Nadeem Nazurally : « Il faut investir de moins en moins dans le béton »

Nadeem Nazurally, de la faculté des études océaniques à l’Université de Maurice, travaille depuis deux semaines à Flic-en-Flac avec des experts de l’Université de Western Australia de concert avec le groupe Sun Resorts pour recueillir des données dans la localité. « L’objectif est de connaître les effets mécaniques des vagues sur la côte et le biologique, d’autre part. Nous avons mis dans l’eau des instruments très sophistiqués, qui surveilleront des données spécifiques », a-t-il expliqué. Et d’ajouter qu’il « faut investir de moins en moins dans le béton ».

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Nadeem Nazurally a indiqué que cette étude « nous permettra de comprendre les différents systèmes de vague et nous permettra de faire des analyses sur l’état de la biodiversité, la composition chimique de l’eau, le niveau des polluants et sur ce qui affecte la santé de nos récifs coralliens ». Il poursuit : « Des rapports seront graduellement rédigés au cours des trois prochaines années, soit au fur et à mesure que les deux équipes scientifiques recueillent les données. »

Nadeem dit avoir constaté, depuis ces cinq dernières années, que l’érosion sur la plage de Flic-en-Flac s’est accentuée, et ce « en raison de l’action des phénomènes naturels et des activités humaines, notamment le développement rapide du littoral », d’où l’idée, dit-il, de choisir cette plage. Malgré toutes les démarches entreprises jusqu’ici pour lutter contre l’érosion à Flic-en-Flac, telles que la mise en place de gabions, les travaux de comblement et la construction de murs de revêtement, rien n’a donné les résultats escomptés. « En réfléchissant, je me suis dit qu’il était temps de trouver de nouvelles méthodes et, pourquoi pas, revoir les procédures d’évaluation avec une nouvelle approche. Je suis arrivé à la conclusion que, si on veut aller de l’avant avec un tel projet, il faut investir massivement dans des équipements qui coûtent très cher et que, pour disposer de telles compétences, Maurice devra compter sur l’aide des pays disposant également de l’expérience dans ce domaine », explique-t-il. Et d’ajouter : « Pa kapav kontign tir disab lot plas pou vinn met dan lagon Flic-en-Flac e finalman pa kone kot li ale. »

En 2016, Nadeem s’était rendu en Australie pour assister à une conférence organisée par l’University of Western Australia sur l’environnement pour une durée de trois semaines. Il y avait rencontré le Dr Andrew Pomeroy de l’institut Océanie de l’University of Western Australia. Nadeem et avait profité de l’occasion pour parler de l’érosion qui affecte la plage de Flic-en-Flac qui, à son avis, « mérite une plus grande considération » en matière de réhabilitation. « Personnellement, je reconnais que nous n’avons pas un tel niveau d’expertise pour une telle étude », dit-il.

D’ailleurs, cette proposition n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd car le Dr Pomeroy la prend très au sérieux et répond de manière positive à notre chercheur.

De retour à Maurice, Nadeem commence à sonder son entourage avant d’approcher la Tertiary Education Commission (TEC). Cette dernière accepte de financer le projet à hauteur de Rs 5 millions avec le soutien de Sun Ressort. Pour faire aboutir ce projet, Nadeem ne veut pas le faire qu’avec des experts, et impliquera également la communauté locale à partir d’un “Community-Based active restauration plans”. « Les villageois, les plaisanciers et les forces vives auront leur mot à dire. Certains ont grandi ici et savent beaucoup plus que nous. Le repeuplement de nos lagons concerne tout le monde. Le secteur touristique, il ne faut pas l’oublier, joue un rôle important dans l’économie mauricienne. Chacun doit apporter sa contribution pour protéger notre environnement marin pour répondre aux exigences du marché, c’est-à-dire, l’écotourisme que l’on associe au tourisme vert et qui est beaucoup plus centré sur la découverte de la nature. Nous devons à la longue investir de moins en moins dans le béton », dit-il.

À la question de savoir ce que comprennent ses projets de développement de ferme de coraux dans le lagon, Nadeem Nazurally indique que ceux-ci consistent « à faire pousser des espèces coralliennes menacées de disparition ». Il explique : « J’ai deux projets, soit un à Trou-aux-Biches et un autre à Pointe-aux-Feuilles. Ce sont deux projets communautaires sur lesquels je travaille avec les gens de la localité. Je leur apprends comment cultiver et prendre soin des coraux dans le lagon. Ces projets, qui donnent des résultats positifs, pourraient à mon avis devenir une sorte de barrières récifales naturelles où la nature reprend ses droits. J’ai observé, dans ces deux endroits, le retour des poissons, beaucoup de juvéniles qui viennent à leur tour coloniser le récif corallien. Ce type de projets doit intéresser davantage les enfants pour une meilleure gestion de nos ressources marines pour la future génération. »

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