Cruauté animale : Manon Luigi Monty :« Derrière les actes de cruauté, se cachent un trouble psychiatrique et un grand manque d’empathie »

À Maurice, nombreux sont les chiens et chats qui sont victimes non seulement de négligence, mais également de toutes sortes de violences, de coups, de pratiques sadiques. Les animaux errants sont les plus touchés par ces abus et mauvais traitements. Parmi les actes de barbarie les plus communs : l’empoisonnement délibéré. L’étrange série n’est pas inédite chez nous. Chaque jour, ces actes sournois sont rapportés sur les réseaux sociaux. Si le propriétaire n’a pas sous la main des antidotes tel le charbon actif (activated charcoal) ou ne se précipite pas chez le vétérinaire, l’animal est vrillé par la douleur et agonise pendant de longues minutes avant de rendre l’âme. Selon Manon Luigi Monty, psychologue clinicienne, derrière ces actes de cruauté, se cachent un trouble psychiatrique et un grand manque d’empathie.

- Publicité -

La mystérieuse disparition des chiens errants sème l’inquiétude. Ces derniers temps, des rescuers et feeders font le même constat : un peu partout à travers l’île, les animaux errants qu’ils nourrissent manquent à l’appel. Du jour au lendemain, ils se volatilisent. Ces amis des bêtes évoquent plusieurs hypothèses lorsqu’ils ne sont pas en possession de preuves. Certains soupçonnent la Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW), qui dément être responsable de leur disparition. D’autres y voient la pratique illégale d’une compagnie privée, la même qui intervient dans certains hôtels (les chiens sont capturés pour être abattus, empoisonnés ou enfermés dans des cages dans un endroit isolé dans l’Est où ils sont privés de nourriture jusqu’à la mort).

D’autres concluent à l’empoisonnement délibéré. Une pratique très commune à Maurice chez ceux qui ont décidé que ces animaux abandonnés et errant sur la rue n’avaient plus le droit de vivre et qui y trouvent un moyen de s’en débarrasser. Parmi les victimes, un grand nombre ont été stérilisés. La violence avec un processus sadique est aussi une pratique commune. Des pétards lancés sur les chiens et chats, des chiens à l’attache brûlés à l’acide, ou victimes de coups… la liste est longue. L’un des derniers cas rapportés, cette semaine, parmi tant d’autres, est celui de ce chien errant surnommé Papa Shadow par son feeder et rescuer. La radiographie réalisée dans une clinique vétérinaire a révélé qu’il a été victime de nombreux coups violents sur différentes parties de son corps et à différentes occasions et qu’il avait peu de chance de marcher à nouveau.

- Publicité -

« La maltraitance animale devenue normale et banale par un grand manque d’empathie »

Selon la psychologue Manon Luigi Monty, derrière la violence extrême et tous ces actes de cruauté, se cache un trouble psychiatrique : « Tout acte de cruauté envers les animaux est intégré depuis 1987 dans le DSM (qui est le manuel de diagnostic et statistique des troubles mentaux) en tant que symptôme pouvant révéler des troubles de la personnalité antisociale. La psychiatrie plus généralement envisage aussi la cruauté envers les animaux en tant que symptôme servant à la réalisation d’un diagnostic. Les personnes qui présentent des troubles de la personnalité antisociale ont également des capacités d’empathie très faibles, voire inexistantes, et c’est bien ce qui m’inquiète : ce manque d’empathie, ce manque d’amour envers les êtres vivants. On retrouve, alors, une indifférence aux normes sociales, absence de remords ou de culpabilité… On remarque aussi un état permanent d’agitation et de dysphorie (instabilité de l’humeur, accompagnée d’anxiété, de malaises et même de réactions coléreuses difficilement contrôlables) », affirme-t-elle. Tout en ajoutant que « les cas de maltraitance envers les animaux ne relève pas toujours de troubles psychiatriques car hélas, ce manque d’empathie fait de plus en plus partie du fonctionnement de notre société. Dès lors, la maltraitance animale devient normale et banale ».

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques