Marie-Noëlle Elissac-Foy (candidate au village de Crève-Cœur) : « Je vis une aventure humaine et d’amitié »

Public Relations Director de The Talent Factory Ltd et récemment Chartered Practitionner & Member Of Chartered Institute Of Public Relations, Marie-Noëlle Elissac-Foy est candidate aux villageoises à Crève-Coeur, et ce sous l’emblème parasol. Crève-Cœur l’ayant adoptée, Marie-Noëlle veut rendre à la communauté ce qu’elle lui a apporté, en vivant cette participation aux villageoises comme « une aventure humaine et d’amitié ». Sa vision est de développer Crève-Cœur en un tourisme de proximité, tout en revalorisant les petits planteurs et en souhaitant voir l’émergence des Smart Villages.

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1/3 des sièges étant réservés aux femmes depuis 2012, Marie-Noëlle Elissac-Foy évoque « la nécessité » d’une campagne des ministères des Collectivités locales et de l’Égalité des Genres « pour encourager les électeurs à faire confiance aux femmes qui représentent 52% de l’électorat ». Se décrivant comme une citoyenne engagée, elle milite aussi contre la violence faite aux femmes à travers Platform Stop Violans Kont Fam, et ce en étant pour l’introduction du bracelet électronique, comme une solution intermédiaire, face à l’inefficacité des Protection Orders. Et d’insister qu’étant élue conseillère ou pas, sa plus belle victoire « reste ma proximité avec les villageois de Crève-Cœur », avec le souhait qu’il y ait « plus de programmes de sensibilisation au village, et aussi d’autres programmes d’Empowerment et de leadership pour les jeunes filles et les femmes ».

Pourquoi vous présentez-vous aux villageoises ?
Six ans de cela, mon mari et moi avions fait le pari de quitter la ville pour vivre à Crève-Cœur. Avant de découvrir ce village, nous avions littéralement fait le tour de l’île, à la recherche d’un autre mode de vie. Cela fait six ans que notre vie a changé. Nous avons été adoptés par Crève-Cœur parce que les habitants ont fait de moi une des leurs. Je choisis aujourd’hui de participer aux élections du village pour rendre à la communauté de Crève-Cœur ce qu’elle m’a donné. Je vois tout le potentiel du village et de ses habitants et je vois aussi ce qui nous manque aujourd’hui dans le village. Cela peut paraître cliché, mais c’est vraiment le sens de mon engagement. J’aimerais que les Mauriciens voient Crève-Cœur comme moi je le vois. Je tiens aussi à expliquer que cette participation est avant tout et surtout, une aventure humaine et d’amitié. Je me présente aux côtés de Dev Jeeavoo, ancien président du Conseil de Village. Dev est le tout premier villageois que j’ai rencontré, il y a six ans, lorsque je suis venue visiter mon terrain. Dev est celui qui, avec son grand sourire, m’a dit : « Madam, vinn res isi. Ou pou bien isi. » C’est lui qui nous a introduits à tout le village. Impossible de lui dire non quand il vient me chercher pour intégrer son équipe. C’est une équipe composée de candidats d’expérience et de nouveaux venus. Ce qui est très intéressant.

Par votre participation, que comptez-vous, en tant que femme, apprendre à votre village ?
Pour l’instant, avec les après-midis de porte-à-porte, ce sont les habitants qui m’apprennent beaucoup de choses sur l’histoire du village. Je veux surtout apporter un peu de mon expérience à Crève-Cœur. C’est un village avec énormément de potentiels, ouvert sur toute l’île Maurice grâce à l’autoroute Terre-Rouge/Verdun. Un potentiel touristique local. On devrait accueillir des Mauriciens pour découvrir tous les beaux panoramas de Crève-Cœur et développer un tourisme de proximité. Ici, j’ai vu comment les planteurs travaillent dur. Avec la COVID-19, il faut revaloriser aussi les petits planteurs de Crève-Cœur, qui pourraient jouer un rôle important pour assurer la sécurité alimentaire de la région, et ce en s’associant avec les autres villages voisins. On devrait aussi intéresser les jeunes à l’entreprenariat. Il faut un vrai projet de développement, une vision pour Crève-Cœur. On parle souvent de Smart City. À quand des Smart Villages ?

Est-ce un tremplin pour les élections générales ?
Pas du tout ! Non. Je vais dans ces élections villageoises, avant tout, parce que je veux apporter une contribution à Crève-Cœur. C’est tout. Je n’ai pas de couleur politique et cela me va bien comme ça ! De plus, 2020 n’est pas une année comme les autres. La pandémie vous oblige à penser à ce que vous voulez réaliser dans la vie. Étant donné que l’on ne peut pas savoir quand auront lieu les prochaines élections villageoises, je me suis dit, c’est le moment ou jamais ! Et je sais que je m’en serais voulu si je n’avais pas tenté ma chance cette fois-ci.

1/3 des sièges sont réservés aux femmes depuis 2012 mais une seule a été présidente du Conseil de District. Comment interprétez-vous cela ?
Ces élections villageoises sont les deuxièmes qui se tiennent depuis l’instauration du Gender-neutral Quota en 2012. Une avancée dans la loi mais pas sur le terrain. C’est dommage. C’est encore trop tôt pour voir l’impact de ce quota. Il ne suffit pas d’introduire le quota et appuyer cela par une campagne de sensibilisation et de la valorisation de la contribution des femmes dans les villages et les villes. Les mentalités doivent changer. Il faudrait une campagne des ministères des Collectivités locales et de l’Égalité des Genres pour encourager les électeurs à faire confiance aux femmes.

Pensez-vous que, pour les élections générales également, il faut avoir un quota réservé pour les femmes ?
Oui, définitivement. C’est le seul moyen. Une femme sur trois. 20 candidates sur 60. C’est inacceptable que les grands partis n’arrivent pas, d’eux-mêmes, à aligner 20 candidates. Sans ce mécanisme qu’est le quota, les leaders continueront à trouver des excuses, tout en se faisant élire avec les votes des femmes qui représentent 52% de l’électorat.

En tant que femme, comment êtes-vous accueillie sur le terrain ?
Très bien. Dans chaque interaction, je rappelle que c’est important que les femmes aient un siège au conseil de village. À Crève-Cœur, les femmes sont actives et dynamiques. Je suis ravie d’avoir deux colistières représentatives du village – Nandini, Bus Controler, et Sweety, notre marchande de légumes. On se découvre beaucoup de points communs et une même volonté d’améliorer la vie dans le village. C’est une belle expérience humaine que je vis. C’est aussi une aventure enrichissante en tant que Mauricienne. Crève-Cœur, c’est aussi le vivre-ensemble. Que Marie-Noëlle se retrouve aux côtés de Dev, Govind, Kiran… est, je l’espère, un pied de nez à ceux qui veulent semer la haine communale. Ici, dans Crève-Cœur, nou tou enn sel. C’est important dans une période où certains veulent diviser le pays.

Vous avez toujours milité contre la violence domestique. Comment, en tant que conseillère de village, pourriez-vous mener ce combat à un plus haut niveau ?
Conseillère ou pas, mon combat restera le même. Je demeure une citoyenne engagée avant tout. La violence envers les femmes est partout, et même à Crève-Cœur. Hélas. D’où l’importance d’apporter plus de programmes de sensibilisation ici au village, avec aussi d’autres programmes d’Empowerment et de leadership pour les jeunes filles et les femmes. Avec la Platform Stop Violans Kont Fam, nous avons pu donner notre point de vue au consultant travaillant sur la stratégie nationale au bureau du Premier ministre. Nous comptons demander l’introduction du bracelet électronique, comme une solution intermédiaire, face à l’inefficacité des Protection Orders.

Il y a trois projets en faveur des enfants, notamment l’âge légal du mariage fixé à 18 ans , le Children’s Court Bill, le Child Sex Offenders Register Bill. Votre opinion sur ces trois projets de loi en faveur des enfants ?
C’est une avancée pour notre société. On s’aligne enfin sur les normes internationales. La ministre Konjoo-Shah a eu le courage d’aller jusqu’au bout. Et cela se fait en un an de mandat. C’est un signal fort.

Si vous êtes élue, quel sera l’essentiel de vos priorités ?
À Crève-Cœur, il y a un véritable problème dans la fourniture d’eau, l’absence de drains et les routes non asphaltées. Ne pas avoir d’eau pendant deux à trois jours, c’est la réalité de nombreuses familles du village. C’est une vraie détresse pour certains. C’est une vraie problématique qui ne date pas d’hier. Il faudrait un plan stratégique pour revoir l’approvisionnement en eau du village. Et aussi, une grande campagne de sensibilisation sur l’environnement et la gestion des déchets. De plus, je pense qu’il faudrait aussi étudier l’impact économique et social de la pandémie sur le village.

Quelle sera votre vision en termes de projets après les villageoises ?
Au niveau des projets, je préfère parler de la vision de notre équipe. Nous avons identifié des projets comme la construction d’une salle de futsal, d’un parcours de santé et d’un jardin familial, entre autres. Nous sommes également pour le développement de projets agrotouristiques ici. Crève-Cœur a toujours été connu pour ses plantations. Les Mauriciens devraient découvrir ce milieu avec une offre touristique bien définie – visite, restauration, hébergement, vente de produits agroalimentaires. De plus, il y a des éléments d’histoire et de patrimoine à valoriser, des vestiges des usines sucrières, des traces des premiers immigrants indiens dans le village, un passage entre les villages à revaloriser. Sans oublier, ce majestueux Pieter Both qui veille sur le village. Il y a une belle expérience à vivre ici.

Et quelles seront les leçons à retenir en cas d’échec ?
L’issue du scrutin importe, c’est vrai. Mais cela est moins important que ce que je vais gagner. Je suis partie pour des jours de porte-à-porte pour rencontrer tous les habitants de Crève-Cœur. Et ça, c’est déjà une belle victoire.

Terminons sur une note folklorique, pourquoi avoir choisi l’emblème Parasol ?
Pour le côté folklorique, je suis dans Lekip Parasol. Eh oui, si ena soley, ou bizin parasol. Si ena lapli, ou bizin parapli !

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