ASSEMBLÉE NATIONALE | Fait du jour du QT – PNQ : le Speaker sort la guillotine contre XLD

  • XLD énumère du « Fishy Business » avec les objections de l’Investment Committee de la MIC renversées, dont les Rs 4,5 milliards d’Omnicane, Rs 500 M d’Avinash Gopee et les Rs 250 M d’Akai Fisheries
  • Sooroojdev Phokeer : I disallow the question… It’s a breach of confidentiality… I have a duty »
  • Arvin Boolell suspendu de l’Assemblée nationale pour les huit prochaines séances avec un pugilat évité de justesse et des policiers intervenant pour tempérer l’ardeur de Sooroojdev Phokeer

La guillotine a fonctionné à plein régime à l’Assemblée nationale pour la Private Notice Question du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, sur les déboursements effectués par la Mauritius Investment Corporation Ltd. Et ce, bien même avant le début de la séance. En effet, d’emblée, Xavier-Luc Duval devait faire état du point que la teneur de la PNQ avait été amputée de « substantial parts » au niveau du secrétariat de l’Assemblée nationale. Ce n’est en effet qu’à une dizaine de minutes des travaux que la version finale de la PNQ avait été communiquée officiellement. Toutefois, cette guillotine parlementaire allait être actée de façon plus évidente vers la fin des échanges sur la PNQ, le Speaker, Sooroojdev Phokeer, se tenant debout, « disallowing » des interpellations supplémentaires sur des cas de maldonnes à la Mauritius Investment Corporation Limited, à l’invitation du ministre des Finances, Renganaden Padayachy. Xavier-Luc Duval a pu quand même citer trois cas où des décisions de l’Investment Committee ont été renversées par le board de la MICL pour un montant global de Rs 5,3 milliards, dont Rs 4,5 milliards pour le compte du groupe Omnicane. Toutefois, un autre grave incident s’est déroulé hors des caméras de la Parliament TV, notamment dans les couloirs de l’Assemblée nationale, où le Speaker a apostrophé de manière virulente le chef de file du parti travailliste, Arvin Boolell. Ne serait-ce l’intervention du député Patrick Assirvaden, qui s’était mis entre les deux protagonistes, et un haut gradé de la police, ordonnant aux policiers de « pran li (le Speaker) al laba », les conséquences auraient pu être plus graves. Après la suspension de la séance, le trio – soit le Speaker, le Leader of the House, Pravind Jugnauth, et Steven Obeegadoo, Second In Command, avec son « Seconded » à la manière de Stentor, en mission parlementaire commandée – a enclenché les procédures pour la nouvelle suspension d’Arvin Boolell pour les huit prochaines séances de l’Assemblée nationale. La séance, qui a été ajournée vers les 23 heures, hier soir, a vu l’adoption de The Institute of Technical and Technology Education Bill et le député de l’opposition, Ritesh Ramful, faire un plaidoyer en faveur des 71 chauffeurs de taxi affectés au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport, qui ne peuvent opérer avec la réouverture des frontières.

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Toutefois, le Grand argentier, qui s’était préparé pour une leçon d’économie de la nouvelle normalité avec la MIC, s’est fait éclipser par la prestation sans merci du Speaker. Évidemment, pour la partie liminaire de la réponse, d’une quinzaine de minutes, Renganaden Padayachy a mis en exergue les vertus de la MIC, tout en évitant de donner des réponses précises et en s’appesantissant sur le fait que « je ne peux répondre que pour des entités qui ne sont que sous ma tutelle ». Il a aussi donné la nouvelle composition du board de la MIC, avec le départ de Lord Desai, remplacé par Mark Florman, les autres membres étant substantiellement les mêmes.

« Il m’a été indiqué et confirmé par les éléments publiés sur le site de la MIC que cette dernière a déjà approuvé des facilités de financement totalisant un montant de plus de Rs 30 milliards. Ces entreprises bénéficiaires de la MIC représentent plus de 30 000 emplois directs et 90 000 emplois indirects, avec un apport de ces secteurs d’activité d’environ 50% à notre PIB. Sans ce support, la stabilité financière du pays aurait pu être mise à mal, entraînant des conséquences durables sur l’ensemble de la structure de notre économie », s’est targué le ministre des Finances.

Néanmoins, dès les premières salves de la tranche des interpellations supplémentaires, le leader de l’opposition devait prendre le ministre des Finances à rebrousse-poil pour son refus catégorique de donner des détails sur les opérations de la MICL.

XLD : Why are you refusing that transparency? What are you hiding? Jagutpal bis…

Speaker : What’s happening…

Padayachy : Je crois que le leader de l’opposition n’aime pas mes attaques personnelles. Je demande qu’il se rétracte avec l’expression Jagutpal bis à mon égard.

XLD : What’s wrong with Jagutpal bis? It’s a compliment. I won’t withdraw. Devant l’insistance pour qu’il se rétracte avec le mot « incompétence », le leader de l’opposition fait de la résistance en soulignant : « I have never said that word. How can I withdraw it? »

À ce stade, Renganaden Padayachy révèle que les honoraires de Lord Desai n’étaient que de USD 1 500 par mois et qu’il était convenu dès le départ qu’il assumerait la présidence de la MICL seulement pour la première année.

XLD (revenant à la charge) : MICL has been granted a banking licence by the Bank of Mauritius. Is this what you are saying?

Le ministre trouvera comme riposte que « je ne peux répondre sur des entités qui ne sont que sous ma tutelle ». De son côté, le Speaker demandera au leader de l’opposition de revenir à la substance de la PNQ.

XLD : La PNQ porte sur la transparence dans les opérations de la MICL. Why your refusal to answer the questions? There has been some fishy business going on…

Sur ce, le ton devait monter d’un cran, le ministre des Finances invitant le leader de l’opposition à faire état des informations qui sont en sa possession.

XLD : Lors des délibérations du 12 mai dernier, l’Investment Committee de la MICL avait rejeté du Fishy Business avec une demande d’Akai Fisheries.

Speaker (interrompant le leader de l’opposition) : You can’t judge. Vous ne pouvez pas utiliser le terme “fishy” ?

XLD : It’s called Akai Fisheries. Une demande d’aide de Rs 250 millions et sans aucune garantie, sauf un bateau. The Investment Committee turned down the demand…

Speaker : Vous ne pouvez pas vous prévaloir de l’immunité parlementaire pour faire des allégations. Je ne vais pas tolérer. I will be severe…

Devant les protestations de l’opposition, notamment d’Arvin Boolell, et le fait que le nom du gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegolam est cité, Sooroojdev Phokeer sort de ses gonds.

Speaker (à l’adresse de Boolell) : You are challenging my ruling

Il est alors presque midi et c’est l’escalade verbale entre deux protagonistes, le Speaker ordonnant au chef de file du PTr de « withdraw from the Chamber ». Injonction répétée en trois occasions. Puis un « I am naming you » comme pour répondre à  Arvin Boolell, qui avait lancé d’abord un « Shame ». Ensuite, un « Batchiara », des plus éloquents coupant au travers de l’hémicycle.

Le temps qu’Arvin Boolell ne prenne ses affaires pour quitter l’hémicycle, le Speaker devait lever la séance. Et dans les couloirs de l’Assemblée nationale, les explications verbales devaient devenir encore plus virulentes. Sooroojdev Phokeer n’a pas digéré d’être traité de « batchiara » et devait apostropher Arvin Boolell : « Vinn dir sa dan mo figir ! ». Le député Patrick Assirvaden s’est alors mis entre eux pour éviter tout contact physique, alors qu’un haut gradé de la police devait tout simplement demander à ses hommes : « Pran li (Speaker) al laba ! ». L’enregistrement des caméras de sécurité devrait en faire foi.

À la reprise de la séance, l’interdiction de huit semaines infligée à Arvin Boolell n’aura été qu’une simple formalité, le DPM, Steven Obeegadoo, se contentant de seconder la motion présentée par le Premier ministre à trois différentes étapes. Mais les sept dernières minutes de la PNQ n’auront nullement été de tout repos, le leader de l’opposition accentuant la pression sur les maldonnes au niveau de la MICL, le ministre des Finances étant privé de droit à la parole et le Speaker « tentant de barrer les Free Kicks » de Xavier-Luc Duval.

XLD (reprenant l’affaire Akai Fisheries : Yet that decision (objection de l’Investment Committee) was reversed by the board.

Speaker : (…) Bear with me, I will disallow that question…

XLD : As was the case with the State Trading Corporation…

Speaker : Qu’est-ce que la STC a à faire dedans ?

XLD : C’est toute une question de transparence et de bonne gouvernance, et cela au nom de ces 1,3 million de Mauriciens qui sont des contribuables. Why this fishy business?

Speaker : Vous revenez avec le terme “Fishy” ?

XLD : Il y a un autre cas. Celui de Avinash Gopee…

Speaker : Il ne faut pas citer de noms.

XLD : Avinash Gopee avec une demande d’assistance de Rs 500 millions…

Speaker : I will disallow the question.

XLD : Le ministre peut-il révéler à la Chambre le nombre de demandes qui ont été rejetées par l’Investment Committee et repêchées au niveau du board de la MICL, comme cela a été le cas pour les Rs 4,5 milliards allouées au groupe Omnicane ?

Speaker : I disallow the question. It’s a breach of confidentiality. I have my duty. Time is over.

Renganaden Padayachy est resté pantois avec la fin de la PNQ et l’amorce du Prime Minister’s Question Time.

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