Médecine : Surplus de jeunes médecins contre manque de spécialistes

Quelque 642 demandes pour seulement 41 postes vacants de Medical & Health Officer dans le secteur public. C’est le chiffre qu’a récemment enregistré la PSC. Alors que le pays compte plus de 3 000 médecins, incluant les spécialistes, plus de 2 500 jeunes poursuivraient leurs études dans le domaine à Maurice et à l’étranger.

- Publicité -

En dépit de cette saturation apparente, des médecins soulignent « une pénurie » de spécialistes et de super-spécialistes dans un pays qui ambitionne de devenir un “medical hub”.

Ainsi, un manque d’organisation et d’informations en termes des réels besoins du pays est décrié. Alors qu’on parle de saturation du marché, le Dr Bhooshun Ramtohul, vice-président de la Government Medical Consultant in charge Association, prévoit que, dans quelques années, il y aura « un manque aigu » de médecins. « La jeune génération ne veut plus entendre parler de la médecine, car les médecins sont très mal rémunérés », dit-il. Commentant les trois examens après la formation de médecin, il considère que c’est « tuant », précisant se pencher davantage sur un seul examen.

S’agissant de l’obligation pour un spécialiste formé en Europe de faire l’internat et de passer un examen s’il veut exercer à Maurice, il estime que « ce serait ridicule que des chefs de service doivent refaire l’internat quand ils viennent à Maurice ».

À ce sujet, le Dr Dawood Oaris, directeur de la clinique Chisty Shifa et président de l’Association des cliniques privées, a une opinion toute différente. « Je suis en faveur d’uniformiser la loi pour tous. Il ne faut pas faire d’exception pour un pays. Vous sortez de tel pays, vous vous considérez très bon, alors passez l’examen », avance-t-il. Concernant le surplus de médecins, le Dr Oaris propose « une entente privée et gouvernementale pour mettre en place des “family doctors” ».

On peut aussi, ajoute-t-il, employer des médecins dans les usines, les compagnies, les hôtels… Il recommande aussi l’encouragement de la super-spécialisation, qui fait défaut actuellement. Le Dr Vasant Bunwaree, spécialiste en cardiologie, a, lui, en tête un système dans lequel il n’y aurait « pas d’excès » de médecins à Maurice. « Si on divisait Maurice en plusieurs zones, avec un certain nombre de médecins dans chacune d’elles, il y aurait même une pénurie de médecins », soutient-il. Et de souligner qu’il y a des disciplines obligatoires comme l’endocrinologie qui « font défaut » à Maurice.

S’agissant de l’internat imposé aux spécialistes avant qu’ils ne puissent exercer, le Dr Bunwaree estime qu’il serait « bon que ces médecins soient formés pendant quelques semaines pour maîtriser les pathologies du pays et non pendant 18 mois pour ensuite passer un examen ». Il estime qu’on « ne peut diminuer un spécialiste qui a son diplôme, qui a réussi à tous ses examens et le traiter comme un moins que rien ici ».

DR BHOOSHUN RAMTOHUL : « À l’avenir, il y aura un manque aigu de médecins »

La PSC a enregistré 642 demandes pour 41 postes vacants de Medical & Health Officer. Le pays compte plus de 3 000 médecins, sans compter plus de 2 500 étudiants dans le domaine. Le marché est très saturé…
S’il y a 642 demandes auprès de la PSC pour 41 postes, cela veut dire que le reste restera sur le marché. Il y a de jeunes médecins qui travaillent dans des centres d’appels, dans des magasins… Sans expérience, ils ne peuvent pas non plus travailler dans le privé, où il faut que les patients soient impressionnés. Et, un patient soigné entraînera 100 autres patients. Moi, je dis que ce surplus dont on parle aujourd’hui est superficiel. Dans cinq à sept années, il y aura une pénurie de médecins. La jeune génération ne veut plus entendre parler de la médecine, car les médecins sont très mal rémunérés. Un généraliste, après cinq ans d’études et un an et demi d’internat, perçoit Rs 40 000 et une “travelling allowance” de Rs 12 000 environ, soit Rs 52 000. Quant au spécialiste, après onze ans d’études environ, s’il travaille dans le public, il a un “top salary” de Rs 95 000. Dix ans après, il peut devenir chef de service avec un salaire de Rs 101 000. Avec une telle rémunération, quand vous comparez aux autres salaires, il y a d’autres filières qui sont mieux payées. À l’avenir, il y aura un manque aigu de médecins.

Toujours est-il qu’actuellement, il y a un surplus de médecins.
C’est parce que c’est un secteur fermé. À part le secteur public où le médecin doit passer par la PSC pour être recruté, il n’y a pas beaucoup de perspectives pour les jeunes. Par ailleurs, dans les hôpitaux, chaque année, il y en a qui partent pour l’étranger et qui ne reviennent pas.

Dans le passé, des médecins se sont plaints du niveau des plus jeunes. Est-ce que les examens à l’entrée et à la fin de l’internat ont permis de changer la donne ?
Je suis dans le métier depuis longtemps. J’ai même été membre du Medical Council. Auparavant, tout le monde pouvait faire la médecine sans passer par le Medical Council. Il y a même d’anciens médecins qui n’avaient pas leur HSC. Pour revenir à la question, il y a deux manières de penser. La première, c’est qu’il est bon de passer un examen avant de commencer l’internat, un autre quand vous terminez l’internat et un troisième quand vous vous portez candidat à un poste dans le secteur public à travers la PSC. Il est bien d’avoir des médecins qui soient à la hauteur mais, de l’autre côté, c’est tuant. C’est la seule profession où il y a trois examens. Quand vous pensez que ces jeunes, après six ans d’études, auront trois examens encore… Pourquoi cela s’applique-t-il en médecine seulement, et pas pour les pharmaciens ou les avocats par exemple ? Pourquoi pas pour les autres professions ? Personnellement, je suis contre tous ces examens. On aurait dû faire passer un seul examen et non pas créer la frustration.

Que pensez-vous de la polémique autour des médecins mauriciens spécialisés en Europe qui, sauf s’ils ont trois ans de pratique, doivent suivre un “preregistration course” d’au moins 18 mois à Maurice et passer un examen avant d’être enregistrés comme médecin ?
C’est la loi à Maurice, c’est la Medical Council Act. Je suis d’accord qu’il faut la respecter mais il y a un espace à revoir. Il faut amender la loi. On demande aux spécialistes de France qui exercent déjà en tant que tel de faire l’internat à Maurice, cela me semble un peu ridicule. Quand vous êtes spécialiste dans un pays étranger et que vous revenez dans votre pays, on vous dit de passer l’internat. J’accepte la loi. On ne peut passer outre la loi de Maurice mais quand je pense qu’on perdra des médecins ainsi, d’autant plus qu’on a dépensé beaucoup d’argent à travers des bourses d’études accordées aux étudiants… Ce serait ridicule que des chefs de service doivent refaire l’internat quand ils viennent à Maurice. Il faut une entente entre les médecins concernés, le Medical Council et le ministère de la Santé. Je demande au président du MC, aux représentants du ministère de la Santé au niveau du MC et aux représentants du SLO de revoir la loi.

Quelles solutions pour les médecins qui ne trouvent pas de travail à Maurice ? À un moment, sous l’ancien gouvernement, on avait parlé d’exporter nos jeunes médecins vers les pays d’Afrique, ce qui leur permettrait à la fois d’acquérir de l’expérience et de trouver du boulot. Qu’en pensez-vous ?
Allons dire que les parents ont dépensé énormément dans le financement des études de leurs enfants et quand ceux-ci ont terminé, ils doivent aller dans un pays d’Afrique. C’est aberrant. Dans la santé publique, il y a un Human Ressource Manager. À l’époque, il y avait un nombre de postes établis. Pour augmenter ce nombre, il faut que le HR, avec l’aide de l’administrateur, fasse une demande au Civil Service. Il devrait y avoir une prévoyance. Autrefois, on travaillait avec cinq spécialistes dans chaque hôpital. Maintenant, avec notamment le nombre d’accidents et le vieillissement de la population, la demande est bien plus.

Quels sont les domaines de spécialisation où il y a une pénurie de médecins ?
Il y a un manque de gynécologues, d’anesthésistes et même de “cardio-thoracic surgeon”. Aujourd’hui, ici, à l’hôpital, il n’y a aucun “cardiac surgeon”. Nous avions un spécialiste allemand qui assurait cette tâche mais comme il n’a pas eu ses points requis en Continuing Professional Development Activities (CPD), il chôme. Or, il y a des patients qui ont besoin de lui mais il ne peut travailler. Le ministère n’a-t-il pas vu qu’on n’a pas de “cardio-thoracic surgeon” ? Pourquoi n’a-t-on pas initié des actions pour recruter ou envoyer des jeunes pour des études dans ce domaine ? On parle de “medical hub” mais il n’y a pas de prévoyance pour des super-spécialisations ! Depuis longtemps, je demande que l’on se concentre dessus !

DR DAWOOD OARIS : « Il faut encourager la super-spécialisation »

La PSC a enregistré 642 demandes pour 41 postes vacants de Medical & Health Officer. Le pays compte plus de 3 000 médecins, sans compter plus de 2 500 étudiants dans le domaine. Le marché est très saturé. Comment expliquer un tel engouement ?
C’est une profession très noble, car cela implique des études très poussées. Prenons les spécialistes, dépendant des pays, il faut trois à quatre ans de plus, parfois 18 mois, parfois 7 ans de plus pour devenir spécialiste. On peut aussi faire trois ou quatre ans supplémentaires pour devenir super-spécialistes. Il y a un intérêt pour le métier lui-même et non pour l’argent, car ce n’est plus une profession qui rapporte beaucoup d’argent, surtout à Maurice où le marché est très restreint. Si vous parlez d’un pays comme l’Inde, l’Amérique ou la France, où vous avez un grand marché, vous pouvez faire des développements. Mais, tel n’est pas le cas pour Maurice. Regardez tous ces lauréats. Une bonne partie veut faire la médecine même si c’est saturé.

Vous êtes directeur de la Chisty Shifa Clinic. Est-ce qu’effectivement, vous recevez beaucoup de demandes pour des postes de médecin à la clinique ?
Oui, il y a beaucoup de demandes mais les postes dans les cliniques privées sont très limités. Il y a beaucoup de jeunes qui ont terminé leurs études, qui viennent de s’enregistrer auprès du Medical Council et qui n’ont pas de boulot. Ce n’est pas facile de travailler dans le privé et de se faire une clientèle. Il y a des compétitions. Malheureusement, le gouvernement ne peut pas prendre beaucoup non plus. Il est limité par un budget.

Quelles sont les solutions face à ce surnombre de médecins, dont beaucoup ne trouvent pas de travail ?
Il y a des développements à faire. Les “family doctors” et le National Health Scheme peuvent être une solution. Il faut une entente privée et gouvernementale pour mettre en place des “family doctors” qui regardent un petit groupe de personnes. C’est le système qui doit changer complètement. Il faut créer des débouchés, employer des médecins dans les usines, les compagnies, les hôtels…

À un moment, sous l’ancien gouvernement, on avait parlé d’exporter nos jeunes médecins vers les pays d’Afrique, ce qui leur permettrait à la fois d’acquérir de l’expérience et de trouver du boulot. Qu’en pensez-vous ?
On en a parlé plusieurs fois. Pourquoi pas ? Mais les Mauriciens n’aiment pas aller travailler dans d’autres pays. Je ne suis pas d’accord quand on dit qu’il y a trop de spécialistes à Maurice. Ce n’est pas vrai. Maintenant, il y a la super-spécialisation qui est plus connue dans le monde. Il faut encourager vers les super-spécialisations. Il y a beaucoup de progrès dans les hôpitaux publics mais il faut encourager la super-spécialisation qui fait défaut actuellement. Des spécialistes pourraient se super-spécialiser dans certains domaines, car, dans la médecine, il y a toujours des nouveautés.

Quels sont les domaines où il y a une pénurie de spécialistes et de super-spécialistes ?
Il y a par exemple une pénurie de neuro-chirurgiens et de néphrologues. On fait tellement de dialyses à Maurice et il manque de néphrologues. Quant à la super-spécialisation, elle serait la bienvenue dans tellement de domaines comme la chirurgie, le cancer. Autrefois, on parlait d’ORL (ENT), aujourd’hui, de “Head and Neck”, “Skull surgery”… Il y a tellement de nouveautés. Je comprends, il y a une restriction au niveau du budget.

On voit donc un paradoxe : d’un côté un surplus de médecins qui ne trouvent pas de boulot et, de l’autre, une pénurie au niveau des spécialisations et super-spécialisations…
Dans les pays avancés, il y a beaucoup de spécialistes. Le problème, c’est que la clientèle pour des spécialistes est très restreinte. Naturellement, le gouvernement doit donner plus “d’incentives”. En Inde, par exemple, on donne des “tax credits” de dix ans. Le médecin s’implante, travaille… C’est déjà bien que les fonctionnaires aient une assurance médicale. Aujourd’hui, nous sommes arrivés à presque 30% à 40% de la population qui sont assurés. Dans les cliniques, 50% des patients le sont. À noter que “l’out of pocket” dans le privé est plus que dans le gouvernement.

Que pensez-vous de la polémique autour des médecins mauriciens spécialisés en Europe qui n’ont pas trois ans de pratique et qui doivent suivre un “preregistration course” d’au moins 18 mois à Maurice et passer un examen avant d’être enregistrés comme médecin ?
C’est une façon de régulariser les personnes qui viennent travailler. Je suis en faveur d’uniformiser la loi pour tous. Il y a des étudiants de l’UoM qui prennent ces examens même s’ils ont étudié à Maurice. On ne peut pas choisir un pays, la France ou l’Angleterre. Pourquoi pas l’Irlande, pourquoi pas la Norvège par exemple ? Il ne faut pas faire d’exception pour un pays. Vous sortez de tel pays, vous vous considérez très bon, alors passez l’examen. Si vous avez passé l’examen dans un pays et que vous avez travaillé dans ce pays pendant trois ans et que vous venez à Maurice, l’internat est accepté. Mais, il faut prouver que votre internat est comme celui qu’on fait à Maurice.

Dans le passé, des médecins chevronnés se plaignaient du niveau des plus jeunes. Avez-vous de jeunes médecins à la clinique ? Est-ce que les examens à l’entrée et à la fin de l’internat ont permis de changer la donne ?
J’en ai de plusieurs pays. Avec l’internat et ces deux examens, définitivement, le niveau est là contrairement à autrefois. Il y a un rehaussement définitivement. Tous les pays ont ces examens d’entrée. Vous avez cité 642 candidats pour 41 postes à travers la PSC, cela sera difficile.

Devrait-on dissuader les jeunes à faire de telles études pour le moment ?
Ce serait difficile. D’abord, on avait essayé d’établir un nombre de points, d’exiger le HSC pour faire des études en médecine. Il y a certains pays qui ne sont pas reconnus maintenant. On a déjà commencé à faire quelque chose. Il y a aussi les Continuing Professional Development Activities (CPD) qui sont intéressantes. Donc, ce n’est pas un rehaussement de niveau avec seulement les jeunes mais avec les médecins pratiquants aussi. Il faut élever le niveau de la médecine à Maurice. On ne peut continuer avec ce qu’on avait.

DR VASANT BUNWAREE : « Revoir le système et inventer de nouvelles spécialités »

La PSC a enregistré 642 demandes pour 41 postes vacants de Medical & Health Officer. Le pays compte plus de 3 000 médecins, sans compter plus de 2 500 étudiants dans le domaine. Le marché est très saturé…
Le système de santé est mauvais. Il n’y a jamais eu de grande réforme. Nous, au niveau du PTR, on n’est pas satisfait du tout du système. Dans celui que je proposerais, il n’y aurait pas d’excès de médecins à Maurice. Au contraire, il y aurait un manque en fonction non seulement des généralistes mais aussi des spécialistes. Il y a des disciplines obligatoires qui n’existent pas à Maurice comme l’endocrinologie. Il y a seulement une poignée de tels médecins alors qu’on aurait besoin d’une centaine. Il n’y a pas de service d’endocrinologie à Maurice. Les maladies infectieuses sont regroupées dans la médecine générale. Ce qui veut dire que ce ne sont pas des spécialistes dans le domaine qui ont la responsabilité de ces maladies. C’est donc le système qui est à revoir.

Quelles solutions concevez-vous pour régler ce problème de surplus de médecins, dont beaucoup, surtout des jeunes, peinent à trouver de l’emploi ?
Moi, je préconise les médecins de famille. Quand je suis arrivé au Parlement pour la première fois, en 1987, j’étais un jeune cardiologue. En tant que “backbencher”, mon “maiden speech” était axé sur la médecine à Maurice. Si on regarde mon discours, on verra que tout ce que j’avais dit à l’époque est toujours d’actualité. À l’époque, j’avais parlé de médecin de famille. Si on divisait Maurice en zones avec un nombre de médecins dans chacune d’elles, il y aurait même une pénurie de médecins. Mais, ceux-ci doivent être formés, avoir le même niveau. Même s’ils ont tous leurs diplômes, dans le nouveau système, ils auraient besoin d’une certaine formation. Ils n’auraient pas eu à se porter candidats auprès de la PSC. Vous allez chez votre médecin de famille qui se trouve près de vous. Et, si vous avez une urgence et nécessitez d’un test spécialisé, par exemple, une gastroscopie parce qu’il y a un ulcère qui se forme, c’est le médecin de famille qui organise tout cela. Vous n’avez pas à aller plusieurs fois à l’hôpital. Comme en France, vous payez le médecin et vous vous faites rembourser. En Angleterre, vous n’avez pas à payer. Je préfère cela. On peut trouver un système mixte aussi, le médecin ayant la possibilité de travailler pour l’État et en privé. Quelques fois, on peut aimer un médecin mais celui-ci ne se trouve pas dans sa région. On doit permettre le choix au patient. Dans ce cas, il paye lui-même. Mais l’État assure un médecin près du patient. Ce médecin connaîtrait ses antécédents et ceux de sa famille.

Dans le passé, des médecins se sont plaints du niveau des plus jeunes. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Il y a beaucoup de niveaux. Ce qui manque, c’est qu’il faudrait qu’avant que les jeunes puissent exercer de façon indépendante, une autre formation doit venir s’y ajouter. Mais, pendant cette formation qui peut durer entre six mois et deux ans, le jeune médecin serait embauché sous la responsabilité d’un senior. Une fois bien formé, il peut travailler pour lui et on peut le poster dans un quartier. Ce qui fait que, dans le quartier, il y aurait des médecins ayant déjà des compétences. Le système doit être revu de fond en comble. Il faut réorganiser le système et inventer de nouvelles spécialités. Moi-même, j’observe en ce moment plusieurs cas de problème de thyroïde. Mais, il n’y a pas de vrais spécialistes pour cela à Maurice. Si je les réfère à un collègue, il sera comme moi. Je préfère travailler de concert avec un collègue à l’étranger. Mais, ce n’est pas normal. Il aurait dû y avoir des endocrinologues, des spécialistes de maladies infectieuses, etc. D’autre part, il y a des spécialités qui ont de super-branches. Il y a des cardiologues qui font des traitements des varices à merveille. Autrefois, celles-ci étaient traitées par des chirurgiens. À l’étranger, tel n’est pas le cas. Je connais de jeunes cardiologues qui s’installent à l’étranger et qui ne font que le traitement des varices. Il y a tellement à faire.

Que pensez-vous de la polémique autour des médecins mauriciens spécialisés en Europe qui, sauf s’ils ont trois ans de pratique, doivent suivre un “preregistration course” d’au moins 18 mois à Maurice et passer un examen avant d’être enregistrés comme médecin ?
Moi, je suis spécialiste formé en France. À mon époque, j’avais fait sept ans de spécialité sans avoir échoué un seul examen, ayant été en avance sur mes certificats. Il y avait une quinzaine de certificats à faire après les deux premières années. Les deux premières années comprennent les sciences basiques. Ce n’est qu’après qu’on entre dans le système. Il y a donc plusieurs certificats à préparer (maladies infectieuses, dermatologie, cardiologie, maladies pulmonaires, etc.). Certains durent trois mois, d’autres six mois. Il faut les réussir. J’avais tout fini en sept ans, avant l’heure. Mais, ce n’est que la théorie. Donc, après les six ans d’études, il y avait un an de stage interné (Internship) qu’on faisait en France même. Aujourd’hui, il paraît qu’on peut se rendre dans un hôpital d’un autre pays à condition que ce soit validé par l’université. Durant cette année, vous êtes comme un jeune médecin qui travaille. Maintenant, il semblerait que ce stage interné soit encore plus long. Mais tant que le médecin reste en France, dans le système, il n’y a pas de problème mais quand il vient à Maurice, on lui demandera où il a fait son stage interné.

Vous êtes donc d’accord avec l’idée que ces médecins doivent suivre un “preregistration course” d’au moins 18 mois à Maurice et passer un examen ?
Non, je ne suis pas du tout d’accord parce qu’ils sont déjà qualifiés. Mais, il faut amender la loi pour montrer que cet internat qu’on demande à Maurice est déjà complété là-bas, cela appuyé par des attestations. La loi est floue dessus. N’empêche, quand le médecin vient à Maurice, il faut quand même que ces médecins soient formés pendant quelques semaines, car ils ne maîtrisent pas les pathologies du pays. Tout comme ceux qui ont fait leur “bar” en Angleterre, il leur est demandé de faire un “pupillage” ici. Mais, on ne peut diminuer un spécialiste qui a son diplôme et qui a réussi à tous ses examens et le traiter comme un moins que rien ici. Ce n’est pas correct.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -