Un poison dans l’eau

Un bateau échoué sur les brisants de Pointe d’Esny, comme un animal exsangue se vidant de son sang épais. Le naufrage de mastodonte de fer et d’acier fera date. Il y aura désormais un « avant et un après » Wakashio. Un avant et un après 25 juillet 2020. C’est ainsi camarade. Le lagon est endeuillé, drapé de nappes noires maculées d’hydrocarbure. Odeur morbide sous nos latitudes. Adieux Bourgeois, Cateaux, Cordonniers et Capitaines… sans doute tous déjà morts englués, asphyxiés, noyés. Intoxiqués. Adieu crabes et crustacés…

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Nos plages de sable blanc du littoral Sud-Est ont été souillées. Elles sont maculées d’une souillure visqueuse et noirâtre. Une souillure qui vous colle aux bottes et à la peau. Une forte odeur de pétrole persiste dans vos narines. La nouvelle a déjà fait le tour du monde. On fait quoi maintenant que notre statut d’île paradisiaque est entaché d’huile lourde? Faudrait peut-être trouver un autre truc authentique et naturel à proposer aux touristes en quête de détente.

Désemparés, certains volontaires avaient voulu juguler cet épanchement, courageusement armés de pelles et de sceaux où étaient résolus à faire don de leurs cheveux. Est-ce un aveux d’impuissance ou un cri de désespoir face à ce qui nous dépasse ? A vous de juger et de réagir en conséquence au moment voulu. La vérité finira toujours faire surface. Ou pas. A chacun d’assumer ses responsabilités.

L’heure est grave. Tu l’as compris… mon colibri. C’est une catastrophe écologique lourde de conséquences économiques, sociales et psychologiques. Si vous n’avez toujours pas percuté, et bien, préparez-vous car le « contre-coût » économique ne manquera pas de vous ébranler. Un de nos piliers chancelle dangereusement. Cela signifie que plusieurs secteurs d’activités connaîtront une forte « contraction ». On n’est pas dans la mouise….

Les poissons sont morts noyés. Il est trop tard pour regretter car le mal est fait. La marée noire nous a souillés, défloré notre paradis jusqu’ici sauvegardé, préservé. Les sirènes hurlent au viol et nous ne pouvons qu’assister impuissants au drame qui se joue sous nos yeux ébahis. Catastrophe naturelle causée par la main de l’homme. Est-ce à dire que le tourisme balnéaire est mort asphyxié ? Ce serait par conséquent, un crime contre la nation (qui redevient nation en cas de coup dur).

Nous devrons définitivement inventer un moyen de nous réinventer en vue de sauver notre peau fragile et délicate. Et empêcher l’économie du pays de sombrer après le Covid et le naufrage du Wakashio. Dans les parages où jadis commença l’histoire mauricienne. Willoughby et Dupérré s’en souviennent. Ce naufrage nous aura appris la conscience de notre environnement. Nous aura appris à exprimer les élans de nos coeurs ensoleillés. Morisien kontan so pei. Pa bizin pran avion pou konpran sa !

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