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Gaspar… anba lonbraz bwadoliv, de François Patrick Jean Louis

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Gaspar… anba lonbraz bwadoliv, de François Patrick Jean Louis

Langue et terre de Rodrigues

À 39 ans, François Patrick Jean Louis est l’auteur de deux romans en créole : Zasminn ek Rolan, de gout fiel dan enn po dimiel et Gaspar… anba lonbraz bwadoliv. Le romancier s’est donné pour objectif de sortir de l’ombre le créole rodriguais. Il a écrit Gaspar… anba lonbraz bwadoliv en huit jours. Son roman traite de la vie à Rodrigues, de la culture et des traditions. Cet ouvrage lui a permis d’être couronné lors de la deuxième édition du Konkour Literer Creole Speaking Union (CSU), en mars 2018.

Gaspar… anba lonbraz bwadoliv raconte la vie à Rodrigues. Le roman est réaliste et aborde des thèmes universels comme la relation entre un père et son fils et le comportement des gens dans une société traditionnelle. L’auteur expose avec clarté la complexité du lien de l’enfant à son géniteur. Gaspar n’a jamais admiré son père et lutte pour se démarquer de l’homme qui l’a fait grandir.

François Patrick Jean Louis dépeint les valeurs de son île, met en avant l’importance de la famille, l’amour de cultiver la terre et jette un regard sur la vie des Rodriguais. “La vie nous a tout donné. Surtout grâce à nos parents. Quand je parle de cet aspect, je pense à mon père. Il s’est toujours démerdé pour nous.” L’auteur partage un peu de son vécu. “Ce livre n’est pas une autobiographie. J’y ai ajouté plusieurs éléments. J’ai aussi raconté le combat de mon père.”

Écrire par intuition.

Ce roman contient des descriptions détaillées et précises qui permettent au lecteur de se projeter dans l’histoire. Le romancier a pris huit jours pour l’écrire car il devait le soumettre au Konkour Literer CSU. “J’ai donné le premier chapitre à lire à mon ami Nathan Hortense. Il m’a dit que c’était encore mieux que mon premier roman. C’est lui qui m’a conseillé de participer au concours”, confie le natif de Tammes.

L’auteur écrit par intuition et ne se décrit pas comme un écrivain. L’inspiration lui vient des choses qui se produisent dans la vie de tous les jours. “L’avoir écrit en peu de temps m’a fait réaliser que je peux écrire sans me forcer.” Désireux d’atteindre un plus grand nombre de lecteurs, il a voulu que Gaspar… anba lonbraz bwadoliv puisse se lire d’une traite. “J’ai écrit mon premier roman pour prouver qu’on peut écrire en créole et qu’on peut décrire la joie, la peine et l’amour dans cette langue.” Pour ce deuxième roman, il a voulu défendre le créole rodriguais pour que la langue ne tombe pas dans l’oubli. “Il est important de savoir faire la différence entre le créole rodriguais et le créole mauricien. Le créole rodriguais est une langue vivante.” Ainsi, kase-merikin qui veut dire koumans lager.

“Mo’nn amenn Rodrig enn tigit pli anler”.

Primé lors de la deuxième édition du Konkour Literer CSU, l’ancien enseignant et journaliste affirme que le créole à sa place dans la littérature. Pli nou fer dimounn ekrir kreol, pli pou ena sanzman. La nouvelle génération est là pour changer la donne”, explique cet employé de la National Empowerment Foundation à Rodrigues. Il remercie le professeur Arnaud Carpooran, doyen de la faculté des sciences humaines à l’Université de Maurice, pour le travail qu’il a effectué avec son équipe et pour avoir respecté son style sans le dénaturer.

Le romancier souhaite que la littérature créole trouve sa place dans les écoles. “Je pense qu’un auteur rodriguais peut écrire tout type de roman et le faire pour que la langue soit reconnue dans l’océan Indien et l’Afrique. Je suis confiant qu’il y aura quelqu’un d’autre qui pourra faire mieux que moi. J’ai ouvert une porte; aux autres auteurs de faire le reste. Je ne vois pas pourquoi demain il n’y aurait pas un Rodriguais prix Nobel de littérature.”

“C’est un sentiment de fierté d’avoir remporté le premier prix. J’ai toujours cru qu’il y a des pépites qui dorment quelque part à Rodrigues. Il suffit d’oser et mettre son œuvre devant le regard critique. Mo’nn amenn Rodrig enn tigit pli anler.

Passionné d’écriture et de culture, François Patrick Jean Louis nous confie qu’à ses débuts, il était tenté d’écrire en français, mais a constaté qu’il y avait un manque d’œuvres en créole. “Pour mon premier roman, certains disaient que personne ne le lirait. Finalement, il a plu au public rodriguais et mauricien.”

Son premier roman

Zasminn ek Rolan, de gout fiel dan enn po dimiel est sorti en 2016. L’auteur a pris huit ans pour publier son premier roman. “Je suis perfectionniste. Quand j’ai commencé à écrire en créole, il y avait peu de personnes qui le faisaient. Je n’avais pas vraiment de référence, à l’exception des auteurs seychellois Justin Valentin et Jean Joseph Madelaine.” François Patrick Jean Louis voulait absolument que son premier livre soit publié en créole.

Zasminn ek Rolan, de gout fiel dan enn po dimiel existe également dans une version en français, mais n’a pas encore été publié.