Parallèment à la séance plénière du G20 Summit, avec l’Union africaine admise en tant que membre à part entière sur proposition de l’Inde, ou encore le Premier ministre, Pravind Jugnauth, soulignant l’urgence climatique, le terrain est également fertile sur le plan des échanges bilatéraux. Ainsi, profitant de la première séance de la série de tête-à-tête, la partie mauricienne a décliné ses ambitions sur le plan d’exploration spatiale. Par contre, la préoccupation en matière de sécurité dans cette partie l’océan Indien s’inscrit en filigrane avec les dossiers de l’archipel des Chagos et d’Agalega évoqués, même si aucun détail n’a transpiré officiellement quant aux développements intervenus.
Le communiqué émis officiellement, hier en début d’après-midi par le Prime Minister’s Office, note que « pendant deux jours, Maurice aura l’occasion de s’exprimer sur une plateforme regroupant les 20 plus grandes puissances mondiales. » Tout en remerciant son homologue indien pour l’invitation en tant que Special Guest au G20 Summit, Pravind Jugnauth a évoqué dans son intervention à la séance plénière la nécessité de revoir les structures de financement de mesures d’adaptation au changement climatique.
Il a exprimé sa satisfaction de voir le thème du changement climatique occuper une place importante à l’agenda du sommet. Et cela, même si les observateurs aguerris de ces sommets politiques ne cachent pas leur scepticisme quant à des résultats probants sur la question. D’autre part, le Premier ministre a formellement exprimé ses plus profondes sympathies au gouvernement et au peuple du Maroc frappé par un tremblement de terre.
Toutefois, tout indique que le volet majeur des avenues de coopération a été évoqué lors des rencontres bilatérales. Ainsi, l’agence de presse indienne ANI fait état des ambitions de Maurice en matière d’exploration spatiale. « Mauritius Prime Minister Pravind Jugnauth on Friday congratulated Prime Minister Narendra Modi on the success of the Chandrayaan-3 mission and looked forward to further cooperation between the two sides in the space sector », avance cette dépêche citant le ministère des Affaires étrangères indien.
C’est à cette agence de presse que Pravind Jugnauth s’est confié au sujet de l’intention de Port-Louis de solliciter New Delhi pour un renforcement de la Defence Cooperation entre Maurice et l’Inde, tout en occultant toute mention de la base militaire à Agalega, qui doit être opérationnelle d’ici à la fin de cette année.
Dans une interview accordée dès son arrivée en Inde jeudi, Pravind Jugnauth a déclaré que « you can see the maritime area for us to police is enormous and alone. We don’t have sufficient resources to be able to do that. We have seen a number of illegal activities in the Indian Ocean — starting with piracy, illegal fishing, drug trafficking and smuggling of illicit goods. We need to collaborate with other countries to see to it that the Indian Ocean is a safe place. » Il a aussi exprimé le souhait durant cette visite de pouvoir « strengthen Defence Cooperation with India to counter the illegal activities that take place in the Indian Ocean. »
Le Premier ministre confirme que « we have an agreement with India for maritime security and surveillance and it is not only with India. We have an agreement with France, with the US and other friendly African countries. It is quite normal that when we share the same objective. Countries come together in order to see to it that we protect the country and make the ocean a safer place. »
Pour ce qui est de l’archipel des Chagos, un succint communiqué émis suite à une rencontre entre Pravind Jugnauth et son homologue britannique, Rishi Sunak, hier après-midi, annonce une nouvelle rencontre entre les deux chefs de gouvernement, soit le troisième échange depuis l’annonce simultanée du jeudi 3 novembre 2022. Selon toutes probabilités, le rendez-vous pourrait être fixé pour la prochaine assemblée générale des Nations unies. « They also assessed the progress made so far in the negotiations between Mauritius and the United Kingdom on the exercise of sovereignty over the Chagos Archipelago », indique le Prime Minister’s Office.
« Truly special partnership »
Dans la conjoncture, la question qui se pose par rapport au dossier des Chagos est que le deadline convenu en novembre de l’année dernière est déjà dépassé, même si dans certains milieux avisés, l’on persiste à croire qu’une annonce pourrait intervenir entre le 4 novembre prochain, premier anniversaire du coup d’envoi des négociations bilatérales, et le 22 novembre, soit le quatrième de la résolution Lev Pake Ale sans condition imposée aux colons anglais par les Nations unies. Mais non-respectée à ce jour.
Par ailleurs, commentant la rencontre de vendredi dernier, les deux parties affirment que « the G20 events coincided with the celebration of the 75th anniversary of diplomatic ties between the two nations. » Elles ont passé en revue la coopération bilatérale multifacettes avec plus d’une trentaine de missions officielles et la signature de 23 accords.
« PM@KumarJugnauth and I had a very good meeting. This is a special year for India-Mauritius relations as we mark 75 years of diplomatic ties between our nations. We discussed cooperation in sectors like infrastructure, FinTech, culture and more. Also reiterated India’s commitment to furthering the voice of the Global South », affiche Narendra Modi dans un post sur X (ex-Tweeter).
Dans la matinée de vendredi, le ministre des Affaires étrangères, S. Jaishankar, qui avait reçu Pravind Jugnauth, a parlé de « truly special partnership » entre Maurice et l’Inde. De son côté, Pravind Jugnauth est revenu sur la pierre angulaire que représente le Comprehensive Economic Partnership Agreement dans l’architecture des relations bilatérales. « India has signed first agreement with the first country in Africa with Mauritius. The Comprehensive Economic Partnership Agreement (CEPA) is another testimony of the consideration that India has for Mauritius. This has now opened up new avenues for trade between the two countries… It is beneficial to both countries… », déclare-t-il.
