Accueil En une Syndrome d’alcoolisation Foetale (SAF) : Des bijoux contre un mal méconnu

Syndrome d’alcoolisation Foetale (SAF) : Des bijoux contre un mal méconnu

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Syndrome d’alcoolisation  Foetale  (SAF) : Des bijoux contre un mal méconnu

Recueillir des fonds et mettre en lumière le syndrome d’alcoolisation fœtale. C’est ce qui se dessine dans l’atelier et le four de Marie-Laure Ziss-Phokeer. Elle y réalise des pendentifs en argile pour sensibiliser contre un mal méconnu et évitable si la mère est consciente qu’elle ne doit pas consommer d’alcool durant sa grossesse. Cette action sert aussi à soutenir Étoile d’Espérance, engagée dans l’encadrement des femmes souffrant de dépendance à l’alcool.

Ils affichent un retard de croissance, sont parfois hyperactifs, agressifs, ont des malformations, souffrent d’un déficit intellectuel et d’autres troubles qui les suivront durant toute leur vie. Des enfants affichant des symptômes clairs du Syndrome d’Alcoolisation Fœtale (SAF), Marie-Laure Ziss-Phokeer en a rencontré durant ces neuf ans où la journaliste d’origine française a suivi de près les activités des principales associations engagées sur le plan social à Maurice. Alors attachée à ACTogether.mu, site internet de la fondation CIEL Nouveau Regard, elle a été interpellée sur le terrain par la réalité de ces enfants dont le problème principal n’est souvent ni diagnostiqué et encore moins cité. D’où son rapprochement avec Étoile d’Espérance, seule ONG locale s’intéressant à cette question d’importance vitale qui reste masquée sous une chape de silence et des tabous.

Pendant que le mal semble prendre de l’essor, la prise en charge des enfants atteints ne se fait pas comme attendu. Souffrant de défaillances, la majorité ne reçoit pas les soutiens que l’État se devait de leur apporter. La prévention ne se fait pas. Pourtant, la dissémination d’informations reste le meilleur moyen d’éviter le drame. Car le SAF n’affecte pas que les enfants de femmes en contexte d’alcoolisation. Même à faible dose, l’alcool expose tout fœtus. Art Zil se devait d’exister pour permettre à Marie-Laure Ziss-Phokeer d’apporter sa réponse à une réalité qui l’indigne au plus profond.

Dans l’atelier.

Sur la table de l’atelier éclairé par les larges fenêtres orientées vers le couchant, les pendentifs ont été alignés dans le cadre de l’opération en cours : bleu, vert, mauve, etc. Recouverts de couches de vernis et cuits dans le four professionnel rangé dans la cour, les petits bijoux en argile prennent des airs chics avec leurs lanières de différentes couleurs. Femmes aux bras écartés, femmes enceintes, des symboles interprétés comme représentant la féminité. Les créations de l’Atelier Art Zil répondent aux critères d’esthétisme espéré d’un bijou artisanal qui véhicule un message profondément humain lancé pour toucher les cœurs. “Heart inspired/handicrafted”, peut-on lire sur la carte et le matériel de la Clay Designer. C’est ainsi que se présente Marie-Laure Ziss-Phokeer depuis qu’elle a mis une pause à ses activités de journaliste engagée.

Ce changement d’orientation intervient après l’adoption d’un enfant. Durant la même période, le couple a dû se rendre en Afrique du Sud afin que l’époux puisse poursuivre ses études. Restant à la maison pour s’occuper de son enfant, Marie-Laure Ziss-Phokeer décida de reprendre des cours en poterie. Cette activité, elle s’y était intéressée durant ses années d’études en journalisme à Strasbourg. À Maurice, le potier Jean-Pierre Charles avait gardé son intérêt croissant. À Cape Town, grâce à des formateurs, artisans et ateliers, elle fut exposée à différentes techniques de la céramique et de moulage. À la fin de son séjour dans le studio de John Bauer à Cape Town, elle réalisa une création pour soutenir Home of Hope, qui travaille auprès d’enfants souffrant du SAF.

Art Zil.

Rentrée à Maurice avec sa famille, elle lance Art Zil pour apporter sa contribution aux causes qui la touchent. D’où son choix d’orienter sa première action vers Étoile d’Espérance et le SAF. Chaque bijou vendu rapportera Rs 100 à cette ONG engagée depuis vingt ans auprès des femmes souffrant de dépendance à l’alcool.

Les pendentifs d’Art Zil sont en vente à Rs 500 l’unité. Créée à partir des mêmes moules, chacune des 300 pièces de la collection est unique et a nécessité une intervention dédiée au cours des différents stages de la confection. Chaque étape requiert une grande attention, de la fabrication des moules dans le plâtre de Paris jusqu’à la fixation du vernis final lors de la deuxième cuisson à plus de mille degrés Celsius dans le four. Les moindres détails comptent et déterminent la qualité du produit fini. En sus du design des motifs, les bijoux d’Art Zil représentent un énorme travail et un investissement personnel.

Mère adoptive et maman d’accueil d’un enfant pour la CDU, la jeune femme garde un regard affûté sur la société, convaincue que les actions des uns et des autres contribueront à améliorer la qualité de vie des plus vulnérables. Les bijoux d’Art Zil sont une autre de ses contributions. Ils seront disponibles dans différents marchés à venir. Les détails sont aussi disponibles sur la page Facebook ARTZIL/clay ou sur artzil@outlook.com.