Water Safety : un Lifesaver et un First Aider par famille, une nécessité

Dhiraj Dosieah (Royal Life Saving Society) : « La natation et le lifesaving sont deux compétences totalement différentes »

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80% de Mauriciens ne sauraient pas nager. Un chiffre inquiétant, d’autant plus pour un État insulaire comme le nôtre. Ces dernières semaines, le pays a été témoin de plusieurs drames en mer… des cas de trop, qui attirent l’attention sur un aspect trop longtemps mis sous tapis : la water safety. Week-End s’est entretenu avec deux sauveteurs en mer de la Royal Life Saving Society de Maurice, Dhiraj Dosieah et Krishna Coolen. Ces derniers, qui ont fait du sauvetage en mer leur cheval de bataille, font le point sur les bonnes pratiques dans l’eau.

Des citoyens lambda formés pour sauver des vies. Eux, ce sont les Life Savers de la Royal Life Saving Society de Maurice. Tous les dimanches, une quarantaine de nageurs s’entraînent sur la plage de Mont Choisy et les samedis sur la plage de Pointe-aux-Sables. Des sessions d’entraînement gratuites, ouvertes au public, pour sensibiliser un maximum de personnes sur les dangers de l’eau et les précautions à prendre pour éviter tout incident. Une nécessité dans la conjoncture, avec la réalisation plutôt brutale que l’eau est bel et bien un réel danger. Les récentes inondations en sont la preuve.
« À Maurice, si l’on devait faire une estimation rapide, je dirais que 80% de la population ne savent pas nager, et cela est inquiétant », affirme Dhiraj Dosieah, président de la Royal Life Saving Society de Maurice, qu’il a rejoint en 1995. « Aujourd’hui, plus que jamais, il est essentiel de former davantage de citoyens au first aid et au lifesaving en mer. L’eau est devenue une source de danger encore plus grande. D’ailleurs, nous l’avons vu avec les récentes inondations qu’il est désormais primordial d’avoir, ne serait-ce que quelques notions basiques de soins aux premiers secours », avance-t-il. C’est la raison pour laquelle ce dernier ne rate pas une occasion pour parler de la sécurité en mer et ailleurs, notamment à la maison. « De nos jours, de plus en plus de Mauriciens installent des piscines chez eux, et beaucoup ne se rendent peut-être pas compte des dangers que cela peut présenter aux enfants en bas âge, si l’on ne fait pas attention », dit-il.
Formation continue des sauveteurs
Animé par le sentiment du devoir et surtout interpellé par le nombre d’accidents tragiques en mer, Dhiraj Dosieah est persuadé que c’est en informant et en formant plus de personnes au sauvetage en mer et aux premiers secours que l’on pourra diminuer le nombre d’accidents, « car tout est dans la prévention. » Il met par ailleurs l’accent sur la formation continue des sauveteurs et des coachs. « Le certificat de Lifesaver a une durée de vie de trois ans, ce qui fait que les Lifesavers sont en formation continue, car ils doivent rester en parfaite condition physique », indique Dhiraj Dosieah.
« Vous savez, lorsqu’une personne se retrouve en difficulté en mer, cette personne-là mobilise deux fois plus de force qu’une personne sur terre, cela est instinctif. Donc, si une personne qui n’est pas formée et qui n’est pas en condition physique correcte essaie de la sauver, le risque que les deux se retrouvent en difficulté, voire se noient, est grand. C’est pour cela que la formation est essentielle », précise-t-il. Et d’ajouter que « la natation et le lifesaving sont deux compétences totalement différentes. » Dhiraj Dosieah lance donc un appel aux autorités pour sensibiliser davantage les Mauriciens, et ce, dès leur plus jeune âge. « Nous devrions inscrire des cours de First Aid et de Lifesaving dans le curriculum. Avant, l’on demandait qu’il y ait un First Aider par famille, aujourd’hui, il faudrait avoir à la fois un Lifesaver qui sache bien nager et un First-Aider par famille. »
L’aquastress et les risques de noyade
Krishna Coolen a quant à lui rejoint l’organisation en 2005, après avoir été First Aider pour la St John’s Ambulance. Grand amoureux des fonds marins, il a décidé de se consacrer à ce noble métier. « Lorsque l’on entend qu’il y a eu des drames en mer, l’on se sent souvent coupables de ne pas avoir été sur place. L’on se dit que l’on aurait peut-être pu aider », nous confie-t-il en toute humilité. En effet, pour Krishna Coolen, de tels drames peuvent être évités, même si, dit-il, personne n’est à l’abri. Et pour cela, il préconise la prudence.
« Tout est une question de mindset. À Maurice, beaucoup de personnes ne savent pas nager, car elles ont peur de la mer, de l’eau. Ce qui est paradoxal, car nous sommes entourés d’eau et que nager est naturel pour l’homme, car il ne faut pas oublier que nous sommes nés dans le ventre de notre maman, dans l’eau amniotique », dit-il. À savoir que cette peur-là, les chercheurs la définissent comme de l’aquastress, qui est le premier stade de la noyade, selon la Fédération française de sauvetage et de secourisme.
Krishna Coolen nous explique ainsi que dans beaucoup de cas, c’est la panique qui peut entraîner la noyade de nageurs. « Prenez l’exemple d’une personne qui sait nager et qui fait du kayak. Si son kayak se renverse, il ne paniquera pas et pourra très facilement se débrouiller, mais dans le cas d’une personne qui ne sait pas nager et qui se retrouve dans une même situation, la peur et la panique peuvent vite prendre le dessus et la mettre en difficulté. » C’est aussi pour cela qu’il est recommandé d’attendre au moins une heure après le repas avant d’aller nager. « Il y a des risques de régurgitation, ce qui peut bloquer le passage de l’air dans la gorge, et si cette personne panique, son cas peut s’aggraver en quelques secondes. »
En plus de la peur de la mer — que l’on peut surmonter en apprenant tout simplement à nager —, il s’agirait aussi d’une question de culture. « Nous n’avons pas le réflexe à Maurice, comme dans d’autres pays, de consulter la météo avant de sortir, ou encore de faire attention aux marées. Par exemple, lorsqu’il y a la pleine lune, les marées descendent et montent plus vite que d’habitude, mais beaucoup de gens ne le savent pas ou ne font pas attention à cela », dit-il. De simples gestes qui pourraient aider à sauver des vies, même si, rappelle-t-il, de nouveau que, « personne n’est à l’abri, même pas les nageurs les plus aguerris. »
Aussi, Krishna Coolen explique qu’il ne faut jamais nager seul et ne jamais sous-estimer la mer, tout court. « Il y a beaucoup de surestimation de nos capacités réelles en mer. Là, c’est une question d’attitude et cela concerne principalement les nageurs qui savent nager, mais pas plus. C’est pire si l’on a bu quelques verres en plus, car en plus de ne pas avoir les idées claires, la réanimation sera encore plus difficile en cas de noyade. C’est pour cela qu’il faut toujours prévenir lorsque l’on va nager et demander à quelqu’un de jeter un œil sur nous de temps en temps… »
À vrai dire, il ne faut jamais baisser la garde quand on est dans l’eau, que ce soit à la mer, en piscine ou dans la baignoire, notamment pour les tout-petits…

DANS LE COMPLEXE SPORTIF JEAN ROLAND DELAÎTRE À QUATRE-BORNES : La « coordination » de la CNSF
à la piscine du Pavillon decriée

Les dames du 3e âge qui utilisent la piscine du Pavillon dans le complexe sportif Jean Roland Delaître à Quatre-Bornes pour leurs exercices d’aquathérapie ne sont pas contentes. Elles se plaignent du fait de ne pouvoir utiliser qu’un seul couloir de la piscine, ce qui limite leurs mouvements, alors que plusieurs autres couloirs sont libres. L’une d’elles a mené une enquête pour savoir pourquoi son groupe n’avait pas le droit d’utiliser les couloirs vides de la piscine pour ses exercices.

Elle a découvert que c’est la Commission Nationale du Sport Féminin (CNSF) qui « coordonne » l’organisation des activités féminines comme l’aquagym, l’aquathérapie, la natation et le zumba, entre autres. Celles qui souhaitent pratiquer ces sports doivent payer Rs 50 par session, montant que leur moniteur remet au bureau de la CNSF qui leur fournit, en retour, une carte d’accès et un reçu. Si la CNSF est responsable de la « coordination » des cours, c’est le Mauritius Sports Council qui est responsable de la gestion des structures sportives – donc, de la piscine du Pavillon – et loue les couloirs à Rs 50 l’heure.
Selon les renseignements disponibles en dépit du nombre grandissant de ses adhérentes – avec le transfert des activités de la piscine de Beau-Bassin à celle de Quatre-Bornes –, la CNSF n’a pas fait de demande, ni payé, pour l’utilisation de couloirs supplémentaires. Par ailleurs les adhérentes n’ont toujours pas obtenu le reçu du paiement de l’abonnement déjà payé et la carte d’accès à la piscine. Interrogée au téléphone, une responsable de la CNSF a répondu qu’elle n’avait pas le temps de faire les reçus et les cartes, ce qui est censé faire partie de son travail !
Est-ce que les ministres concernés – qui passent leur temps à dire à quel point le gouvernement se préoccupe et s’occupe des seniors – pourraient demander au CNSF de faire le travail pour lequel ses employés sont payés ?Les bons gestes pour sauver une vie

« L’on peut sauver la vie de quelqu’un sans entrer dans l’eau », nous apprend Krishna Coolen. Dhiraj Dosieah et lui, bien conscients que le risque zéro n’existe pas et que même les nageurs les plus aguerris peuvent se retrouver en difficulté en mer, partagent quelques conseils aux personnes témoins d’incidents en mer. Ils appellent néanmoins à la prudence, car « ba badine ar delo. »
Ils expliquent que lorsque vous voyez une personne en difficulté en mer, la première chose à faire, c’est de crier, d’attirer l’attention du nageur vers la côte, car souvent, ce dernier peut être désorienté. La deuxième chose à faire c’est de lui envoyer une corde ou un bidon vide flottant attaché à une corde, ou même une gaule, pour qu’il puisse s’accrocher. Idem pour les piscines. « Il faut toujours avoir un bâton à côté d’une piscine. Parfois même une ceinture peut aider à sauver une vie ! » ajoute Dhiraj Dosieah. Le temps que les urgentistes ou sauveteurs arrivent, ces petits gestes auront peut-être suffi pour sauver une vie.
Par ailleurs, Krishna Coolen s’adresse aux nageurs et met en garde contre les courants forts. « Si par malheur vous vous retrouvez pris dans un courant, il ne faut jamais nager à contre-courant. L’idéal est de réussir à nager parallèlement à la plage pour sortir de la baïne (ndlr : bassin naturel en bordure de plages qui se remplit et se vide en fonction des marées, créant d’importants courants), puis de rejoindre la côte à un endroit où les eaux sont plus calmes. »

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