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Sharone Banzigou, de Riambel : “Squatter” malgré ses efforts

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Sharone Banzigou, de Riambel : “Squatter” malgré ses efforts

A 35 ans, Sharone Banzigou, lutte pour avoir un toit depuis quinze ans. Malgré ses économies sur son compte épargne logement aucune option ne lui est donnée. Contrainte de squatter, cette jeune femme n’a jamais chômé pour tenter de trouver un toit. Il y a quelques semaines des bulldozer ont écrasé sa maison à African Town, Riambel.

“Je veux prendre ma vie en main pour avancer. Mais je n’y arrive pas”, nous confiait Sharone Banzigou début juin. C’était quelques jours après que les bulldozers aient détruit sa maison à African Town, Riambel. Désormais elle vit sous une tente et ne se résout pas à louer afin de ne pas perdre ses économies là où elle aurait préféré investir dans sa propre maison. Mais les circonstances et le système son contre elle.

Injustice flagrante

Sharone Banzigou a toujours été exposée à la précarité. Mais elle n’a jamais voulu baisser les bras. Dès ses 16 ans, elle a commencé à travailler avec pour objectif de devenir propriétaire de sa propre maison. La jeune femme a ainsi épargné sous après sous. “Depuis mes 20 ans, je contribue plan d’épargne logement.” Pour mettre toutes les chances de son côté, elle aussi contracté un emprunt de Rs 80,000 et économisé Rs 20, 000. “Au cours des 15 dernières années, j’ai fait beaucoup d’interviews, payer des frais administratifs pour avoir une maison. Mais à chaque fois on me demande d’attendre.” Elle s’est souvent entendu dire que son dossier “n’est pas assez solide.” Pas solide parce qu’elle est célibataire et sans enfant. “Quand tu as des enfants et pas d’époux, la société te blâme parce que tu fais des enfants sans avoir de maison. Hors, là je n’ai pas d’enfant, j’ai un salaire mais aussi de l’argent sur mon compte et je ne suis toujours pas éligible à une maison ?”

Vivre dans la promiscuité

Après avoir travaillé 10 ans dans une usine textile, depuis cinq ans elle a rejoint les cuisines d’un hôtel du nord. Vu que le transport des employés ne passait pas dans le sud, elle a été contrainte de louer une maison dans la région de Moka. Avec l’arrivée imminente de la crise du coronavirus, son salaire a été revu à la baisse en début d’année. “Avec ma rémunération, j’arrivais à peine à survivre après avoir payer mon emprunt à Rs 6 200 et mon loyer à Rs 5000”.

Suivant les annonces des autorités concernant l’échéance sur les loyers, elle aurait pu continuer à rester dans cette maison sans payer, mais ça n’aurait pas été juste envers le propriétaire de la maison. “C’était une personne âgée qui comptait sur cette rentrée d’argent”.

Elle retourna vivre chez sa mère à Riambel mais les conditions de vie étaient intolérables. “Ma mère et moi devions partager un petit lit installé dans le minuscule salon en tôle, alors que mon petit frère et un cousin alcoolique dormaient dans une cabane en annexe, faisant aussi office de cuisine”. De rajouter que “Aucune femme ne souhaiterait habiter une maison avec une salle de bains séparée par un rideau alors qu’il y a deux hommes juste à côté. A 35 ans, en tant que femme je me suis retrouvée exposée. Je n’avais plus aucune intimité et je n’en pouvais plus de vivre dans cette promiscuité”.

Un combat pour tous

En mai, aussitôt que les quincailleries ont recommencé à opérer elle décida d’acheter les matériaux nécessaires pour se construire une petite maison le temps que ces démarches pour un logement aboutissent enfin. Le 1er juin, les bulldozers envoyés par le gouvernement mettaient ses projets à plat.

Sharone Banzigou vit un cauchemar depuis presque 45 jours. Depuis est sur les fronts pour raconter son histoire, n’hésitant pas une seconde à dénoncer les inégalités enracinées dans le système mauricien. Décidée de s’exposer dans les médias n’a pas été une décision facile pour cette jeune employée d’hôtel. Cela a engendré beaucoup d’incompréhensions dans son entourage. “Mais la quête d’un logement, est une croix que je porte depuis 15 ans. Mon combat n’est pas personnel, mais c’est aussi celui de plusieurs centaines d’autres personnes à travers le pays”.