Opération « Kont karay delwil so » — L’ACIM sur le pied de guerre contre les « prix injustes »

La tenue d’un rallye à Port-Louis durant la troisième semaine de juillet envisagée

À l’initiative de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM), une plateforme regroupant plusieurs associations citoyennes et syndicales a vu le jour pour lutter contre les abus dans la majoration de prix. Dans le cadre d’une opération « Kon karay delwil so », la possibilité de contester la récente augmentation du prix du carburant en Cour est aussi à l’étude. Une série d’actions seront organisées à travers le pays, à commencer par un rallye à Port-Louis au cours de la troisième semaine de ce mois.

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Jayen Chellum soutient que la constitution de cette plateforme vise à réunir les différentes forces citoyennes « en ces moments difficiles, où le consommateur fait face à une série d’augmentations de prix ».

«  On veut bien comprendre que la roupie s’est dépréciée face au dollar, que le fret a augmenté, que les matières premières montent en flèche… Mais on ne peut accepter de nouvelles taxes sur le dos des consommateurs, qui souffrent déjà », s’insurge-t-il.

Le secrétaire de l’ACIM dit ne pas comprendre pourquoi le gouvernement a appliqué une taxe de Rs 2 sur les produits pétroliers pour l’achat des vaccins contre le Covid-19. « Pourquoi mettre cela sur le dos des automobilistes quand c’est le rôle du gouvernement d’acheter des vaccins pour sa population ? Pourquoi n’avoir pas mis cet item sous le ministère de la Santé, qui bénéficie déjà d’un budget supplémentaire de Rs 2,5 Mds. Au lieu d’investir dans les infrastructures, on aurait dû acheter des vaccins », dit-il.

Partant de ce principe d’une nouvelle taxe sur les produits pétroliers, Jayen Chellum affirme que le vaccin n’est pas gratuit pour autant. « Ce sont les automobilistes qui sont en train de payer pour la population. Et puis, on viendra se vanter tous les jours qu’on reçoit des vaccins gratuitement. » De plus, ajoute-t-il, le gouvernement a déjà un Covid19 Solidarity Fund qui, à travers une taxe de Re 1, a déjà récolté Rs 1,1 milliard. « L’année dernière, le prix de l’essence et du gaz ménager avait dégringolé. Pourquoi avait-on besoin de subsides ? » ajoute-t-il.

La plateforme contactera les parlementaires afin que des interpellations puissent être posées à ce sujet à l’Assemblée nationale. Jayen Chellum souhaite que le gouvernement permette à cette instance d’assumer son rôle démocratique et ne va pas bloquer les PQS. Il est aussi suggéré qu’une Motion of Disallowance soit présentée contre la récente augmentation de produits pétroliers.

Également présent sur la plateforme, le professeur Rajen Narsinghen étudiera la possibilité de contester cette taxe de Rs 2 en Cour. Il en discutera avec d’autres conseils légaux. La plateforme entamera également une série de mobilisations à travers l’île contre « les augmentations de prix abusifs » et les Mauriciens sont invités à rejoindre le mouvement en nombre.

Déjà, un premier rallye est annoncé à Port-Louis au cours de la troisième semaine de juillet. Les détails seront communiqués ultérieurement. Une opération escargot est aussi à l’agenda. Plusieurs mouvements sociaux ont répondu à l’appel de l’ACIM pour la mise en place de cette plateforme, à l’instar de Linion Sitwayen de Bruneau Laurette, le Front Citoyens Libres de George Ah-Yan, Démocratie Maurice, ainsi que des associations syndicales comme la GSEA, la CTSP, la FTU et CSG Solidarité, et bien sûr de nombreux citoyens.

Competition Commission of Mauritius : « Des objectifs socio-économiques légitimes, mais… »

La Competition Commission of Mauritius (CCM) reconnaît que la perturbation brutale engendrée par le Covid-19 a suscité de nombreux débats autour de la nécessité de la mise en place du contrôle des prix. Ce qui ne l’empêche pas de souligner que plusieurs études, dont celle de la Banque mondiale, sur les perspectives économiques, suggèrent que « price controls have several limitations, and they usually fail to serve the very purpose for which they were initially set avec la dégradation de la pauvreté.

Le contrôle des prix est-il la meilleure solution ? Telle est la question à laquelle tente de répondre la CCM dans sa dernière Newsletter. Elle commence par expliquer que le contrôle des prix est une mesure exigeant que les produits/services soient offerts à un prix déterminé par une méthodologie prédéfinie, plutôt que par les forces du marché libre.   « Le contrôle des prix peut être vu comme une méthode servant à rendre les prix plus raisonnables dans le but d’améliorer le bien-être des consommateurs ou d’atteindre des buts socio-économiques », explique la CCM.

« While there may be legitimate socio-economic goals in regulating prices in certain markets, price regulations may distort the proper functioning of the market mechanism. The variety and quality of goods/services offered may be reduced. The incentive to innovate may also be reduced. Weak enforcement of price regulation can lead to black markets and collusive behaviours among competitors. In brief, it may lead to sub-optimal market outcome », poursuit la Competition Commission.

« For instance, price regulations are being introduced with respect to freight forwarder’s services for consolidated cargo and real estate agents’ services in carrying out real estate transactions. Undoubtedly, the intention behind the introduction of such price regulations cannot be other than enhancing the welfare of consumers and the economy at large. Indeed, when price increases there are much public debates proposing to control prices. » Si cela peut paraître une solution attrayante, note la CCM, elle se demande cependant si la méthode est vraiment efficace et s’interroge sur les implications sur le long terme.

Pour la CCM, améliorer l’environnement concurrentiel peut être un moyen plus efficace pour réduire les coûts pour les consommateurs et les producteurs que le contrôle des prix. Elle s’appuie sur le rapport de la Banque mondiale sur les perspectives économiques à travers le monde, précisément le chapitre intitulé “Price controls: Good Intentions, Bad Outcomes”, qui met l’accent sur le fait que les contrôles des prix ont leurs limites.

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