas uniquement d’un effort individuel. C’est un enjeu collectif qui demande l’engagement conjoint des familles, des institutions éducatives, du secteur privé et des pouvoirs publics. Prévention, éducation et environnement adapté sont les clés pour inverser la tendance et construire un avenir en meilleure santé.