CEB: Scandales, passe-droits et nominations farfelues, déclare Bérenger

La nomination de « juniors » aux postes de nouveaux chairperson et de General Manager du Central Electricity Board (CEB) « en dépit du précédent Dabeedin » et le lancement d’un nouvel appel d’offres pour une centrale à gaz réputée trois fois moins économiques de 100 MW avant même le dénouement de l’appel interjeté par CT Power devant le Tribunal de l’Environnement, font l’objet de vives critiques de Paul Bérenger, leader de l’opposition et du MMM. Paul Bérenger qui promet que ces « scandales, passe-droits et nominations farfelues » feront l’objet de l’une de ses prochaines PNQ, regrette que le CEB, « jadis, fleuron de l’économie » soit devenu, selon lui, depuis 2005, « un bazar aux dépens des consommateurs et du développement national ».
M. Bérenger revient, d’abord, sur le « scandale et la maladministration à la Central Water Authority (CWA) » qu’il a, récemment, évoqués et qui, déclare-t-il, ont eu cours « aux frais des consommateurs ». Il dit qu’au lieu que « les autorités y mettent bon ordre, le Conseil des ministres a annoncé, vendredi, une hausse de 20 à 35% du tarif d’eau potable à compter du début de l’année prochaine ». Ce qui, pour le leader de l’opposition, est inacceptable.
Paul Bérenger trouve « encore plus choquante la présente situation au Central Electricity Board (CEB), un des organismes les plus importants du pays ». Une situation qui, dit-il, aura, d’une part, un impact direct sur le coût de l’énergie électrique et influera, d’autre part, sur le développement du pays.
Le leader de l’opposition rappelle quelques autres « scandales qui se sont succédé au CEB : celui de l’achat des 660 000 ampoules économiques qui se sont révélées contrefaites pour un montant de Rs 25 millions et qui s’est, finalement, soldé par la destitution du directeur général d’alors, déjà un junior employee au moment de sa nomination ». Il évoque, ensuite, l’allocation d’un contrat de Rs 500 millions à BWSC, une entreprise étrangère, pour l’extension de la centrale de Pointe Monier à Rodrigues et pour laquelle, rappelle M. Bérenger, le CEB a subi un blâme de l’Independent Review Panel du Central Procurement Board.
« Remue-ménage »
Evocation aussi de l’affaire CT Power : projet de centrale à charbon dont l’EIA Committee du ministère de l’Environnement avait recommandé le rejet. Bien que, rappelle-t-il, cette recommandation de l’EIA Committee avait été retenue, dans un premier temps, par le Conseil des ministres qui avait approuvé le rejet du projet CT Power, il devait y avoir, par la suite, explique Paul Bérenger, tout un « remue-ménage avec l’entrée en scène d’une organisation socioculturelle ». »all out backing au même CT Power ». Il évoque, à ce stade, ce qu’il appelle « un cas flagrant de conflit d’intérêts ».
Alors que l’entreprise promotrice a fait appel contre la décision de rejeter son projet, le CEB, soutient le leader de l’opposition, devait déléguer un de ses officiers qui a, devant le Tribunal de l’Environnement, accordé un Paul Bérenger considère encore plus « honteux le procédé adopté, ces derniers temps, pour la désignation d’un nouveau président du Conseil d’administration et d’un nouveau directeur général du CEB ». Il souligne qu’en réponse à une interpellation du député MMM, Joe Lesjongard, le 12 juillet dernier, le ministre de tutelle, le Dr Rashid Beebeejaun, avait « pris l’engagement qu’il devait y avoir un appel international de candidatures pour le poste de General Manager ».
Rappelant ce qu’il appelle « le précédent Dabeedin », le leader de l’opposition souligne qu’en réponse à sa PNQ du 2 décembre 2008, le ministre Beebeejaun avait, alors, défendu la nomination du dénommé Chavan Dabeedin au poste de directeur général. « Le même Dabeedin qui devait, par la suite, fauter, être destitué et suspendu », souligne-t-il.
Paul Bérenger s’étonne que, en dépit de ce « précédent » et malgré tout ce qu’a affirmé le ministre de tutelle en réponse à l’interpellation du député Lesjongard le 12 juillet, c’est, de nouveau, ce qu’il considère être un « junior » (NDLR : Shiam Krisht Thannoo) qui « est passé sur la tête de plusieurs top officers pour être nommé au poste de General Manager du CEB ». Ce qui, pour lui, « est doublement choquant et inacceptable ».
« Un agent de Ramgoolam à la présidence »
Le leader de l’opposition explique qu’il en a été de même pour la désignation du charperson de l’organisme avec, là encore, ce qu’il estime être la nomination d’un junior en la personne du président d’une association socioculturelle (NDLR : Balraj Naroo, président de la Mauritius Marathi Mandali Federation (MMMF)) qui, selon M. Bérenger, « s’est comporté comme un véritable agent de Navin Ramgoolam ».
Dans la mesure où, explique-t-il encore, la loi ne permet pas à un employé du CEB de siéger sur le Conseil d’administration de l’organisme, un « golden handshake » qui, selon les dires du leader du MMM, serait particulièrement alléchante, aurait été accordée au nouveau président pour qu’il abandonne son poste de salarié et assume celui de président rémunéré du Conseil d’administration. M. Bérenger soutient que ce sont, toujours, les consommateurs qui vont faire les frais de telles largesses.
Il s’étonne, en même temps, que le CEB vient de lancer un appel d’offres pour l’installation d’une centrale d’une capacité totale de 100 MW en unités individuelles n’excédant pas 15 MW et fonctionnant au gaz naturel liquéfié. Paul Bérenger rappelle qu’un expert de la Banque Mondiale a, déjà, recommandé que le pays ne s’embarque pas dans des projets de centrale à gaz liquéfié. Il rappelle que celui de Nicolay qui n’est en opération que durant les heures de pointe est réputé trois fois moins économiques.
Le leader de l’opposition souligne encore que le lancement de ce nouvel appel d’offres pour une nouvelle centrale électrique intervient alors que l’appel interjeté par CT Power devant le Tribunal de l’Environnement attend, encore, son dénouement et alors même que le gouvernement a aussi pris la décision, en mars de cette année, d’aller de l’avant avec une autre centrale, uniquement à charbon celle-là. Ce qui, pour lui, constitue « une vaste cacophonie ».
Paul Bérenger entretient aussi le soupçon quant aux conditions dans lesquelles cet appel d’offres pour une centrale à gaz a été décidé et préparé. Conditions qui seraient, selon lui, « troublantes et louches. Car j’ai le sentiment qu’il s’agit, là, d’un autre tailor-made tender », allègue-t-il. Il ne manque pas de souligner que toute cette situation au CEB intervient à la veille de la nouvelle année 2012 qui, dit-il, s’annonce comme celle « de tous les dangers ». Et d’ajouter que le gouvernement « joue avec le feu et met en danger le développement économique du pays ».
Rappel, à ce propos, qu’en réponse à sa PNQ du 19 mai dernier, le ministre des Services publics, le Dr Rashid Beebeejaun, avait « confirmé que le pays est sur la corde raide ». « Si le pays a pu, jusqu’ici, faire face à la demande, c’est dû au fait que le CEB s’est passé de l’entretien des équipements en utilisant à fond ses vieilles installations ainsi qu’en usant, au maximum, de la turbine à gaz de Nicolay », dit-il.
« 2012 : Année de tous les danger »
En situation normale, explique Paul Bérenger, le CEB est tenu de pourvoir aux besoins durant les heures de pointe avec une production additionnelle de 60 MW pour l’entretien des vieux équipements ainsi que de faire prévision de 37 MW additionnels, l’équivalent de la production de sa plus grosse unité, en vue de parer à toute panne. Paul Bérenger soutient que tout le programme d’entretien des machines pour 2012 aurait été annulé en raison du fait que l’on est « sur la corde raide ».
Ce qui, dit-il, le pousse à penser d’autant plus que 2012 est bel est bien en termes de production d’énergie électrique, « l’année de tous les dangers ». Tout cette situation au CEB « avec ses scandales, ses passe-droits et ses nominations farfelues » feront l’object d’une prochaine PNQ du leader de l’opposition prévient-il. Paul Bérenger, qui regrette que le CEB qui, à l’époque, dit-il, faisait figure de véritable « fleuron de notre économie » soit devenue, « depuis 2005 un bazar aux dépens des consommateurs et du développement national ».
A l’heure des questions, le leader de l’opposition trouve que par rapport à l’agenda de la reprise des travaux parlementaire de mardi prochain, le gouvernement a « agi avec légèreté ». Il se réfère surtout au nouveau Local Government Bill qui sera présenté en Première lecture et qui, selon lui, « a tout l’air de n’être qu’une charabia ».
Par rapport à une information parue en une d’un hebdomadaire, hier matin, à propos d’une éventuelle alliance PTr/MMM, Paul Bérenger soutient qu’il est « factually inexacte de soutenir, comme le fait l’article en question, qu’il y aurait eu plusieurs rencontre à Riverwalk » entre lui et le Premier ministre.
Il réitère aussi qu’il « ne croit pas que l’équipe dirigée par le professeur Carcassonne, chargée par le Premier ministre pour se pencher sur le projet de réforme électorale serait d’une quelconque aide en vue de faire avancer ce dossier ».
« Le plus tôt les élections, le mieux se sera pour le pays », répète encore le leader du MMM qui réitère par ailleurs qu’il est « hors de question pour son parti de faire alliance avec le gouvernement avant de nouvelles législatives ». En tout cas, M. Bérenger précise qu’à ce stade, « son parti, le MMM, s’apprête à aller aux prochaines élections sans le PTr ni le MSM et à les remporter ».

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