Mgr Stenio André (évêque de Maurice) : « La jauge autorisée doit tenir compte de l’espace disponible »

L’évêque de Maurice, Mgr Sténio André, accueille avec joie l’ouverture des lieux de culte depuis le 1er juillet. Il souhaite que les chefs religieux soient autorisés à décider du nombre de personnes que les lieux de culte peuvent contenir en tenant compte du respect strict des mesures sanitaires. Il annonce l’ouverture de la cathédrale Saint-James, à Port-Louis, en septembre prochain.

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Comment se présente la réouverture des lieux de culte ?
C’est avec joie que nous reprenons nos célébrations. Nous nous organiserons pour avoir deux célébrations eucharistiques par dimanche. À l’église Saint-Thomas, à Beau-Bassin et à l’église de Saint-Paul, à Plaine-Verte, des célébrations sont prévues les samedis. Au niveau du diocèse, nous prévoyons une célébration en ligne à l’intention de ceux qui resteront à la maison. Nous choisirons une nouvelle paroisse chaque semaine pour la célébration en ligne soit à 8h30 ou 9h00.
Pour les célébrations, nous reprendrons le protocole sanitaire pratiqué après le premier confinement. La seule différence est qu’on prendra le nom de ceux qui seront présents à la messe. Cela facilitera le “contact tracing” dans l’éventualité où il y aurait un problème.

Cette reprise permet aussi d’alléger la gestion du diocèse de Maurice ?
C’est vrai que le gouvernement nous assiste partiellement grâce au WAS. À part cela, nous disposons de très peu de revenus pour l’entretien des églises et les salaires du personnel. Les dons que nous recevons sont très minimes. Avec cette reprise, nous pourrons reprendre aussi bien spirituellement que matériellement.

Comment se présente l’avancement des travaux à la cathédrale Saint-James ?
Les travaux en cours à la cathédrale Saint-James font partie d’un projet séparé. Nous mettons actuellement les bouchées doubles pour terminer les travaux au début de septembre. Nous avons toujours besoin de fonds. Nous entamerons bientôt notre troisième phase de levée de fonds. On aura besoin encore de cinq à sept millions de roupies pour compléter les travaux.

Comment le diocèse de Maurice a vécu ces quelque cinq mois de confinement ?
En premier lieu, cela a été très dur, plus dur que le premier confinement. L’année dernière, nous n’avions aucune information sur le virus. Nous avions peur et nous nous sommes renfermés. Or durant le deuxième confinement, alors que les églises étaient fermées et qu’on ne pouvait prier en communauté, on voyait tous le monde dehors dans les transports publics et dans les supermarchés. Cela a eu des retombées sur le moral des fidèles. Nous nous disions : « Pourquoi pas nous ? » Je peux vous dire que le découragement était palpable.
Nous les chrétiens, nous accordons une grande importance à vie communautaire. Nous avions noté que même les célébrations en ligne étaient très suivies au début mais au fil des semaines, l’assistance a diminué. Beaucoup de jeunes ont abandonné les célébrations en ligne. Nous avons noté toutefois que les personnes âgées, les aînés ont été les plus fidèles. On verra maintenant comment cela se passera à partir de ce week-end avec une assistance de 50 personnes. Nous respecterons les consignes.

Ce sera donc des réunions en petites communautés…
Absolument, ce sera plus intime. Il est dommage toutefois que les autorités n’aient pas songé à autoriser un plus nombre de personnes en tenant compte des espaces disponibles. Je pense à nos frères de l’Église catholique et je trouve dommage que seulement 50 personnes puissent assister à la messe en la cathédrale Saint-Louis ou dans d’autres grandes églises ou basiliques.
Qu’est-ce qui aurait empêché les officiers sanitaires de venir faire des visites et de se rendre compte de l’espace disponible ? Nous aurions pu accueillir plus de personnes tout en respectant scrupuleusement les barrières sanitaires et le protocole définis. Mais on se débrouillera avec 50 personnes.

Est-ce qu’il y a eu des consultations préalables avec les autorités religieuses avant l’ouverture ?
Ces rencontres avec les autorités de l’État auraient été bienvenues. Lors du premier confinement, il y a eu des rencontres préalables avec le président de la République et les membres du gouvernement. Cette fois-ci, du moins en ce qui me concerne, il n’y a eu aucun contact. Je crois qu’une rencontre avec les leaders religieux aurait permis à chacun de faire des propositions, d’établir un dialogue et de trouver une solution ensemble.
Cette fois, nous avons appris l’ouverture des lieux de culte à la télévision comme tout le monde. Mais nous respecterons les règles établies comme nous l’avions fait pour les fêtes religieuses. Comme vous le savez, que ce soit les hindous, les musulmans et les chrétiens, nous avions célébré des fêtes religieuses importantes sans pouvoir nous rendre dans nos temples, nos mosquées et nos églises. C’est une souffrance que nous avons acceptée dans l’intérêt de la population.

Avez-vous un message à transmettre ?
J’espère qu’on retrouvera bientôt nos assemblées normalement. On nous a demandé de vivre avec le virus. Si nous sommes en mesure d’ouvrir les frontières, il faudrait aussi qu’on puisse ouvrir les églises en observant strictement les règles sanitaires Laissez les responsables religieux décider du nombre de personnes qu’ils sont en mesure d’accueillir en tenant compte des espaces dont ils disposent.

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