Monde du travail : la plateforme syndicale en faveur d’un exercice de « fine-tuning »

Le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, a eu des réunions de consultation avec les syndicats et les représentants du patronat dans la matinée d’hier sur le Workers Rights Bill et les amendements à l’Employment Relations Act.

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La plateforme syndicale, réunissant la majorité des fédérations des secteurs privé et public, a été la première à soumettre ses propositions. Dans l’ensemble, les syndicats disent soutenir ces projets de loi, avec quelques “fine-tuning”, afin de ne pas laisser de “loopholes” qui pourraient être exploitées par les employeurs.

Ce dialogue avec les fédérations syndicales était important, estime Radakrishna Sadien, car il permet aux principaux concernés d’exprimer leurs points de vue sur les nouvelles lois, « au lieu de se précipiter » vers la deuxième lecture à l’Assemblée.

« C’est bien qu’il y ait eu les Jeux des îles entre-temps, ce qui a permis de faire une coupure, laissant ainsi la possibilité d’évoquer les différentes appréhensions sur ces deux projets de loi. »

De manière générale, les syndicats du public contestent la décision de ramener la reconnaissance syndicale à un taux d’adhésion de 20%. Radakrishna Sadien explique : « Cette mesure permettrait une prolifération de syndicats, ce qui amènerait une dissension, et le patron va jouer dessus. Ce ne sera pas dans l’intérêt des travailleurs. C’est pour cela qu’il est important que les différentes fédérations se regroupent afin de trouver un consensus acceptable pour tout le monde. »

Pour Ivor Tan Yan, de la Federation of Progressive Union, le problème se pose plutôt pour le secteur public.

« Au niveau du privé, nous pensons que le taux de syndicalisation de 20% encouragera la démocratie. La “sole recognition” est quelque chose qui a causé beaucoup de tort aux travailleurs dans certains secteurs. C’est un poison pour les travailleurs. Avec la reconnaissance à 20%, cela donnera la possibilité à tous les syndicats de s’exprimer. Il ne faut pas étouffer la démocratie syndicale. »

En revanche, il est d’avis qu’il faut revoir la définition du terme “worker”, basée sur le salaire. Il se demande également quelles ressources le ministère du Travail mettra à la disposition des inspecteurs du travail par rapport à leurs nouveaux pouvoirs.

Atma Shanto se félicite que la réunion aura été très franche et que les fédérations ont eu l’occasion d’exposer leurs points. « Nous avons proposé qu’une fois qu’un syndicat fait une demande de reconnaissance à une entreprise, il doit y avoir accès pour communiquer avec ses membres. »

Il dit noter que plusieurs propositions représentent une avancée, mais qu’il y a des “fine-tuning” à opérer. Il maintient dans ce contexte que la loi doit prévoir que le Supervising Officer du ministère préside les comités disciplinaires.

Le négociateur de la Fédération des travailleurs unis (FTU) dénonce la « pression » exercée par Business Mauritius et ses alliés.

« Nous demandons au gouvernement de ne pas faire l’erreur de céder à cette pression, car tous les travailleurs s’attendent à ce que ces nouvelles lois soient votées. Car “enough is enough”. Les travailleurs ont trop souffert depuis 2008. » Il ajoute que le gouvernement avait fait une promesse électorale à ce sujet et qu’il doit de fait maintenant « aller de l’avant ».

Reeaz Chuttoo, de la CTSP, qualifie lui aussi la réunion d’exercice de “fine-tuning”. Il explique que tout projet de loi comporte des éléments pouvant avoir des impacts énormes dans leur application. Il cite en exemple le “flexitime” qui, dit-il, peut donner lieu à des abus si ce n’est pas mentionné dans le contrat de travail.

« Cela deviendra une obligation contractuelle. » De même, ajoute-t-il, au sujet du PRGF, des travailleurs sont disposés à y verser leurs contributions représentant les années de service écoulées. « La CTSP a pu négocier avec une compagnie de construction qui va vers le “buy-out” par une autre compagnie, pour que l’argent des employés soit versé au PRGF, mais la loi doit en faire provision. »

Il dit également avoir quelques appréhensions, tout comme la GWF, concernant l’option de plan de pension privé. « Par exemple, que le “return on investment” de l’employé ne peut aller à l’employeur. Cela doit être précisé dans la loi. De même quand on parle d’Advisory Committee, on parle de représentant des travailleurs du public. Or, le PRGF concerne les travailleurs du secteur privé. Il faut un représentant du privé. »

Toutefois, précise-t-il, les fédérations syndicales soutiennent les projets de loi à 90%, mais encore une fois avec des “fine-tuning”. « Ce n’est pas un cadeau aux travailleurs, mais un verdict rendu après dix années de souffrance. On est en train de corriger une anomalie dans la société. »

Il ajoute qu’il faut aller « plus vite » avec ces projets de loi, raison pour laquelle la CTSP ne réclame pas de copie du projet de loi après les modifications. « Ce sera au gouvernement d’assumer ses responsabilités. »


Business Mauritius : « Oui à l’accord collectif non à la compensation salariale »

Les représentants de Business Mauritius ont de leur côté insisté sur la nécessité du non-paiement de la compensation salariale dans des cas où un “Collective Agreement” a été signé entre un employeur et les salariés. Ils ont aussi souhaité que les contrats de certains travailleurs soit d’une durée déterminée. Et d’insister également sur la nécessité de pouvoir licencier un travailleur et de venir ensuite justifier ladite décision devant les instances appropriées.
Pour le CEO de Business Mauritius, Kevin Ramkalaon, cette réunion de consultations a permis d’exprimer les préoccupations du secteur privé sur les nouveaux projets de loi. « Nous sortons aujourd’hui de la réunion avec le sentiment d’avoir pu exprimer nos “concerns”. Nous n’avons pas encore les résultats. Nous espérons que cela va évoluer vers une “win-win situation”. Nous, à Business Mauritius, nous sommes pour des relations durables entre employeurs et employés. Ce n’est qu’ainsi que nous allons progresser. »


Soodesh Callichurn : « Être à l’écoute des “stakeholders” »

« Le Conseil des ministres a pris la décision de mettre sur pied un comité technique pour travailler sur les deux projets de loi. Dans ce contexte, j’ai rencontré les différents “stakeholders” aujourd’hui. J’ai écouté leurs différentes propositions. Nous allons les étudier et prendre une décision par la suite », dit le ministre du Travail.

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