NAUFRAGE DU TUG SIR GAETAN | Narendra Kumar Raghobar : « Captain Bheenick was crying over the phone and asked to come fast »

Le commandant du Police Helicopter Squadron concède que l’opération de sauvetage était compliquée sans trace du remorqueur

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L’ancien juge Gérard Angoh au Marine Engineer de la MPA : « You are giving the impression that everything was perfect on Sir Gaetan »

Les moments critiques du naufrage du tug Sir Gaëtan dans la soirée du 31 août 2020 au large de Poudre d’Or ont été vécus de nouveau, hier, avec l’audition du Superintendant Marine Engineer de la Mauritius Ports Authority, Narendra Kumar Raghobar, par la Court of Investigation. Le Superintendant Marine Engineer, qui était en communication par téléphone avec le capitaine Moswadeck Bheenick peu avant le naufrage, a déclaré, en larmes, qu’en apprenant que le remorqueur était en difficultés en mer, il avait quitté son domicile pour se rendre au port. En route, il avait essayé de contacter les membres de l’équipage à bord, ajoutant qu’au téléphone, le capitaine Bheenick pleurait. « Bheenick was crying over the phone. He asked me to come fast, the tug will subside », a-t-il déclaré.

Narendra Kumar Raghobar a pris les fonctions officielles de Superintendant Marine Engineer depuis le 13 juillet dernier. Son rôle consiste à assister les Controller Marine Engineers dans la maintenance des remorqueurs. Il a avoué qu’auparavant, il n’y avait aucune documentation sur les différents remorqueurs, et que c’est après le drame du 31 août de l’année dernière qu’il a commencé à compiler de la documentation pour chaque tug de la MPA.  L’année dernière, la MPA n’avait pas de Marine Engineer, et ce n’est qu’en septembre de cette année qu’une personne a été nommée, explique-t-il.

Le témoin a par ailleurs indiqué qu’il n’était pas au courant que le Sir Gaetan n’avait pas de Class Certificate, car les documents restent en possession des High Ranking Officers, dit-il. Revenant sur l’épisode du 31 août 2020, Narendra Kumar Raghobar a indiqué que vers 15h ce jour-là, il avait pris contact avec le capitaine Bheenick pour prendre des nouvelles et savoir s’ils avaient besoin de provisions pour passer la nuit.  Vers 18h, il avait aussi reçu un appel d’Antonio l’Aiguille, un des rescapés, qui lui avait affirmé qu’ils étaient finalement sur le chemin du retour.

« Around 19hrs, I was at my place when I received a call from skipper Tewary who told me that there was a hole in the tug. I left my place to come back to the MPA. On the way I tried to contact my colleagues. I got Bheenick over the phone just before the incident. Bheenick was crying. He asked me to come fast, the tug will subside », a-t-il dit, en fondant en larmes. Le superindentant a concédé que ce jour-là, certains membres d’équipage avaient déjà terminé leur Shift mais avaient dû redoubler leurs heures de travail dans le cadre de cette opération. « I had no other options to have them relieved. I had one message from one controller marine engineer who was sick and another one was not reachable. The team had to continue with the shift », a fait ressortir le témoin.

« A tug in distress »

Le Second in Command du Police Helicopter Squadron, le capitaine Sachin Gupta, qui avait assuré l’opération de sauvetage à bord du Dhruv dans la nuit, avait secouru deux membres de l’équipage. Il a expliqué que c’est le commissaire de police, Khemraj Servansing, qui avait passé le message de cette opération à l’Helicopter Squadron et qu’il n’avait eu aucune communication de l’Operations Room du port. Il est revenu sur cette opération, qu’il menait pour la première fois en mer de nuit, et indique qu’elle était « compliquée » en raison du mauvais temps.

De plus, le fait que son équipe n’arrivait pas à localiser le remorqueur pour mener l’opération de sauvetage rendait les choses encore plus difficiles. « We got the information that there was a tug in distress not that a tug had sunk. The sea was rough. We had to fly  in the clouds and in the rain and there was no visibility of the moon. The waves were drifting the casualties away and it was very difficult », a-t-il déclaré. Et de faire ressortir qu’en arrivant sur les lieux, cela avait encore pris presque une heure et demie pour repérer le premier rescapé, car il n’y avait aucune indication de l’endroit où se trouvait le remorqueur, qui avait déjà coulé.

Répondant à une question de l’ancien juge Angoh pour savoir si l’opération aurait été différente si les appareils de sauvetage SART et EPIRB à bord avaient été opérationnels, le témoin a répondu par l’affirmative, faisant ressortir que ceux-ci leur auraient permis de localiser le remorqueur et de survoler les lieux des incidents à la recherche des rescapés. À noter que ces deux appareils avaient expiré depuis 1994.

Le témoin a aussi dit avoir aperçu des débris du remorqueur avant que, plus tard, une première personne ne soit sauvée. Puis, avant de rentrer pour s’approvisionner en carburant, une seconde personne avait été secourue, laquelle ne portait pas de gilet de sauvetage.

« Back in operation »

Auparavant, la directrice adjointe de la MPA,  Aruna Bunwaree-Ramsaha,  été entendue. Elle a ainsi déclaré qu’il était convenu que le tug Sir Gaetan serait remplacé par un autre remorqueur, ajoutant qu’un appel d’offres avait été lancé dans ce sens. Cependant, l’exercice avait été abandonné et il avait été décidé que le remorqueur serait finalement rénové et « be put back in operation ». Selon elle, vu l’âge du remorqueur, ils attendaient certaines pièces de rechange, précisant que hormis quelques items de Steel Work, la majorité des travaux avaient été complétés en juillet 2020. La MPA avait l’intention par ailleurs de demander que le remorqueur soit de nouveau classé après les travaux.

Le skipper Edouardo Domingo, qui était en compagnie du skipper Vishal Tewary pour le remoraquage de la barge L’Ami Constant du groupe Taylor Smith de Port-Louis à Pointe-d’Esny le 10 août dernier, a également déclaré que deux cordes avaient cédé en route. Il a également indiqué que le remorqueur avait « des problèmes de moteurs depuis quelque temps ».

Le Maintenance Engineer de la MPA, qui s’occupe des documentations, ainsi que l’Information Security Administrator ont aussi été appelés à la barre des témoins. Cependant, ces derniers n’ayant pas eu d’expérience directe avec le remorqueur Sir Gaetan et n’étant pas connectés aux événements du 31 août, l’ancien juge Angoh devait s’interroger sur la pertinence de leur témoignage devant la Cour d’investigation.

HT

L’ANCIEN JUGE ANGOH :

« You are at sea, not in a lake »

Le Marine Engineer de la MPA, Brian Mootia, recruté en septembre de l’année dernière après le drame du Sir Gaetan, s’est fait remonter les bretelles par l’ancien juge Gérard Angoh qui, déjà au début de son audition, disait ne pas comprendre comment il contribuerait aux travaux, puisque n’ayant pas été en employé au moment du naufrage. Le témoin a cependant donné une longue explication sur le Class Certificate et le terme Seaworthiness. Ainsi, pour lui, même si un remorqueur n’a pas de Class Certificate, il peut toujours prendre la mer pour de telles opérations.

En ce qui concerne le Sir Gaetan, il devait déclarer que le remorqueur n’avait « aucun problème » et que les défaillances relevées « ne l’empêchaient de mener une opération de remorquage ». Il a indiqué que ce jour-là, « c’est la météo qui a contribué à la tragédie ». Ajoutant : « It is something done once in a blue moon. The skippers had the knowledge. »

L’ancien juge Angoh devait alors lancer : « When we listen to you we get the impression that everything was perfect with Sir Gaetan, everything was nice. Are you aware that besides the defficiencies, there were other safety problems on board. »

Ce à quoi a répondu le Marine Engineer : « You are having this impression. No I was not aware. »

« You are talking as if it was a very fine tug and it could go anywhere without a class certificate », a rétorqué l’ancien juge. « I said the defects were not consequent », devait répondre le témoin.

Et le Chairman de la Cour d’investigation de conclure : « When you are at sea, you are not navigating in a lake. Anytime you can execpt arough sea. It is very risky. »

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