National Youth Parliament : La parole aux jeunes

Ils sont des collégiens et des étudiants d’universités, âgés de 14 à 23 ans, à avoir participé à la toute première édition du National Youth Parliament. À l’Assemblée nationale, du 2 au 3 août, 82 jeunes ont pris le rôle de tous les membres de l’hémicycle, depuis le Speaker au Sergeant-at-arms, et ont démontré leur talent pour parler en public, talent qui pourrait d’ailleurs même faire pâlir certains parlementaires, de par leur éloquence, qui a visiblement étonné ceux qui assistaient aux séances. Très intéressés par la politique, ces jeunes disent vouloir un jour servir leur pays. Les thèmes retenus pour cette première édition étaient l’égalité des genres, l’éducation inclusive et équitable ainsi que le changement climatique.

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Les membres du gouvernement
Photo@Anas Mohamad Sakhawoth

Tejal Gokulsing, pour un changement d’état d’esprit

Élève au collège Lorette de Quatre-Bornes, Tejal Gokulsing a tenu le rôle d’un membre du gouvernement. De retour des États-Unis après avoir participé au PAN Africa Youth Leadership Program, elle réclame un changement d’état d’esprit pour qu’il y ait de vrais changements dans le pays. « Ce forum représente une opportunité en or de vivre la vraie vie d’un parlementaire pendant 48 heures. Cette opportunité permet aux jeunes comme moi de découvrir la récompense des efforts que nous ferons, sans nul doute, dans le futur pour stimuler du changement, et à notre tour influencer et être des modèles pour les jeunes, qui aideront à créer une île Maurice de demain : là où il y a un changement d’état d’esprit », dit-elle. La jeune fille avance que sa participation au PAN Africa Youth Leadership Program lui a permis d’avoir un esprit plus ouvert. Selon elle, le National Youth Parliament donne l’occasion aux jeunes de pouvoir faire entendre leur voix, « qui peut apporter du changement dans le pays ».

Ayant lu sur les épreuves quotidiennes d’un politicien, Tejal Gokulsing avance qu’avoir vécu l’expérience au Parlement est « un monde de différence ». Elle ajoute : « Les politiciens, de nos jours, doivent être félicités pour avoir de telles qualités. Il faut être prêt à assumer toutes ses actions et aussi bien y songer avant d’agir. Pour moi, le métier de politicien demande beaucoup de passion, de créativité et de force mentale et physique pour pouvoir rester sur ses appuis et en débattre pendant des heures tout en restant diplomatique. » Toutefois, elle estime que les jeunes ont grandi avec « une différente façon de penser ». Elle poursuit : « De ce fait, pour nous, il y a un manque visible de dialogue sur des sujets qui, pour eux, sont tabous, mais qui sont pour nous bien au contraire des épreuves de tous les jours et qui sont primordiaux. Donc, ce serait bien de voir plus de réalisme et d’ouverture d’esprit de la part de certains ministres. » Aussi ne blâme-t-elle pas les politiciens, estimant que « l’exemple vient d’en haut » et que « ce serait pour le bien des jeunes ».

Le fait d’avoir organisé le National Youth Parliament démontre, selon elle, une « avancée extraordinaire » pour que les jeunes puissent créer un impact. Elle croit que les jeunes sont très intéressés par la politique et espère que le nombre de jeunes qui postulent pour la deuxième édition de l’événement « augmente encore ». La jeune fille, qui n’a pas encore pris de décision sur sa carrière, se dit « très intéressée par les sciences politiques et le droit ».


MAYA HANOOMANJEE :
« L’engouement des jeunes est extraordinaire »

Le fait d’avoir obtenu 379 demandes suite au communiqué lancé pour la première édition, selon Maya Hanoomanjee, Speaker de l’Assemblée nationale, démontre l’intérêt des jeunes. « Leur engouement est extraordinaire », dit-elle.
Impressionnée par le niveau de maturité de ces jeunes, la Speaker avance que cet événement donne l’occasion à ces deniers de démontrer leur talent et de prendre la parole en public. Selon Maya Hanoomanjee, malgré le retard à organiser cet événement, qui existe dans d’autres pays, elle souligne que « les jeunes pourront apprendre le processus démocratique du Parlement ». Elle ajoute que les résolutions des jeunes seront envoyées à tous les ministères pour qu’elles soient prises en considération.

 


Anjana Greedharee : « Une excellente plateforme pour améliorer mes talents »

Sa capacité à parler en public et son désir de devenir une politicienne auront permis à Anjana Greedharee d’avoir été sélectionnée pour le rôle de Private Parliamentary Secretary (PPS). Étudiante en psychologie à l’Université de Maurice, elle constate que le National Youth Parliament est « une excellente plateforme pour améliorer mon talent de parler en public ». Fascinée par la politique depuis son enfance, son rêve était de devenir Premier ministre. « Lorsque j’ai vu le communiqué sur le site de l’Assemblée nationale, j’ai répondu immédiatement sans y penser à deux fois », dit-elle. Toutefois, elle estime que le NYP « aurait dû être organisé depuis longtemps pour que les jeunes puissent faire entendre leur voix ».

Excitée en prenant place au Parlement, Anjana Greedharee dit avoir ressenti la pression à laquelle font face les parlementaires lors des sessions à l’hémicycle. « J’ai appris les procédures parlementaires et la manière de partager des idées innovatrices envers les différents ministères », dit-elle. Avant de participer à ce forum, Anjana Greedharee avoue avoir uniquement lu sur la Constitution de Maurice et regardé les débats parlementaires chaque mardi attentivement. « C’est une merveilleuse expérience que je n’oublierai jamais. C’est un rêve qui est devenu réalité », dit-elle.

Par ailleurs, si la politique n’est pas sa priorité du moment, elle dit vouloir « travailler pour le pays » à l’avenir. Mais « pour être un bon politicien, il faut être proche et à l’écoute des gens, être humble et avoir de la compassion », dit-elle. « Un politicien ne doit pas être amoureux de l’argent ou de pouvoir. Ses priorités devront être le bien-être de tous. Il doit pouvoir mener les gens à travers son leadership, savoir communiquer et être constant dans son travail. »

Pour la jeune fille, les jeunes « ont du potentiel pour diriger le pays et le mener vers de nouveaux cieux ». De plus, le fait que de nombreuses demandes aient été reçues est une indication, selon elle, que les jeunes sont intéressés par la politique « mais n’ont pas une plateforme où ils peuvent se réunir pour en discuter ». Pour la prochaine édition, elle encourage les jeunes à participer et « à présenter de nouvelles idées pour le développement du pays ».


Shyamli Goneandry se dit « concernée par la politique »

« Étant citoyenne de mon pays, la politique me concerne », soutient Shyamli Goneandry, 16 ans, qui étudie à l’Hindu Girls College. Tenant le poste de Deputy Clerk pendant ces deux jours, le fait de participer au NYP, dit-elle, lui a permis de s’épanouir et de prendre goût à la politique. Pour la jeune fille, « la politique touche tout le monde et cela un impact sur l’économie, la paix dans le pays et l’éducation », entre autres. Le NYP arrive au bon moment pour cette étudiante car, selon elle, « il faut inclure les jeunes dans la politique ».
Lorsqu’elle est entrée au Parlement, elle dit s’être sentie très bien dans sa peau, « confiante et heureuse » de se retrouver « dans une instance très haute du pays ». La jeune fille concède toutefois qu’il fallait apprendre le fonctionnement du Parlement. Et pour cela, elle dit avoir visionné des débats parlementaires et avoir suivi les événements politiques grâce aux médias.

Se disant « concernée par la politique », elle estime que les politiciens doivent être « charismatiques, pragmatiques, compétents, visionnaires, honnêtes, sincères et à l’écoute de la population ». Et, surtout, « toujours s’adapter aux changements ». Elle est cependant d’avis que « ce sont toujours les mêmes qui dirigent le pays ». Aussi estime-t-elle qu’il « faut faire de la place aux jeunes, qui sont les prochains leaders du pays ». D’autant que, selon elle, le nombre de demandes reçues pour le NYP « démontre que les jeunes sont très intéressés par la politique ».


Nehal Mungla : « Je veux être politicien »

Servir son pays est son plus fort désir. Et le National Youth Parliament lui a donné l’occasion de pouvoir démontrer son talent. « Je veux être politicien et servir mon pays », laisse entendre Nehal Mungla après deux jours passés au Parlement. Ne voulant pas quitter l’hémicycle, il dit vouloir un jour y revenir comme politicien et réaliser son rêve. « Je suis très passionné par la politique et, naturellement, je suis la politique locale et étrangère », dit-il. Ayant eu le rôle de Clerk, il avance que sa participation au NYP lui a permis d’obtenir des connaissances en politique. « J’ai appris à être plus responsable et à gérer les travaux que j’étais appelé à faire », dit-il.

Parlant de sa préparation, Nehal Mungla soutient qu’il fallait « s’organiser depuis longtemps pour bien connaître les rouages » du Parlement. Quant à son état d’esprit en entrant au Parlement, le jeune garçon, qui est en Grade 13, au SSS de Floréal, dit avoir aussi voulu se « faire de nouveaux amis, d’être confortable dans un environnement différent et de rencontrer les ministres ». Affichant son désir de devenir un jour politicien, il estime qu’un politicien « doit posséder plusieurs qualités, notamment avoir une personnalité charismatique, être honnête, ambitieux et courageux, mais il doit aussi savoir gérer une équipe ». Pour lui, « l’avenir dépend des jeunes », à qui « il faut la chance ». Toutefois, il croit que « peu de jeunes sont intéressés par la politique » mauricienne. D’ailleurs, dit-il, « les statistiques démontrent que peu de personnes sont intéressées par la politique ».


Des talents d’orateurs à encourager

Après le déjeuner, les jeunes parlementaires ont débattu sur une motion de l’opposition relative aux mesures à prendre pour renforcer la qualité de l’éducation et visant aussi une éducation inclusive. Un sujet auquel ils sont familiers puisque la majorité d’entre eux viennent tout juste de quitter les bancs de l’école alors que d’autres y sont encore. Les jeunes membres de l’Assemblée semblaient très à l’aise durant la deuxième partie des travaux hier.

Si certains intervenants ont gardé les yeux fixés sur leur texte écrit, qu’ils ont lu très vite et d’un seul trait, d’autres, en revanche, ont témoigné de leurs talents d’orateurs. Ils ont fait preuve de présence et ont parlé d’un ton convaincu. Des atouts à cultiver chez ces jeunes “school leavers”. La performance de Zakary Zakariyyah Isamail Bawania dans son rôle de Speaker hier après-midi mérite aussi d’être relevé. Avec une certaine autorité, mais sur un ton posé, et avec diplomatie, il a su rappeler à l’ordre les intervenants qui prenaient le temps de la Chambre dans des digressions ou ceux qui réclamait à tout bout de champ la parole pour un “point of order”. Même le ministre mentor a été prié de ne pas interrompre le leader de l’opposition lors du “summing-up” des débats sur sa motion. Nabil Khodabaccus, lui, a joué son rôle de leader de l’opposition avec confiance et une certaine habilité, n’hésitant pas à faire de l’humour dans ses répliques à la majorité qui contestait certaines clauses de sa motion.

Au niveau des discours, on constate que les jeunes ont fait leur “home work” avec sérieux. Des interventions étoffées et des points bien argumentés des deux côtés de la Chambre sur le système éducatif actuel à Maurice et sur certaines initiatives adoptées dans certains pays, pour que l’éducation soit davantage inclusive et accessible au plus grand nombre, indépendamment du sexe, de l’âge de conditions sociales. Par ailleurs, Leela Devi Dookun a eu hier de bons défenseurs pour son projet de réforme “Nine-Year Schooling”…

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