N’Golo Kanté, de la banlieue parisienne au toit de l’Europe

« Il est petit, il est gentil, il a stoppé Léo Messi »: à force d’abnégation, N’Golo Kanté s’est hissé jusqu’aux plus hautes sphères du football et tentera ce week-end de décrocher un des rares titres qui lui manque, la Ligue des champions.

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C’est dans le quartier des Géraniums, une petite et plutôt paisible cité de Rueil-Malmaison, à quelques mètres du Mont Valérien dans les Hauts-de-Seine, que le milieu défensif de Chelsea a grandi, dans une famille nombreuse.

« A chaque fois qu’il rentre sur Paris, il vient nous voir et nous saluer. Mais il ne passe pas juste en coup de vent, si on fait à manger il reste manger, il accepte de prendre des photos avec tout le monde, de jouer avec les jeunes… », raconte Karim El-Moudkhil, son ancien éducateur à Rueil.

Dans le foyer pour jeunes des Géraniums, tout est à l’image du héros du coin: des photos de lui adolescent avec l’équipe de son quartier ornent les murs, où trône la pièce maîtresse, un portrait géant de l’international tricolore.

Karim El-Moudkhil regorge d’anecdotes et de vidéos récentes de Kanté, déjà auréolé de son statut de champion d’Angleterre ou de champion du monde, faisant des tennis-ballons avec les petits du quartier, pour lesquels il est un « exemple vivant ».

« L’été, ici tout le monde a les maillots de Caen, de Leicester, de Chelsea, de l’équipe de France », les équipes par lesquelles est passé Kanté.

Aimé et respecté de tous – coéquipiers, fans et adversaires – pour sa bonhomie et sa modestie, le milieu de terrain français s’est forgé une réputation de joueur généreux et discret, dont les qualités de footballeur sont en parfaite adéquation avec sa personnalité en dehors des terrains.

« Il ne prend pas la grosse tête, il ne change pas », abonde Karim El-Moudkhil. « Et ses frères sont pareils, j’aimerais bien avoir la recette pour la donner à tout le monde », sourit-il.

Un coup de sang lors d’un match une fois? Un énervement, une émotion négative? « Je cherche une anecdote ou quelque chose, mais j’ai franchement aucun souvenir… Je ne l’ai jamais vu s’énerver depuis que je le connais », répond le médiateur d’un ton presque désolé pour les journalistes en quête d’aspérités chez N’Golo Kanté.

« Et pourtant, s’il y en avait un qui aurait pu s’énerver, c’était lui, il en prenait des coups à Suresnes… », ajoute-t-il.

– « Envie de progresser » –

C’est en effet dans le petit club de cette ville voisine de l’ouest parisien que Kanté, 30 ans aujourd’hui, a évolué toute sa jeunesse, aucun centre de formation professionnel ne désirant lui faire confiance malgré son talent évident, notamment en raison de sa petite taille. Et peut-être également de sa personnalité, parfois trop effacée.

« N’Golo, il ne se montre pas, donc à une détection, il n’était pas visible », expliquait en 2018 à l’AFP Pierre Ville, un des dirigeants du club.

C’est à 19 ans, lorsqu’il signe à Boulogne-sur-Mer, que décolle sa carrière. DH, CFA2… Kanté monte vite les échelons, jusqu’à intégrer l’équipe première, en National (troisième division).

Suivra un passage à Caen (2013-2015) avant l’envol vers l’Angleterre et la gloire à Leicester, où il décroche le titre en 2016, puis Chelsea.

« Dès qu’il a signé à Boulogne-sur-Mer, je savais que sa carrière était lancée », promet Karim El-Moudkhil, « il fallait juste qu’il intègre une structure pro ».

Dans le Nord également, Kanté n’a laissé que des bons souvenirs.

« Ce qui était marquant c’était son envie de progresser: c’était une éponge, il a absorbé tous les conseils donnés par les éducateurs », se souvient Christophe Raymond, ancien entraîneur de l’équipe réserve de Boulogne-sur-Mer, qui a eu sous ses ordres de 2010 à 2012 celui qui allait devenir double homme du match lors des demi-finales de la Ligue des champions, face au Real Madrid.

« On sentait qu’il avait du potentiel mais ce serait mentir de dire qu’on l’imaginait atteindre ce niveau-là », reconnaît-il, en saluant « l’honneur et le bonheur » que ça a été pour lui de cornaquer un tel joueur.

A Rueil, son ancien éducateur partage le même constat: « Il a énormément progressé. Depuis quelques années il prend beaucoup plus de risques, il se projette plus l’avant, c’est un des meilleurs joueurs du monde ».

De quoi en faire, selon lui, un des grands favoris au Ballon d’Or. « S’il gagne l’Euro et la Ligue des Champions, ça peut le faire! », assure-t-il.

leo-nb/ng/fmd

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