En perpétuelle réinvention depuis le confinement, Karine Perraud, à travers son entreprise Kangel Bijoux, a su positionner sa marque. Avec elle, l’authenticité prime. Pas question de confectionner le même style, elle choisit une pièce unique pour chacune de ses clientes. Sa force est d’avoir pu survivre à la pandémie grâce à ses talents d’artiste.
Discrète mais animée d’une passion débordante, Karine Perraud parle de son métier de création, qui lui a permis de sortir de l’ornière en période de confinement. Ayant perdu son emploi, Karine n’a eu d’autre alternative que de se ressaisir et de remettre sur le tapis son nouveau plan d’avenir. À 33 ans, mariée et mère d’une fille de 4 ans, elle a cumulé plusieurs boulots. Elle a fait des études en administration et secrétariat, travaillé dans des Call Centers à 17 ans, pris son premier emploi à 20 ans dans le secteur de l’automobile, avant de perdre son travail lors du premier confinement. Mais au lieu de se laisser abattre, elle a choisi de s’accrocher à son loisir : la création de bijoux.
Difficile de résumer en un clic ce riche parcours d’artiste, relevé avec audace par Karine, mais disons tout de go que Madame est une perfectionniste. Les responsabilités ne lui font pas peur, d’où la raison de la création de Kangel Bijoux. Un coup de cœur qui remonte à des années-lumière, alors qu’elle s’était mise à remanier un collier reçu en cadeau et qu’elle avait transformé en modèle qui lui plaisait. Lui permettant de recevoir des compliments inattendus alors qu’elle le portait, avec pour conséquence de faire naître chez elle l’idée de créer des bijoux.
Le buzz
Kangel Bijoux est une aventure qui dure depuis 11 ans. « Le concept de mon entreprise, je l’ai compris il y a 5 ans. Je suis toujours dans l’originalité, l’authenticité. J’aime être unique. Le nom de mon entreprise, Kangel, est une ode à mon prénom, soit “K” comme Karine et “Angel” pour les anges qui m’accompagnent dans ma mission, car je suis très croyante. Laissez votre passion vous mener à votre profession ! » dit-elle.
Les bijoux de Karine font alors le buzz et, de bouche-à-oreille, ses clientes lui servent d’écho pour la promotion de son talent. Elle aime confectionner des bijoux qui reflètent le caractère de celles qui les portent. Sans compter le jeu de couleurs et le design stylé, qui accroche.
Avec Karine Perraud toutes les matières sont réutilisables. Elle crée avant tout selon ses goûts personnels, qu’elle transpose dans ses œuvres à travers des pendentifs, du plastique, de la résine, du bois… Son préféré, d’ailleurs, car, dit-elle, cela dégage une odeur de la nature.
Récemment, elle a découvert l’aluminium, une autre matière très prisée, et qui a eu un succès grandissant auprès de sa clientèle. Après avoir évolué au Craft Market du Caudan Waterfront, elle s’est lancé d’autres défis. Bracelets, serre-têtes, boucles d’oreilles, chaîne de chevilles et, parfois, des sacs africains. Tout est matière à tendance avec Karine, qui joue beaucoup sur les déclinaisons. « Je propose principalement des bijoux pour les femmes et une très petite collection pour les hommes sous forme de bracelets, chaînes et pendentifs. Mon style reste néanmoins très coloré, osé, avec beaucoup de “mix and match” de culture “afro-indienne”. »
Elle reprend : « Je n’ai pas besoin de mettre mon nom sur mes produits. Les gens savent par ma technique que cela vient de chez Kangel Bijoux. » Son succès, elle le doit à sa proximité avec ses clients. « Ils ne viennent pas tous pour acheter; ils viennent aussi pour un conseil. C’est mon approche qui fait aussi la différence chez Kangel. Je suis bien entourée et des clients me suivent depuis le début. »
Covid, le perturbateur
Parlant du Covid, Karine Perraud reconnaît que la pandémie est un élément perturbateur. « Cela m’a affectée moralement et financièrement. Il a fallu rester forte pour tenir. On a reçu de l’aide du gouvernement, mais c’était un moment très difficile, car beaucoup de personnes se sont mises à leur compte. C’était difficile, comme une impasse. » Quand Karine confectionne un bijou, elle se l’attribue comme si elle était amenée à devoir le porter. Toutefois, elle avoue qu’il lui arrive d’avoir des périodes creuses.
Concernant le best-seller de sa collection, elle dira sans détour qu’il s’agit de porte-clés travaillés de ses mains avec des prénoms personnalisés. « C’est un “craze”. Les gens en ont commandé pour Noël. J’aime bien l’écriture et, pour marquer mon produit, j’ai décidé de jouer avec des prénoms en couleurs. Le résultat est à la fois unique et bluffant. »
Elle se décrit comme une “multi-task woman”, qui adore la cuisine, la musique et qui vient d’ouvrir un restaurant avec deux amies. « Je suis cuisinière et une maman “foodie”. J’aime en parallèle la nature et m’occuper des personnes âgées. »
Revenant à ses produits, Karine Perraud estime qu’il faut valoriser le concept “Made in Moris” et, surtout, les artisans locaux. « Tous les produits des artisans mauriciens devraient être visibles sur une seule plateforme et, surtout, il nous faudrait aussi avoir plus de soutien d’artisans reconnus. À Maurice, on reste trop absorbé par de grosses enseignes, alors qu’il y a de petits talents qui ne demandent qu’à éclore. Il serait intéressant de voir du “Made in Moris” sur tous les “billboards” et dans tous les marchés, tout en racontant l’histoire de ces artisans, qui ont su rêver de faire briller leur marque. »
Son projet est d’agrandir son équipe tout en ayant une boutique bien à elle. « Pour l’instant, je confectionne tous mes bijoux dans mon salon. J’utilise aussi du fil d’aluminium pour réaliser des bouquets de mariée. » Les souhaits de Karine Perraud pour 2022 ? « Que les produits des artisans locaux soient reconnus et qu’on se débarrasse du Covid. On a aussi une responsabilité envers notre pays et il faut toujours s’entraider les uns les autres. » Son plus grand rêve : « Que Kangel Bijoux s’installe sur l’île et devienne un produit incontournable dans chaque maison. »