Maisons en amiante : des habitants dans l’attente d’une décision

Le Komite Konzwin Abitan Lakaz Lamyant (KKALL) et Lalit se sont réunis mercredi devant le bureau du Citizen Advise Bureau de Goodlands pour rencontrer Ashit Gungah, ministre du Commerce et député de la circonscription No 6 (Grand-Baie/Poudre-d’Or) pour lui demander ce que compte faire le gouvernement concernant les problèmes auxquels font face les habitants de la région, soit de Goodlands, Poudre-D’or et Grand-Gaube, qui vivent dans des maisons construites en amiante dans les années 1960.

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Harold Ferry, habitant Cité Sainte-Claire, Goodlands, qui était accompagné par Rada Kistnasamy de Lalit, a annoncé aux membres faisant partie du KKALL que le député Gungah « va soulever toute la question au conseil des ministres et qu’il va les mettre au courant du suivi qui sera fait ». Et d’ajouter : « Li finn pran kordone sak reprezantan kiti dan reinion pou met nou o kouran », a promis le ministre.

Pour rappel, Lalit et les membres du KKALL avaient organisé deux marches de protestation, soit le 2 mars 2018 et une autre en octobre de la même année. Les habitants dont les maisons EDC ont été construites avec de l’amiante avaient remis une lettre au Premier ministre pour lui expliquer en détail les problèmes auxquels ils sont confrontés. « Ziska ler nanyen pa finn fer », dira Alain Ah-Vee avant de rappeler le communiqué qu’avait émis le 22 juillet 2015 Showkutally Soodun, l’ancien vice-Premier ministre et ex-ministre du Logement et des Terres, après une réunion qu’il avait eue avec l’ancien ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, en présence du secrétaire financier.

Dans ce communiqué, le ministre Soodun notait : « L’objectif de cette réunion était de venir de l’avant avec des solutions pour les familles qui résident dans des maisons EDC/Ex-CHA, contaminées par l’amiante. » Il expliquait aussi que 2 137 maisons EDC/ex-CHA, dans 59 endroits du pays, contiennent de l’amiante. Construites dans les années 60, ces maisons se trouvent principalement dans les cités ouvrières. L’amiante étant un matériau toxique, l’ancien ministre Soodhun avait plaidé pour un plan de désamiantage.

Quant à l’ancien ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, il avait agréé cette demande et dit qu’il allait débourser la somme nécessaire pour enlever l’amiante dans ces maisons EDC/ex-CHA « Nanyen pa finn fer ziska zordi. Sitiasyon pe anpire dezour an zour », note Rada Kisnasamy, un autre porte-parole de Lalit. Un relevé officiel en 2018, effectué par le ministère de l’Environnement, avait permis de constater que 3 113 maisons de l’ex-CHA et EDC contiennent de l’amiante. Dans un document déposé à la bibliothèque de l’Assemblée nationale en juin de l’année dernière, il est indiqué que c’est dans la région de Grand-Port qu’il y a davantage de maisons contaminées.

Selon ce même exercice, 2 106 propriétaires avaient effectué des travaux d’agrandissement. « Ils vivent dans des pièces contenant de l’amiante. Faute de moyens, ils n’ont pas le choix. Zot oblize konstrir aletaz. Se ki explik ki sa bann fami ki konstrir eki abit avek zot zanfan zot osi expoz a lamiante ki kapav ena bann konsekans lor zot lasante », fait observer Alain Ahvee.

Marie Juliana Adam, 97 ans, a grandi dans une maison de la CHA à Cité Sainte-Claire, à Goodlands. Sa fille, Marie Ginette Petit Jean, qui habite à quelques mètres de chez elle, témoigne : « Cela fait des années que ma mère qui ne voit presque plus vit dans une maison qui contient de l’amiante. Une bonne partie du toit a été enlevée. Elle vit un vrai calvaire quand il pleut. On n’entend que des promesses. Rien n’a été fait jusqu’ici », déplore sa fille.

Soobash Padaruth, père de deux enfants, une fille de neuf ans et un garçon de cinq ans, se trouve dans la même situation que sa voisine, l’octogénaire, qui l’a vu grandir. « Bann parti kot ena lamiant andan ek andehor dan lakaz pe tombe. Mo bizin kolkole avek sima pou kapav reste. Mo ti pou kontan si bann depite dan sirkonskcripsyon vinn rane nu vizit pou get dan ki kondisyon nou pe viv ».

Harold Ferry, un autre habitant de la localité et membre du KKALL, était parmi les premiers habitants qui étaient venus s’installer dans une maison de la EDC dans les années 1960. Il ne mâche pas ses mots à l’égard des autorités. « Le gouvernement fait des dons aux pays comme le Mozambique et le Zimbabwe, mais ne fait rien pour nous qui sommes exposés au danger de l’amiante ».

Jean-Yves Madoo, habitant de Poudre-d’Or, était venu assisté à la réunion avec le ministre Gungah. Il déplore : « Il devient de plus en plus difficile d’habiter dans ces maisons. On respire depuis de longues années de l’amiante. C’est une épée de Damoclès sur nos têtes. Les autorités tardent à prendre des décisions. Pierre Cangy s’est dit inquiet pour la santé de sa fille, une mère de famille qui est malade de même que ses deux petits enfants. « Elle et ses enfants sont suffoqués régulièrement. Les autorités traînent trop avec ce dossier. Il faut qu’une décision soit prise au plus vite », insiste le sexagénaire.

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