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Mapou : Dans le train-train d’un village bon enfant

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Mapou : Dans le train-train d’un village bon enfant

Situé entre Belle Vue Harel et Piton dans le nord du pays, Mapou est un endroit particulier. Un village riche en histoire marqué par le passage régulier du train dans son ancienne gare ferroviaire. Son ancienne cour de justice et le Château Labourdonnais rajoutent à ce cachet historique. Les habitants dépeignent leur village comme étant particulièrement calme et apaisant. Mapou

Quittant l’autoroute à hauteur du stade Anjalay Coopen, on entre de plein pied dans le village de Mapou. Ces snacks et boutiques bordent la route étaient jadis bondés alors que, dans un passé encore plus lointain, le chemin de chemin de fer y trouvait un arrêt populaire lors de ses années d’activités avant son démantèlement en 1964. L’ancienne gare, devant la poste, attend son heure, celle où le projet de musée du chemin de fer se concrétisera enfin.

Souvenirs du chemin de fer.

Manoj Jundoosing, tenant une boutique et habitant vis à vis de la gare, a conservé un souvenir intarissable de cette époque même s’il n’avait que 5 ans lorsque le dernier train a traversé son village. “Ce sont de merveilleux souvenirs. Mon père était ‘porter’ et mon grand-père linesman. Nous habitions d’ailleurs dans le quarter’s hut juste à côte de la gare. Je me souviens de l’excitation qui montait quand on entendait le train venir. Je voyais mon grand-père actionner le levier sur les rails. Par ailleurs, les wagons qui étaient conservés dans la cour, servaient de refuge, pendant les gros cyclones, aux habitants dont les maisons étaient fragiles.”

Son père et son grand-père ayant travaillé à la gare férroviaire de Mapou, Manoj Jundoosing conserve de bons souvenirs du chemin de fer

Mapou a aussi été un témoin privilégié d’une période sombre de l’histoire. Celle où feue Anjalay Coopen fut assassinée dans le village voisin, Belle Vue Harel, en 1943. Elle devint un symbole de la lutte contre les oppressions pour les droits des travailleurs. Le stade qui porte son nom est d’ailleurs juché de l’autre côté de l’autoroute, qui sert de frontière entre les deux villages. Le Château de Labourdonnais fait également partie du cachet historique de Mapou. C’est d’ailleurs la grande attraction du village. La maison coloniale construite en 1859 a été transformée en musée et restaurant. La propriété date elle de 1777.

Havre de paix.

Aux dires des habitants, Mapou est un havre de paix. “Enn bon landrwa, bann dimounn byen bon, personn pa lager, pa vey ou zafer. Les habitants sont amicaux, disent toujours bonjour quand ils se rencontrent, exactement comme à Rodrigues”, confie la gérante du snack Le train du Nord qui a 30 années d’existence. Commentaire qui fait écho auprès de tous les habitants que nous avons interrogés lors de notre visite. Cette dernière confie toutefois que son snack ne marche plus comme avant depuis la fermeture de la cour de Mapou. “On a toujours vendu des pains fourrés, des mines et du halim. Auparavant, la clientèle était régulière. Désormais le business ne marche plus comme avant, ‘travay la inn tonbe’.”

Marciano Romain soutient que la seule chose qui l’agace c’est le manque d’un terrain de foot. Rencontré dans un terrain vague à l’ombre de quelques arbres en compagnie de quelques amis, il confie que des démarches avaient été faites en ce sens il y a longtemps sans succès. “Les jeunes n’ont d’autres choix que de jouer au foot dans la rue, ce qui irrite certains habitants.”  Manoj Jundoosing, qui est également Community Activities Assistant au centre communautaire, soutient qu’il a essayé de régler ce problème. “Nous avons fait une demande pour que les habitants puissent utiliser le terrain de foot du collège après les heures de classe mais on n’a pas donné suite à notre requête.”

Auparavant le square qui jouxte le rond-point grouillait de monde qui prenait d’assaut les snacks

Loisirs.

Par contre, un parcours de santé a été érigé au sein du village l’année dernière et est en attente d’inauguration selon mme Padayachy, qui habite juste à côté. “C’est une bonne initiative, il nous procure un endroit où se poser à l’ombre et un espace pour s’adonner à des exercices.” Parlant loisir, le billard dans le village hall ou la pétanque attire son lot de pratiquant. Mais, c’est surtout les rallyes régulièrement organisés au Stade Anjalay Coopen qui attire les habitants. “C’est une aubaine pour nous qui habitons juste à côté”, confie Marciano Romain.

L’ancienne cour de justice fait partie intégrante du cachet historique de Mapou

Origines du nom

Le village tient son nom d’une plante endémique nommée Cyphostemma mappia, une des nombreuses espèces qui portent le nom de mapou. Si cette plante n’est plus présente en ce lieu, on peut toujours la retrouver dans des forêts sèches du pays notamment à l’Île aux Aigrettes où elle a été introduite. Il ressort qu’un projet de conservation de l’espèce est en cours.