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Pêche : Une note salée dans les casiers

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Pêche : Une note salée dans les casiers
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Ils estiment que s’ils avaient été consultés en amont cela leur aurait évité les énormes pertes subies. Quand ils ont enfin pu sortir leurs casiers de la mer le 4 mai, les pêcheurs n’ont pu que constater les dégâts. Plusieurs ont été endommagés ou ont disparu. La reprise leur sera compliquée.

Ayant enfin eu l’autorisation d’aller remonter leurs casiers le 4 mai, les pêcheurs s’attendaient, avec raison, au pire. “La plupart des pêcheurs de notre région n’ont pas retrouvé leurs casiers. Quand les casiers restent dans l’eau trop longtemps ils s’abîment, ils dérivent ou ils coulent”, explique Louis Gérard, 51 ans, de Baie du Cap. “ En sus du fait que la mer est souvent houleuse dans notre région, nous avons également été affectés par deux épisodes de fortes houles pendant le confinement. Les chances de retrouver nos casiers étaient bien minces.”

Ce dernier et deux autres collègues étaient sortis en pirogues à la recherche de leurs casiers respectifs. Des trois pirogues, une seule a pu retrouver trois de leurs casiers. Une trentaine manque à l’appel.

A Grande-Rivière-Nord-Ouest les casiers remontés étaient principalement en métal. Les casiers en bambous : “Fini vinn biskwi sa”, lâche Ramesh Chutoo, pêcheur de cette région. De plus s’ils ont eu l’autorisation pour être en mer uniquement ce jour-là : “Il est impossible pour les pêcheurs de sortir tous leurs casiers en un seul jour. J’ai passé un peu plus de trois heures en mer pour n’en remonter que sept alors que j’en ai cinquante.”

Des milliers de roupies à l’eau.

Rudy Paul, 41 ans, de Riambel, n’a même pas essayé de prendre la mer. “J’avais 18 casiers en mer. Trois étaient à une centaine de mètres de profondeur et les autres de 15 à 20 mètres de profondeur juste après les récifs. Ils ont tous, fort probablement, été abîmés par la houle et les gros poissons.” Les pertes financières sont conséquentes. Une situation de laquelle ces pêcheurs auront du mal à se relever. “Je venais de contracter un emprunt de Rs 100 000 pour acheter ces casiers. Je les ai presque tous perdus. Il faudra en fabriquer de nouveaux et dépenser encore plus d’argent. Ce sera très difficile”, dit Rudy Paul. Un casier en métal coûte de Rs 5 000 à Rs 6 000. La structure basique achetée auprès de fabricants artisanaux coûte de Rs 2 500 à Rs 3 000. Il faut ensuite y ajouter d’autres éléments pour les stabiliser dans l’eau et les consolider. Ramesh Chutoo explique que les casiers qui ont pu être remontés nécessiteront des réparations qui engendreront des frais.

Consultations.

Tout cela était évitable, disent les pêcheurs. Le manque de connaissance des autorités dans ce domaine et le fait qu’ils n’aient pas été consultés ont rendu les choses catastophiques. “On aurait dû nous consulter au moins pour comprendre de quoi il en ressort. Ce qui aurait aidé le autorités à prendre des décisions adéquates”, dit Louis Gérard. Selon les pêcheurs, des gardes-côtes sont venus vérifier les cartes de pêcheurs à certains endroits. Cependant, ils s’étonnent que les autorités ne soient pas venues les voir après l’exercice du mardi 4 mai. “Ils auraient pu au moins passer voir si tout s’était bien passé.”

Un malentendu qui coûte cher

L’annonce des autorités selon laquelle la pêche sera un des secteurs appelés à reprendre ses activités au déconfinement a induit quelques pêcheurs en erreur. Ils sont quelques-uns à avoir compris qu’ils pouvaient aller pêcher dès le 4 mai. Dès le lendemain, le ministère de la Pêche sortait un communiqué pour clarifier la situation. Une action tardive selon un autre pêcheur qui avait également mal compris le message des autorités et qui était sorti faire une partie de pêche au thon à Trou aux Biches le 4 mai. Sortie qui lui a valu, avec ses deux compères, une amende de Rs 500 chacun pour Breach of curfew order. “Les informations n’étaient pas suffisamment claires. On était au large entrain de pêcher le thon lorsque les gardes-côtes nous ont interpellés et nous ont traîné avec eux jusqu’au port. Ce qui me gène le plus c’est qu’ils nous ont interpellés comme-ci nous étions des malfrats”, confie-t-il.