Stéphane Rezannah, directeur de J-Box, producteur de Blakkayo et d’Eric Triton, ainsi que concepteur de Kafe Kiltir, Momix et de plusieurs événements musicaux, franchit une nouvelle étape dans sa carrière avec son premier livre, intitulé « Panik dan Baz » qui retrace les 33 ans de carrière du groupe iconique OSB (Otentikk Street Brothers).
Inspiré par le titre d’un morceau du troisième album du groupe, cet ouvrage s’inscrit dans une démarche portée par la maison d’édition Barlizour : documenter l’histoire des artistes de leur vivant. Mais l’idée de ce livre ne date pas d’hier, car c’est Bruno Raya lui-même qui, il y a 15 ans, avait évoqué l’idée avec Stéphane Rezannah, alors journaliste, pour consigner l’histoire du groupe. Pour Stéphane, il était impératif de consigner ce parcours pour la nouvelle génération, afin de montrer l’ampleur du travail accompli par OSB depuis plus de trois décennies.
Le projet, qui a débuté en 2022, a nécessité deux ans de travail, marqués par une pause d’un an due au syndrome de la page blanche, avant de s’achever fin 2024.
Pour Stéphane Rezannah, OSB ne se limite pas à une formation musicale mais représente un véritable phénomène sociétal qui a bousculé les normes de l’île Maurice. L’auteur explore comment le groupe a transformé le langage, les modes vestimentaires et a favorisé l’acceptation de la culture rasta et du reggae dans l’espace public. Il rappelle notamment l’impact symbolique de Bruno Raya, qui fut le premier animateur à apparaître avec des dreadlocks sur la télévision et la radio nationale, brisant ainsi des tabous solidement ancrés.
L’ouvrage met également en relief la maturité intellectuelle et artistique du groupe, soulignant leur capacité à critiquer le système avec une grande intelligence à travers des textes réfléchis. Un passage marquant du livre évoque le défi musical relevé lors de la préparation du 3e album du groupe. Un défi donné par feu George Corette qui était surnommé Colonel, où il était demandé à OSB de réinterpréter une pièce de musique classique datant de 300 ans de Mozart, en y injectant leur identité ragga, une prouesse que l’auteur considère comme l’un de leurs plus grands défis.
Conçu comme un véritable objet de collection, « Panik dan baz » fait l’objet d’un tirage extrêmement limité de 500 exemplaires, dont seulement 400 sont destinés à la vente au prix de Rs 2 000. La distribution est assurée exclusivement en circuit direct via Jorez-Box ou les membres d’OSB, et l’auteur a d’ores et déjà annoncé qu’aucune réimpression n’est prévue.
Stéphane Rezannah se projette déjà vers l’avenir, ayant entamé l’écriture de son prochain ouvrage consacré à une autre figure majeure de la musique locale.
Pour comprendre l’importance de ce livre, on peut l’imaginer comme une capsule temporelle : il ne se contente pas de stocker des chansons, il préserve l’énergie et les luttes d’une époque pour que ceux qui n’étaient pas là puissent comprendre comment la musique a pu changer le visage d’une société.



