La sensibilisation, la restauration, la recherche. Depuis bientôt 20 ans, l’Organisation non gouvernementale (ONG) Reef Conservation s’attelle à former de jeunes citoyens écoresponsables, et à protéger et conserver les zones côtières et sites marins de l’île. Fondée en 2004, la Reef Conservation est une équipe de chercheurs, scientifiques et éducateurs passionnés présente dans plus de 190 écoles préscolaires, primaires, secondaires et supérieures, privées et publiques. Son objectif est d’encourager l’émergence d’une « citizen science ». Kathy Young, Managing Director de la Reef Conservation, nous en dit plus.

la reconnaissance et la
protection des herbiers
marins, trop souvent
confondus avec des algues
La sensibilisation, la restauration, la recherche. Depuis bientôt 20 ans, l’Organisation non gouvernementale (ONG) Reef Conservation s’attelle à former de jeunes citoyens écoresponsables, et à protéger et conserver les zones côtières et sites marins de l’île. Fondée en 2004, la Reef Conservation est une équipe de chercheurs, scientifiques et éducateurs passionnés présente dans plus de 190 écoles préscolaires, primaires, secondaires et supérieures, privées et publiques. Son objectif est d’encourager l’émergence d’une « citizen science ». Kathy Young, Managing Director de la Reef Conservation, nous en dit plus.
« L’ONG a été créée en 2004 pour la conservation et la préservation des régions côtières et des sites marins avec la collaboration de tous les acteurs locaux du public et du privé », nous dit d’emblée Kathy Young. À Maurice depuis plusieurs années, la scientifique est chaque jour émerveillée de rencontrer des Mauriciens, jeunes et moins jeunes, aussi concernés par la santé de leur île. Et encore plus maintenant, deux ans après le Wakashio. Elle constate que ce malheureux événement a entraîné une sorte de prise de conscience collective sur l’importance de notre environnement naturel et a ainsi encouragé l’émergence d’une « citizen science » où le citoyen lambda est appelé à participer activement dans les projets de restauration, de nettoyage, etc. Et c’est une des raisons pour lesquelles la Reef Conservation a décidé de baser tout son programme et toute son approche sur l’humain.
« À la Reef Conservation, nous avons deux principaux piliers. Le premier concerne essentiellement l’encadrement et la sensibilisation des jeunes, et le second concerne le monitoring, la conservation et la recherche », explique-t-elle. Ainsi, depuis 2014, l’ONG a mis en place l’Eco-Schools Programme, qui a pour principal objectif d’aller vers les plus jeunes, dans les écoles publiques et privées de l’île, pour essayer de « créer un impact sur les communautés tout en intégrant les Sustainable Development Goals (SDG) dans leurs activités. » Il faut d’ailleurs noter que les Eco-schools font partie d’un mouvement mondial géré par la Foundation for Environment Education et c’est grâce au projet ISLANDS mis en place par cette dernière et avec la collaboration de l’Union européenne que la Commission de l’océan Indien a décidé d’implanter ce concept dans la région, notamment à Maurice, aux Seychelles et à Madagascar. Kathy Young soutient qu’à ce jour, plus de 50 000 personnes ont été concernées par ces activités, axées sur la pollution, l’agriculture bio et la restauration de la biodiversité, entre autres.

« Nous avons aussi le Young Reporters for the Environment (YRE) Programme et 21 clubs présents dans les écoles, qui encouragent le journalisme environnemental. Nous misons beaucoup sur les plus jeunes et nous essayons de voir comment start the change », dit-elle. D’ailleurs, depuis la mise en place de ces programmes, l’ONG ainsi que les éducateurs ont noté un réel engouement du côté des jeunes.
« La réaction des jeunes est encourageante. Et il y a beaucoup d’intérêt, notamment avec le YRE programme pour les jeunes de 14 à 25 ans, qui apprennent à développer leur sens de l’observation, de la critique pour essayer de comprendre le comment et le pourquoi de certaines activités humaines, qui peuvent être néfastes à l’environnement. » Et en plus de créer une génération de petits reporters environnementaux, aux aguets des mauvaises pratiques dans la communauté et à la page des nouvelles découvertes scientifiques environnementales, la Reef Conservation, avec le soutien de la Rogers Foundation, a aussi lancé le Bis Lamer, qui est une « mobile classroom », indique Kathy Young, et qui permet de conscientiser les plus jeunes aux enjeux environnementaux, tout en adoptant une approche plus ludique.

« Mangroves can take a lot of time to respond »
Autant de projets rendus possibles grâce au soutien d’une équipe de scientifiques qui travaillent quotidiennement sur plusieurs projets de restauration et de conservation, avec la collaboration étroite des communautés locales. Ainsi, en 2009, un Voluntary Marine Conservation Area Programme est mis en place sur des sites comme Anse La Raie et Roches Noires. « Nos équipes travaillent étroitement avec les habitants des régions concernées, car ils détiennent une connaissance énorme du terrain. D’ailleurs, des formations sont offertes aux skippers qui nous donnent un gros coup de main sur les sites », dit-elle. La Reef Conservation pense s’installer sur un autre site à Mahébourg, dans un futur proche.
De plus, l’ONG, qui a pour cheval de bataille la protection des écosystèmes, s’intéresse depuis peu aux herbiers marins, qui sont souvent confondus avec des algues. « Financé par l’Union européenne, le projet Nature based solutions for protecting the coastal zone se concentre sur les herbiers marins partout à travers l’île, et d’ailleurs il existe des sites qui sont extrêmement bien conservés et qu’il faut protéger », soutient Kathy Young. Elle poursuit que ces herbiers marins contribuent à préserver les écosystèmes marins et qu’il est important de conscientiser la population sur sa présence dans les lagons et sur l’importance de les protéger.

En outre, parmi les nombreux programmes de la Reef Conservation figure le SOS Mangrove Programme. Kathy Young indique qu’après le oil spill du Wakashio, leurs équipes ont été amenées à travailler sur les mangroves avec les autorités locales. Un travail de longue haleine pour les scientifiques. À ce stade, l’ONG soutient que « les mangroves dans cette région du Sud-Est ont subi un stress, et que l’impact du oil spill pourra être étudié uniquement dans le long terme, car les mangroves can take a lot time to respond. »

Là aussi, Kathy Young précise que ce travail de monitoring se fait avec l’aide des habitants de la région. « La Reef Conservation lancera bientôt une application mobile pour permettre aux citoyens de participer activement au programme de veille des mangroves de l’ONG. Effectivement, après le Wakashio, il y a eu des sites très impactés, mais bien avant cela, et cela il faut le dire, beaucoup de régions côtières et de sites marins étaient dans un mauvais état, notamment à cause de la pollution ! C’est pour cela qu’il est important de conscientiser un maximum de personnes, en commençant par les plus jeunes », conclut-elle.
