Paramasiven Sammynaden (président de l’AMA) : « Il faudra conscientiser les jeunes au haut niveau »

En mars dernier, lors de l’assemblée générale élective, Paramasiven Sammynaden a succédé à Vivian Gungaram en tant que président de l’Association mauricienne d’athlétisme (AMA). Étant à la tête d’une fédération qui compte plus de 1500 licenciés, le tout nouveau président tentera d’amener sa pierre à l’édifice durant son mandat qui prendra fin en 2025. Sa mission principale sera le développement des jeunes athlètes et d’accompagner les élites vers le sommet.

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Vous avez été élu président de l’AMA en mars et êtes l’un des plus jeunes à la tête d’une fédération. Quelle est votre réaction ?

Je savais en avance l’importance de cette responsabilité. Je ne suis pas inquiet, car l’équipe qui m’entoure m’apporte son expérience, ce qui rend les choses beaucoup plus faciles à gérer.

Ancien athlète devenu désormais président de la fédération, comment comptez-vous améliorer la vie des athlètes ?

En tant qu’athlète, on a souvent l’impression de ne pas avoir le soutien de la fédération, mais de l’autre côté de la barrière, on voit une autre facette. Il y a des procédures strictes à suivre avant de procéder à une sélection ou un stage. Lorsque j’étais athlète, c’était facile pour moi de critiquer certains choix. Mais aujourd’hui, en tant que président, je vois la réalité de cette discipline.

Et comment aider au mieux les athlètes ?

Nous avons restructuré les différentes commissions, et le but sera de se rapprocher des athlètes afin de connaître leurs besoins.

Avez-vous eu des retours des athlètes depuis la restructuration des commissions ?

Oui. Pendant le confinement, les commissions ont récolté pas mal d’informations et d’ici deux semaines, nous pourrons finaliser les dossiers.

Quelles sont les demandes qui reviennent le plus souvent ?

Ils voulaient connaître la date de reprise des entraînements. Nous avons alors fait la liaison avec les différents entraîneurs, et nous avons mis un système de challenge, créé par la commission des athlètes, tout en attendant le feu vert du ministère des Sports.

La semaine dernière, l’AMA a dévoilé un nouveau calendrier. Mais pour les présélectionnés aux prochains championnats d’Afrique en juin en Algérie, ils n’auront que deux compétitions pour s’exprimer. Est-ce suffisant après deux mois de confinement ?

Définitivement, ce n’est pas suffisant. Il faut aussi prendre en considération les contraintes auxquelles le sport mauricien a dû faire face. Ces athlètes ont été coupés de l’entraînement de haut niveau.

Qu’attendez-vous des locaux en Algérie ?

Il faut être réaliste, car leur niveau ne sera pas le même. La reprise des entraînements pour les locaux a eu lieu lundi. À la rigueur, je m’attends à une performance honorable après trois ou quatre semaines d’entraînements.

À l’heure actuelle, peut-on dire que les chances de médaille reposent sur les expatriés, dont Marie Perrier, Jonathan Drack et Jérôme Caprice ?

Oui, car ils ont eu la chance de continuer leur entraînement et même de participer à des compétitions.

Est-ce un bon choix d’avoir inclus Jonathan Drack (triple saut) dans cette présélection, sachant qu’il n’a fait aucune compétition cette année ?

Il faut faire ressortir qu’il avait été médaillé aux Jeux africains en 2019. Certes, il n’a pas encore de performance homologuée cette année, mais d’après son entraîneur et les données en notre possession, nous pouvons dire qu’il est en bonne forme. Il a côtoyé un niveau honorable et nous n’avons aucun doute sur son professionnalisme.

Lors des prochains Mondiaux U20, Alvin Rughoodass (100m) représentera Maurice. Compte tenu de ses performances chronométriques, ce sera difficile pour lui d’avancer dans la compétition. Pensez-vous que le sprint masculin soit au point mort ?

Je ne partage pas l’avis de certaines personnes à ce sujet. Nous avons des performances qui ne sont pas extraordinaires, mais qui doivent être prises en considération. Valeur du jour, si nous comparons les performances seniors et juniors, il n’y a pas une énorme différence. Nous avons des jeunes comme Jérémie Lararaudeuse (110m haies) qui a réalisé de très bons chronos et il se rapproche du record national seniors détenu par Judex Lefou. Noah Bibi sera certainement un élément à suivre pour l’avenir. Donc, dire que le sprint mauricien est au point mort, je ne veux pas y croire. Les jeunes ne sont pas encore arrivés à leur maturité.

Comment expliquez-vous la baisse de niveau des seniors masculins en sprint depuis mars 2020 ?

Il y a plusieurs facteurs pour expliquer cela. Ces mêmes personnes qui ont réalisé de bons chronos lors des JIOI 2019 et début 2020 ont dû faire face à un premier confinement. Et perdre trois mois lorsque vous êtes à votre meilleure forme, surtout pour un sprinter, c’est très compliqué.

Étant un ancien coureur de 1500m, quelle est la situation actuelle en ce qui concerne les spécialistes de cette épreuve, car cela fait très longtemps qu’on n’a pas eu une bonne référence chronométrique…

Le dernier record national remonte à 2016 au 1500m, où Mohammad Dookun avait inscrit son nom sur les tablettes nationales. Nous avons des jeunes qui ont du potentiel, mais ils pourront plus s’affirmer au niveau régional que continental à l’heure actuelle. Il faudra conscientiser les jeunes au haut niveau et nous y travaillons avec les commissions. Les JIOI 2023 seront certainement pour les athlètes qui participeront aux Jeux de la CJSOI en 2022 un des objectifs de leur carrière.

Et au niveau du saut et des lancers ?

Nous avons quelques jeunes comme Alexandre Gentil au triple saut et Dezardin Prosper en saut en hauteur qui a réalisé à deux reprises 2,10m. Cela faisait très longtemps que nous n’avions pas eu de telles performances. Au niveau des lancers, Juliane Clair (marteau) sort du lot.

Néanmoins, dans certaines épreuves comme le marteau (masculin) ou le javelot (féminin et masculin), la relève est quasi inexistante…

Effectivement, et c’est pour cela que nous avons misé sur le programme Youth Development qui est un projet sur quatre ans. Au niveau du comité technique et développement, Joël Sévère et Vivian Gungaram auront comme mission d’encadrer ces jeunes qui seront amenés à évoluer dans ces épreuves et qui avaient certaines lacunes.

Où en sont les compétitions à Rodrigues ?

Contrairement à Maurice, ils n’ont pas connu de confinement. Les entraînements se poursuivent, et la semaine dernière nous avons de belles performances lors de la course sur route qui avait été organisée.

Le budget des fédérations sera revu à la baisse par le ministère des Sports. À quel point cela affectera-t-il l’AMA ?

Cela aura définitivement un impact. Sans finances, ce sera compliqué pour l’organisation des compétitions, des formations et aussi pour le développement de nos athlètes. Nous avons des sponsors qui sont restés fidèles à l’AMA, et pour cela, je les remercie, mais il faut être réaliste que l’apport financier joue un rôle principal pour les fédérations sportives.

Les athlètes pourront-ils bénéficier de stages à l’étranger durant la saison ?

Tout dépendra du ministère, car avec le système de quarantaine, c’est difficile de permettre à un athlète de participer à un stage à l’étranger et ensuite revenir pour être inactif pendant deux semaines.

Est-ce plus facile d’être président qu’athlète ?

(Rires) J’aurais préféré être athlète. Avant d’accéder au poste de président de l’AMA, j’avais eu une expérience au niveau d’un club. J’ai eu un certain apprentissage. Les responsabilités sont là et la pression aussi, mais j’ai une équipe qui m’aide afin que l’AMA puisse correctement fonctionner.

 

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