Michaël Lafrance, apiculteur : « Une sensibilisation autour de la protection des abeilles »

Les sentinelles, c’est ainsi qu’on nomme les abeilles qui veillent à la protection de notre environnement. Cet insecte fascinant captive les hommes de par sa capacité à produire du miel. Indispensable à l’équilibre des écosystèmes, elle a su trouver en l’apiculteur un fidèle allié. L’un de ces apiculteurs aguerris se nomme Michaël Lafrance. Une formation poussée dans ce secteur en 1982, auprès du ministère de l’Agriculture, et depuis, il privilégie les espaces verts tout en insistant sur une politique de reboisement pour sauver ces abeilles en danger.

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Il y a d’abord ce rire taquin qui caractérise Michaël Lafrance. Lui, qui a découvert sa passion pour les abeilles au sein des Fédérations du Club de Jeunesse, compte 38 ans de services comme apiculteur. C’est son Violon d’Ingres, son autre passion qui tranche avec son métier de maquettiste de bateaux. Son enseigne, Les voiliers de France, sise rue Brasserie, à Curepipe, met en évidence un autre aspect du talent de ce quinquagénaire. Son rucher atténuant son magasin de maquettes de bateaux, à la Brasserie, Curepipe, il en a fait son petit château d’exposition, ou sa “nursery” personnelle pour les amoureux des abeilles.

En temps de pluie, aucune photographie n’est possible, car les abeilles se terrent. Randonneur, aimant spécialement les forêts, il a démarré, dit-il, en allant chercher une colonie d’abeilles dans la forêt, et cela, sans aucune notion de savoir différencier une reine d’une abeille. « J’ai appris graduellement que la reine est celle qui commande en étant l’unique femelle fertile. Une reine peut vivre jusqu’à cinq ans et pondre autour de 2 000 œufs par jour tout en assurant la stabilité de la ruche. Une colonie a besoin de reine pour survivre, elle comprend une reine, 500 mâles, 50 000 abeilles », indique Michaël Lafrance.
Comme sa formation en abeilles semblait le passionner, le ministre de l’Agriculture, en 1982, lui a même demandé de créer des “queen cages”. À cette époque, se souvient l’interlocuteur, le chômage battait son plein et l’échantillon des commandes de cages de reine était une manne tombée du ciel. « Le ministère m’a approché pour faire des cages de reine et des ruches pour les abeilles. C’est à partir de là que je me suis lancé à fond dans l’apiculture », dit-il.

L’entretien d’une ruche consiste à vérifier s’il y a du pollen, si la reine est en bonne santé, si les abeilles ne sont pas malades ou atteintes de varroa, qui a des conséquences négatives sur la production du miel. « J’ai à peu près 3 ou 4 ruchers à travers le pays qui me permettent d’avoir un stock de miel dans les bonnes saisons. La pluie a un effet néfaste sur les apiculteurs », précise-t-il. De plus, les ruches posées sur pilotis peuvent s’empiler sur deux étages, avec un couvain en bas et les étages supérieurs dédiés au miel. Ce sont les butineuses d’abeilles qui se chargent de ramener ce précieux nectar.

Le « honey on tap »

Dans sa “nursery” d’abeilles personnelle, il ne compte plus ces petits soldats. Avant d’être en contact avec ces insectes, il demande à son invité de se munir d’une vareuse et d’une combinaison, qui permet d’assurer un rôle de protection contre les piqûres d’abeilles. Une sorte de combinaison de cosmonaute pour se protéger des piqûres de la tête aux pieds. Et, pour les mains, des gants en caoutchouc très épais, sans oublier le port des bottes.
L’enfumoir semble être un outil également indispensable, car comme l’explique Michaël Lafrance, les abeilles ont peur de l’émanation du feu. Elles se gavent alors de miel pour mieux se protéger d’une quelconque invasion de fumée, ce qui a pour effet de limiter des dégâts de piqûres d’abeilles. De plus, la fumée n’est pas toxique, puisqu’il s’agit de fumée de végétaux ou d’éléments bio, comme des “cases caria”.

Michaël Lafrance explique : « On en profite alors pour ramasser le miel. Une ruche pouvant produire jusqu’à 30 kg de miel en moyenne avec une durée de vie ne dépassant pas vingt jours. Il faut toujours avoir cet élément d’aventure en vous qui vous permettra d’aller approcher les abeilles. Tout le monde a peur d’elles, mais si on est un homme de nature, il n’y a aucun problème pour faire de l’apiculture. Il faut aussi savoir introduire la colonie dans la ruche. » L’apiculteur d’indiquer que ce sont les abeilles qui construisent les alvéoles qui recueilleront le précieux nectar, car il faut bien le reconnaître que l’abeille ne récolte pas de miel sur les fleurs mais du nectar, d’autant plus qu’aucun miel n’a le même goût identique.

Par ailleurs, notre intervenant agit aujourd’hui comme formateur pour ceux désirant avoir leur propre ruche. Toutefois, il insiste qu’il faut éviter de placer des ruches dans des zones résidentielles. En outre, sa trouvaille, c’est la ruche à robinet ou “honey on tap” qu’il fabrique et qui est très sollicitée en apiculture. Michaël Lafrance en fabrique lui-même et explique qu’à l’intérieur de la ruche à robinet, il y a des cadres contenant des alvéoles et qu’un tournoiement de mains sur le robinet permet l’ouverture des alvéoles et l’écoulement du miel. Le miel se répand dans le fond de la ruche, où il traverse ensuite un tuyau pour être récolté dans un bocal. Les principaux avantages des ruches à robinet sont qu’elles ne nécessitent pas d’interventions humaines à l’intérieur de la ruche lors de la récolte, ce qui limite le stress imposé aux abeilles. Ce nouvel outil de récupération de miel semble être d’une grande utilité pour les apiculteurs.

Michaël Lafrance veut conscientiser tout un chacun sur la nécessité de préserver les abeilles. « C’est un univers bourdonnant et sucré à souhait et quiconque veut se former dans le domaine de l’apiculture est le bienvenu. Mon maître mot est qu’il faut une sensibilisation accrue autour des abeilles, » conclut-il.

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