Mare-Chicose : les 22 familles qui restent veulent partir à Marie-Jeannie

Sawan Motee, 36 ans, célibataire et employé du conseil de district de Savanne, vit chez ses parents à Mare-Chicose avec trois autres proches, à savoir sa tante et deux oncles, sous le même toit. Ce village a commencé à se vider de ses habitants en 2009 lorsque l’odeur insoutenable provenant du centre d’enfouissement avait commencé à empoisonner la vie d’environ 80 familles qui y vivaient. Une cinquantaine de familles avaient ainsi quitté ce lieu, qui devenait invivable. Elles ont été relogées à Marie-Jeannie, Rose-Belle.

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Sawan Motee et ses proches, eux, s’habitent toujours à Mare-Chicose avec 22 autres familles. Contrairement à d’autres habitants, la famille Motee, elle, n’est pas propriétaire de terrain. En 2010, le gouvernement d’alors avait promis de les réinstaller à Marie-Jeannie. Las d’attendre, en décembre 2017, soit 18 ans après, Sawan, accompagné de ses oncles et d’autres proches, s’est rendu au bureau de Citizen Advise Bureau (CAB) pour s’enquérir de la situation. « Nou ti zwinn minis Seeruttun, PPS Boygah pour dimann zot kifer pe tarde pou reloz nou. Zot ti dir nou ki finn refer nou dosie minis lozeman. Ziska zordi pa pe tan nanie. Zot finn blie nou. »

En attendant, dit-il, la santé de ces vieilles personnes, dont son père de 70 ans et ses oncles, qui sont dans la même tranche d’âge, se fragilise chaque jour. « Ils vivent dans l’angoisse. Ils craignent que nous, la jeune génération, n’arrivions pas à trouver un endroit pour être relogés. Une situation très éprouvante pour eux comme pour nous. On ne sait plus à quelle porte frapper », explique Sawan.

Le plus gros problème auquel font face les habitants qui sont toujours à Mare-Chicose est l’irrégularité des autobus qui desservent cet endroit, que ce soit le matin ou dans l’après-midi. Anil Calloo, qui habite dans ce village presque abandonné, vient tout juste de recevoir une lettre pour son relogement à Marie-Jeannie. Il a attendu avec impatience, presque une décennie, le moment de quitter les lieux. Ce père de trois enfants est très remonté contre l’attitude de certains chauffeurs d’autobus de la route 87 (St-Hilaire -Curepipe) qui ne respectent pas les horaires. « Mo bizin al depoz mo bann zanfan New-Grove pou ki zot gagn bis. Parfwa nou bizin telefon lapolis St-Hubert pou dir zot telefon proprieter bis. Malgre sa, parfwa zot pa vini. »

Sa fille, qui fréquente un établissement à Rose-Belle, confirme : « Nous arrivons souvent en retard à l’école. Nous ne comprenons pas pourquoi la NTA ne réagit pas. En attendant, les travailleurs et les élèves sont pénalisés », renchérit son père. Mare-Chicose est devenu presque un village fantôme avec ses 22 familles qui restent. Anil reconnaît qu’il y a beaucoup d’effort qui a été fait pour que le village ne soit pas envahi comme avant par l’odeur nauséabonde qui émane du centre d’enfouissement. « Cela ne veut pas dire que nous menons une vie tranquille. Avec des tonnes de déchets qui sont enfouis, le problème du transport, le va-et-vient de camions, la vie devient de plus en plus difficile. Cela fait mal de quitter ce lieu où j’ai grandi. Je n’ai pas le choix. Je dois partir pour assurer l’avenir de mes enfants et pour qu’ils grandissent dans un meilleur environnement. »

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