N°5 Adriano Azor, l’espoir flacquois

À 18 ans, Adriano Azor a écrit, en juillet dernier, l’une des plus belles pages de sa carrière. Le cycliste a enlevé, au terme d’une course en ligne contrôlée par la sélection mauricienne. Piégeant les Éthiopiens à leur propre jeu, le jeune Mauricien s’envolera en solitaire vers la ligne d’arrivée.

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Lorsqu’il revient sur cet événement, il repense encore à ce moment où il demande à ses coéquipiers de contrôler toute tentative de le rejoindre. « Il y a eu plusieurs attaques sur la course. Les Éthiopiens semblaient avoir fait de la course en ligne leur objectif, et ils travaillaient pour cela », se rappelle-t-il. Or, cette victoire s’est construite en amont du jour-J. Une préparation sous l’œil vigilant du DTN Michel Thèze, en France, des consignes de course respectées : le secret de la victoire du jeuneAzor n’est, finalement, pas un. « Il suffit de travailler dur, ne pas jamais rechigner à la tâche », dit le champion. Ce travail, il l’a fourni pendant de longues semaines en France, sous la houlette de Miche Thèze. « On y était avec Grégory et Christopher Lagane. On voulait arriver aux Jeux d’Afrique en forme. »

Les adversaires avaient promis de ne pas faire de cadeaux. « On savait qu’on tomberait peut-être sur plus fort que nous. »

Avance rapide jusqu’au 24 juillet. L’avant-veille, les Mauriciens avaient enlevé l’argent dans l’épreuve du contre-la-montre par équipes. Une course où ils ratent l’or de près, mais pour laquelle ils ne peuvent pas nourrir de regrets.

Après une petite sortie d’une heure pour la récupération et une journée de repos, place, cette fois, à la fatidique épreuve de la course en ligne, longue de 120 km. Cette épreuve était destinée aux Éthiopiens. Mais ces derniers ont mal calculé leur coup.
La stratégie mauricienne voulait justement que ce soit Azor qui s’y colle en cas d’arrivée serrée. « C’est moi le sprinteur du groupe. Tout le monde était d’accord pour que je me place au mieux au cas où on devait disputer le sprint. En plus, le parcours était plat », se rappelle-t-il.

Mais les aléas de la course feront que ce soient les Éthiopiens eux-mêmes qui ouvriront le boulevard pour Azor.

« La France m’intéresse »

Dans l’avant dernier tour, tout le monde est cuit, victime des efforts fournis en amont. Pas Azor, qui s’est bien conservé. Il tente sa chance. Grand bien lui en a pris. Il creuse rapidement l’écart. « J’ai vu que je prenais du temps sur eux. Quarante secondes, une minute. Je me disais qu’il y avait un coup à jouer. »
Derrière, comprenant leur erreur, les Éthiopiens se mettent en tête de refaire leur retard. Mais les instructions étaient. « Chaque Éthiopien devait être marqué. Il ne fallait pas que quelqu’un essaie de me reprendre. »
Justement, c’est ce que son pote Fernando Charlot fera, lorsque la résistance s’organise. L’Éthiopie envoie un de ses représentants rejoindre l’échappé. « J’ai repensé aux efforts que nous avions fait, à ce que les gars ont fait sur la course. J’ai tout donné. » Sous l’effet de la fatigue, les crampes, la douleur. Mais il tient bon. « J’avais des frissons tellement j’avais mal. »

Fernando Charlot, qui a sauté dans la roue de l’adversaire éthiopien, se contente de suivre le pas. « Il a eu la bonne idée de ne pas fournir d’efforts. »

Ce sera ce qui sauvera Azor, à 40 secondes devant, qui ira passer la ligne en solitaire. Ce n’est pas le genre d’arrivée dont il rêvait, mais la victoire, elle, restera gravée pendant encore longtemps. « C’est une immense fierté de ramener cette médaille d’or. Pas seulement pour moi, mais aussi pour mes coéquipiers et pour mon pays », dit le coureur, qui s’exprime le mieux sur un vélo.

Cette saison 2018 achevée, il pense déjà à la suite. De quoi sera fait 2019 ? Déjà, une remise en selle en bonne et due forme. « Je n’ai pas compté les heures sur le vélo. Mais j’ai parcouru du chemin pour en arriver là. » Il ne compte plus les longues sorties, histoire de garder le rythme. « Je ne fais pratiquement que ça. »

Peu doué pour l’école, c’est donc sur un vélo qu’il semble avoir trouvé sa voie. Dire qu’il doit son succès au flair de Jean-Philippe Lagane, l’infatigable président du FFSC-KFC, club qui l’a formé. « Il y avait une annonce pour recruter des cyclistes. Et dire que j’étais venu pour faire du karaté », nous confiait-il en août dernier.

Aujourd’hui, le jeune homme, originaire de Flacq, rêve d’autres cieux. La France, un pays où il a passé beaucoup de temps ces dernières années, semble être la destination qu’il va privilégier. « On attend une réponse des clubs que nous avons contactés. Si tout se passe bien, je vais y retourner. » De Flacq, à l’Algérie, en passant par La France : l‘espoir du cyclisme mauricien peut désormais rêver.

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