Pete Buttigieg, le jeune outsider qui se voit à la Maison Blanche

Même s’il semble convaincu que son destin passe par la Maison Blanche, Pete Buttigieg aime répéter qu’il n’a rien à voir avec l’establishment de Washington.

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Au contraire, ce technocrate ouvertement homosexuel de 38 ans s’applique à citer autant que possible son expérience de maire de South Bend, une petite ville de l’Etat de l’Indiana. Là, assure-t-il, il a développé une connexion avec les Américains bien plus authentique que celle des élites de la capitale fédérale.

Positionné au centre, il s’est lancé l’an dernier dans la bataille pour être celui qui sera le grand rival de Donald Trump à la présidentielle de novembre. Il doit pour cela affronter des candidats démocrates plus connus du grand public, mais également deux fois plus âgés.

« Pete », ainsi qu’on l’appelle volontiers en raison de son nom imprononçable, a su surmonter son jeune âge, son manque d’expérience nationale et son déficit de notoriété pour créer l’exploit dans la primaire démocrate de l’Iowa, dont il a pris la tête selon des résultats portant sur deux tiers des bureaux de vote

Excellent orateur, il s’est démarqué par son ton calme et confiant, son apparente connaissance des dossiers, même les plus sensibles comme la géopolitique, mettant en avant son expérience d’engagé militaire, lui qui a passé sept mois en Afghanistan.

Il est parvenu à apparaître comme un outsider crédible face à ses rivaux démocrates, parmi lesquels l’ancien vice-président Joe Biden, qui a longtemps caracolé en tête des sondages, et le sénateur Bernie Sanders, grand espoir de l’aile gauche du parti.

Ces deux vétérans de la politique n’ont pas su contenir Pete Buttigieg, qui n’a eu de cesse d’affirmer aux électeurs que son statut de nouveau venu n’était pas unique dans l’histoire des élections présidentielles.

« Chaque fois que mon parti est entré à la Maison Blanche ces cinquante dernières années, cela s’est fait grâce à un candidat novice en politique nationale, axé sur le futur, non façonné par le mode de vie de Washington et ouvrant la voie à une nouvelle génération », a-t-il déclaré lors d’un rassemblement le week-end dernier à Waterloo dans l’Iowa.

« C’est comme ça qu’on gagne ».

Le point fort de M. Buttigieg est son éligibilité.

Il a mis en avant certaines positions progressistes mais pense que ses vues plus modérées sur la couverture santé et les impôts pourraient convaincre les électeurs centristes, notamment les indépendants et les républicains ayant voté pour Donald Trump mais souhaitant une option pour sortir de cette présidence marquée par la division.

Pete Buttigieg a aussi profité de son passage dans l’Iowa pour séduire des comtés s’étant prononcés en faveur de Barack Obama en 2012 puis pour M. Trump en 2016.

« Nous accueillons beaucoup de futurs anciens républicains déterminés à tourner la page », a-t-il expliqué à Ottumwa dimanche.

– Le partisan de l’unité post-Trump –

La traduction de sa victoire dans l’Iowa en un succès électoral plus large sera une tâche monumentale.

Malgré sa capacité impressionnante à lever des fonds, les sondages nationaux ne le placent qu’en cinquième position. La faute à un déficit de notoriété comparé à des candidats plus établis.

Il souffre, par ailleurs, d’un soutien très faible chez les électeurs noirs, un électorat clé pour les démocrates.

L’orientation sexuelle de M. Buttigieg, qui s’est affiché dès le début de la compétition aux côtés de son mari Chasten, semble cependant avoir relativement peu d’impact sur le choix des électeurs.

Ces derniers mois, le jeune diplômé d’Harvard, qui parle sept langues, a préféré mettre l’accent sur sa foi chrétienne plutôt que son mariage avec un homme.

Chasten Glezman, 30 ans, deviendrait le premier « first gentleman » si son mari était élu président.

En tant que maire, Pete Buttigieg, qui s’est marié à l’église à l’été 2018, a régulièrement réagi à des propos du conservateur religieux Mike Pence, ancien gouverneur de l’Indiana devenu aujourd’hui vice-président des Etats-Unis.

Pour beaucoup d’Américains, M. Buttigieg était un parfait inconnu jusqu’à ce qu’il qualifie Mike Pence de « pom-pom girl » de la présidence Trump, une présidence « de stars du porno » selon lui.

A mesure que sa campagne s’est étoffée, il s’est présenté comme un partisan de l’unité après les divisions de l’ère Trump.

Il s’est positionné en faveur d’une couverture santé étendue à tous les Américains mais propose qu’ils puissent choisir entre une option publique et une assurance privée.

Il est aussi pro-syndicats et propose d’augmenter le nombre de juges à la Cour suprême.

mlm/dax/leo/seb

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