Budget 2024-25 – Navin Ramgoolam : « nous sommes dans un état d’urgence économique »

À quelques jours de la présentation du budget 2024-25, l’alliance PTr-MMM-ND a fait une analyse de la situation économique du pays face à la presse hier. Un paysage miné par l’inflation galopante, la dépréciation de la roupie, entre autres, selon les dirigeants des trois partis de l’opposition parlementaire.

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Le deuxième miracle économique promis par l’alliance MSM-PMSD-ML, en 2014, n’a pas eu lieu. « Depuis 2014, Vishnu Lutchmeenaraidoo a présenté un budget, Pravind Jugnauth quatre et bientôt Renganaden Padayachy en sera à son cinquième. Pendant ces dix années, au lieu d’un miracle, ils ont créé un mirage économique. Tous les indicateurs de notre macro-économie sont dans le rouge. Notre économie est aux soins intensifs. Nous sommes dans un véritable état d’urgence économique.
« Lindistri kokin ek lindistri ladrog »

L’inflation est ravageuse. Les chiffres sont faussés. La roupie continue dans sa dégringolade. Zot inn devalie roupi par 46% depi 2014 ! La dette publique a augmenté. Eux disent que celle-ci s’élève Rs 524 milliards, mais ils ne mentionnent pas les special purpose vehicles. Ces Rs 524 milliards représentent Rs 400 millions par Mauricien. Ils ont amendé la loi pour pouvoir s’approprier des réserves de la Banque de Maurice. Aucun ministre des Finances post-indépendance n’a été jusque-là !  » a déclaré Navin Ramgoolam.

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Poursuivant son analyse, Navin Ramgoolam a rappelé que le taux d’intérêt a augmenté par 143 % en une année. « Tou pei pe kontrol inflasion. En Europe le taux d’intérêt est de 2,4%, en Angleterre 3%, aux États-Unis 3,2% parce qu’ils sont parvenus à contrôler l’inflation. Ici, ils parlent encore du Covid ! » Pour le leader de l’alliance PTr-MMM-ND, la dépréciation de la roupie est une action délibérée et ne découle pas des lois du marché. Par conséquent, affirme-t-il, « à cause de la gestion catastrophique de l’économie », le coût de la vie ne cesse de grimper chaque semaine, les fins de mois deviennent de plus en plus difficiles. « Lorla kan gouvernman pe depresie roupi li pe tap so 15% TVA mem li ! En 2021-2022, la TVA a ramené Rs 38,3 milliards, Rs 49,4 milliards en 2022-23 et Rs 61,5 milliards en 2023-24. Donc, en deux ans, le gouvernement a récolté Rs 23,2 milliards en TVA », a expliqué Navin Ramgoolam.

Ce dernier a déploré l’absence de secteurs innovants. « Sel sekter ki zot inn resi kre, se lindistri kokin ek lindistri ladrog. Apar sa zero ! » a-t-il noté. Et de faire ressortir que l’augmentation des différentes pensions et autres allocations n’a pas pour autant allégé les bourses. « Medsinn pe kout pli ser. Mo riye kan mo trouv minis reponn enn PNQ lor medsinn. Li dir ki pri 80% bann medsinn inn bese. Mo demann li si li res dan Pol Nor. Lor ki planet zot sorti ? » s’est demandé le leader du PTr.

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Navin Ramgoolam a tenu à rappeler que « Pravind Jugnauth avait parlé de la création d’une usine pharmaceutique, tout comme une usine de fabrication de bicyclette. Tou sa-la inn fonn », mais qu’au final le gouvernement de celui-ci ne se soucie pas de l’économie. À l’approche des élections, a-t-il prévenu, les promesses, dans le camp du pouvoir, seront légion. « Parce qu’ils savent qu’il sont en partance », selon Navin Ramgoolam. Il a expliqué que les vaines demandes pour une baisse dans le prix du carburant ces deux dernières années n’avaient jamais été entendues. « Mais parce que les élections sont derrière la porte, ils ont baissé légèrement le prix du carburant », a dit Navin Ramgoolam.

Par ailleurs, ce dernier a promis la digitalisation de la National Land Transport Authority, avec une méthode de paiement sécurisé, en cas de victoire de son alliance aux prochaines élections générales.

C’est aussi à la veille des législatives, a noté le leader des rouges, que l’organisation des courses hippiques est repensée en faveur du Mauritius Turf Club. « Pravind Jugnauth et Lee Shim ont détruit le MTC, un patrimoine de plus de 200 ans.
« Xavier-Luc Duval pe anvi rant dan korbiyar MSM »

En 2022, j’avais dit dans mon message de fin d’année, que l’organisation des courses doit être confiée au MTC. Sinon zot pou fini lekours. Seki pe arive zordi. Nous savons tous que M. Li Shim est le plus grand bailleur de fonds du MSM, de Pravind Jugnauth. Et voilà que Xavier-Luc Duval vient lui aussi dire que le MTC doit retourner au Champ-de-Mars. Xavier-Luc Duval pe anvi rant dan korbiyar MSM. Depi dezan li pann dir nanie, aster-la ki li trouv sa parski li pe anvi rant dan korbiyar MSM. » En répondant à une question à la presse, Navin Ramgoolam a laissé entendre qu’il n’a jamais rencontré Jean-Michel Li Shim, de People’s Turf PLC, et que c’est la Gambling Regulatory Authority qui lui avait octroyé le permis de SMS Pariaz.
Sur le volet éducatif, Navin Ramgoolam a attribué la « crise dans le secondaire privé » à la ministre de l’Education, Leela Devi Dookun Luchoomun, et son époux, en l’occurrence Mahesswarnath Luchoomun, le directeur de la Private Secondary Education Authority. « Zot mem ki desid tou », a dit ce dernier à propos de la ministre et de son époux. Le leader du PTr, qui dit avoir rencontré la Federation of Unions of Managers of Private Secondary Schools, a annoncé une prochaine rencontre. De son côté, le leader du MMM, Paul Bérenger, qui a aussi rencontré les managers concernés, a exprimé sa crainte sur cette « crise » qui secoue les collèges privés. Le MMM, a-t-il expliqué, demandera aussi une réunion avec la Union of Private Secondary Education Employees. Paul Bérenger a donné l’assurance que l’alliance PTr-MMM-ND repensera le rôle de la PSEA lorsqu’elle formera le prochain gouvernement.

Paul Bérenger s’est aussi exprimé sur l’exercice budgétaire ce vendredi. « Pour la première fois dans l’histoire du pays, le budget sera présenté en l’absence de cinq parlementaires, suspendus, et pas n’importe lesquels, dont le leader de l’opposition, le Whip de l’opposition, le leader du MMM, le secrétaire général du MMM et un député du Parti Travailliste. Malgré cela, nous allons nous préparer. D’ailleurs, le groupe parlementaire, sous la présidence d’Arvin Boolell, se rencontre cette semaine », a déclaré Paul Bérenger.

DTAA, négociations ratées
S’agissant du Double Taxation Avoidance Agreement (DTAA), reconnaissant l’importance de celui-ci pour le secteur offshore et financier mauricien en général, Paul Bérenger a toutefois demandé « au gouvernement sortant de ne pas ratifier les amendements à cet accord avec l’Inde. » Du moins pour le moment. Pour cause, les négociations ayant été « mal faites avec l’Inde, et ce, sans consultation au préalable avec les opérateurs concernés », le secteur offshore risque d’en faire les frais. C’est en ce sens qu’il a adressé un appel à l’Inde pour reprendre le dossier à tête reposée après les élections à Maurice et là-bas. L’alliance projette aussi de reprendre les discussions sur les Chagos avec Londres et les États-Unis. Pour Paul Bérenger, le gouvernement sortant a raté l’occasion de « faire un travail diplomatique vis-à-vis du prochain gouvernement de la Grande-Bretagne », qui s’apprête à aller aux élections.

Interpellé par la présence de Maurice sur la liste des huit pays qui soutiendront le Kenya dans sa mission en Haïti, État qui vit actuellement une situation politico-sociale chaotique, Paul Bérenger a dit souhaité en savoir plus sur la participation de Port-Louis dans cette opération. Cette information a été publiée dans une édition du Guardian.

Dans son intervention, Richard Duval, des Nouveaux Démocrates, a abordé les rencontres entre le commissaire électoral, Irfan Abdool Rahman, et les partis de l’opposition parlementaires, extraparlementaires, de même que les syndicalistes, pour aborder la question du décompte des voix le jour du scrutin. « Nous sommes pour, mais il est hors de question de déplacer les urnes », a déclaré Richard Duval en évoquant la présence d’un bulletin de la circonscription N°1 (GRNO et Port-Louis Ouest) au N°19 (Stanley/Rose-Hill).

« Stratégie bien orchestrée »
Le député est également d’avis que les consultations sur ce sujet sont « arrivées un peu tard », mais s’attend que celles-ci aboutissent néanmoins « sur quelque chose de concret. »

Richard Duval a déploré les répercussions de l’augmentation du coût du fret maritime sur les denrées alimentaires les plus consommées par les Mauriciens. « Je me demande quels sont les produits qui ont connu une baisse dans leur prix depuis que le gouvernement MSM est au pouvoir ? Zame ou tann enn zafer bese, ou tann zis monte depi ki bann-la dan pouvwar. Donn ou mil roupi, fer ou depans de fwa, trwa fwa dan sipermarse. Ils ne veulent pas appliquer un système de contrôle de prix. Qui en profite ? Avek bidze telman zot pou fer labous dou diabet pou monte », a avancé Richard Duval.

Tout en déplorant le prix élevé des médicaments, ce dernier a parlé « d’un raport du COMESA et de la SADEC, lequel comprendrait aussi d’autres produits de consommation, que le gouvernement refuse de rendre publics. » Le député ND est d’avis que le système recommandé, et qui viserait à réduire le prix des produits les plus consommés par les Mauriciens, n’a jamais été appliqué « afin de protéger les proches du gouvernement qui opèrent un business. »

Le dirigeant des Nouveaux Démocrates est d’avis que toute l’affaire autour de l’organisation des courses relève d’une « stratégie bien orchestrée pour donner l’impression ki pe netway partou. » Et il dit savoir qu’une alliance, dans le camp du gouvernement, se profile…

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