Manifestations attendues dans toute la France après l’assassinat d’un professeur

Contre l’horreur, la mobilisation: d’importantes manifestations sont attendues dimanche partout en France en hommage à un professeur, décapité vendredi pour avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet, un attentat qui a suscité une énorme émotion et pour lequel onze personnes sont en garde à vue.

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Les responsables des principaux partis politiques, associations et syndicats manifesteront dimanche à 15H00 (13h00 GMT) à Paris et dans de nombreuses autres villes dont Lyon, Toulouse, Strasbourg, Nantes ou encore Marseille, Lille et Bordeaux.

Le journal Charlie Hebdo, durement frappé par le terrorisme islamiste en 2015, s’est également associé à l’appel dans la capitale.

Le rassemblement doit avoir lieu place de la République, traditionnel lieu de manifestations et épicentre de l’énorme défilé du 11 janvier 2015 après les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper cacher, qui avait réuni environ 1,5 million de participants.

Vendredi après-midi, Samuel Paty, père de famille de 47 ans a été décapité près du collège où il enseignait l’histoire-géographie dans un quartier calme de Conflans-Sainte-Honorine, dans la banlieue ouest de Paris. Son assaillant, Abdoullakh Abouyezidovitch A, un réfugié russe d’origine tchétchène de 18 ans a ensuite été abattu de neuf balles par la police.

Trois semaines après une attaque islamiste durant laquelle un Pakistanais avait blessé à coups de hachoir deux personnes qui se trouvaient devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, et en plein débat le séparatisme religieux, l’assassinat a révolté le pays.

Dès samedi, plusieurs centaines de personnes se sont réunies à Nice (sud-est) ou à Rennes (ouest) pour dénoncer un « acte de barbarie » et défendre « les valeurs de la démocratie ».

Un hommage national sera rendu mercredi en coordination avec la famille de l’enseignant assassiné, a annoncé la présidence de la République sans en préciser le lieu.

Le chef de file des députés Les Républicains (droite) Damien Abad a pour sa part suggéré que le corps de l’enseignant soit transféré au Panthéon, où sont inhumés les grands personnages de la République française comme l’écrivain Victor Hugo ou la scientifique Marie Curie, plaidant pour un « acte symbolique fort ».

Le Premier ministre Jean Castex a indiqué au Journal du Dimanche travailler à « une stratégie de riposte encore plus ferme, plus rapide et plus efficace quand un enseignant subit des menaces ».

Selon les éléments dévoilés par le procureur anti-terroriste Jean-François Ricard, le professeur d’histoire  avait organisé avec ses élèves un débat, prévu dans le cadre des cours d’éducation civique, au cours duquel il a montré des caricatures du prophète Mahomet. Il avait alors proposé aux élèves qui le souhaitaient de ne pas regarder certains dessins.

Le père d’un élève, placé en garde à vue, s’était indigné de ce cours dans plusieurs vidéos, rendant public sur internet le nom du professeur et l’adresse du collège, et allant rencontrer la principale pour demander son renvoi. Le professeur avait ensuite reçu plusieurs appels de menaces.

– « Avant et après » –

A Conflans-Sainte-Honorine, où s’est déroulé l’attentat, un millier de parents, élus ou simples citoyens se sont rassemblés avec émotion samedi devant le collège où travaillait M. Paty. Nombre d’entre eux brandissaient des pancartes « Je suis instit » ou « Je suis enseignant ».

« Il y aura un avant et un après 16 octobre en tant que prof: pour la première fois, un professeur est attaqué pour ce qu’il enseigne », a témoigné Lionel, un enseignant d’histoire-géographie de la ville voisine d’Herblay.

Les élèves aussi sont très affectés, à l’instar de Marie, actuellement en seconde et venue devant son ancien établissement déposer des fleurs en « hommage à son ancien professeur ».

« Je me souviens de son cours sur la liberté d’expression. On avait parlé de Charlie, on avait fait des dessins qui sont encore accrochés dans le collège », explique la jeune fille, émue.

– Repérages –

Connu pour des antécédents de droit commun mais pas des services de renseignements pour radicalisation, Adboullakh A. avait procédé à des repérages vendredi après-midi près du collège, selon M. Ricard.

Un message adressé à Emmanuel Macron, « le dirigeant des infidèles », expliquant vouloir se venger de celui « qui a osé rabaisser Mouhammad » et la photo de sa victime décapitée ont été retrouvés dans son téléphone. Ils avaient également été postés sur Twitter.

Ses voisins ont brossé le portrait d’un jeune homme « discret », « plongé dans la religion » depuis trois ans.

Moscou a de son côté insisté via son ambassade à Paris sur le fait que « ce crime n’avait rien à voir avec la Russie », le jeune homme ayant quitté le pays mineur.

Un total de onze personnes ont été interpellées et placées en garde à vue depuis vendredi soir, notamment des proches de l’assaillant, mais aussi certaines personnes ayant livré le professeur à la vindicte.

Au total, la vague d’attentats jihadistes sans précédent amorcée en 2015 en France a fait 259 morts.

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