La commission des femmes du MMM s’est penchée sur la problématique de la violence à l’égard des femmes, notamment les causes et les solutions, lors d’une rencontre hier, à Port-Louis. La Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, marquée hier, était l’occasion pour les trois députées du parti, Arianne Navarre-Marie, Joanna Bérenger et Karen Foo Kune Bacha, de réitérer leur solidarité au Parlement lorsque le focus est porté sur la femme. Et de partager leurs réflexions s’agissant de la situation, la prévention et des propositions pour combattre ce fléau, lequel a rappelé Rooma Bahadoor, présidente de la commission des femmes du MMM, ne cesse de croître.
« Les chiffres de Statistics Mauritius indiquent qu’en 2021, 1 434 femmes ont été victimes de violence. En 2022, ce nombre est passé à 4 420 », a fait ressortir cette dernière. Au banc des accusés, la société patriarcale avec ses stéréotypes sur le rôle de l’homme, la définition de la masculinité, la pression sociale et la place de la femme. Les députées du MMM ont réclamé plus de fermeté dans la mise en application des lois, des mesures en adéquation avec les droits des femmes, une collaboration des hommes comme partenaires dans le combat contre la violence… De son côté, invité à contribuer au débat, Satish Boolell, ancien chef du département médicolégal de la police et membre du MMM, n’est pas passé par quatre chemins pour donner un avis tranché sur des points soulevés par les députées.
Discipline positive à l’école
Pointant du doigt « la société patriarcale », l’ancienne ministre chargée du portefeuille des droits des femmes, Arianne Navarre-Marie, est d’avis qu’elle est une des causes de la violence domestique. « Les femmes qui subissent la violence en sont victimes parce que nous vivons dans une société patriarcale où des hommes pensent encore qu’elles sont leur propriété », a déclaré Arianne Navarre Marie. Cette dernière a fait ressortir que la lutte a été longue pour renverser cette vieille croyance. « Il y a une loi pour protéger les femmes. Mais malheureusement à Maurice, on n’applique pas toutes les provisions de la loi dans toute leur rigueur. Kifer mazistra pa servi Occupation Order, zot met zis Protection Order ? Kifer madam bizin kit lakaz ? Il faut améliorer les lois, elles ne sont pas statiques et doivent évoluer », a relevé Arianne Navarre-Marie.
La participation des hommes dans la lutte contre la violence, a-t-elle souligné, est une contribution importante, et elle se dit heureuse de pouvoir compter sur son leader, Paul Bérenger, et ses collègues masculins. « Le MMM est un parti résolument féministe », a déclaré la députée mauve.
En prenant la parole, Joanna Bérenger a d’emblée déclaré : « Nou pa kapav zis swet enn sanzman, nou bizin ede e konstrir pou gagn rezilta ». « La racine de la violence est la société et sa mentalité patriarcale », a souligné la députée, avant de condamner l’utilisation de la violence pour éduquer les enfants. « Beaucoup de personnes croient qu’on corrige le comportement d’un enfant en le giflant. Mais c’est une erreur ! Cela impacte sur son cerveau. C’était une pratique autrefois, mais à l’époque, les gens n’avaient pas ces informations. En pratiquant la violence sur un enfant pour l’éduquer, on lui apprend plutôt qu’on peut régler un problème par un rapport de force ou parce qu’on l’aime. Il grandira avec ces deux pensées », a-t-elle dit. Joanna Bérenger préconise « l’introduction d’un cours parental obligatoire pour les futurs parents au moment même de la grossesse de la mère. » Il y a des alternatives, a-t-elle insisté, pour éviter la violence dans le cercle familial. Joanna Bérenger a également plaidé pour la pratique de la discipline positive à l’école.
L’article 242…pas excusable
« Ce n’est pas normal qu’une femme victime de violence conjugale doive quitter sa maison pour trouver refuge dans un abri, de surcroît avec son enfant. En réalité, ce serait plus juste que l’homme, l’auteur de la violence, devrait s’éloigner du toit conjugal », a pour sa part défendu Karen Foo Kune-Bacha. Et de déplorer l’article 242 du code pénal et l’absence d’une loi spécifique sur le féminicide : « Le gouvernement prétend vouloir durcir les loi contre la violence, alors que l’article 242 du Code pénal stipule qu’un crime pour des raisons d’adultère est excusable. La sentence est alors réduite. »
Satish Boolell est d’avis que ce ne sont pas des lois qui manquent à Maurice pour sanctionner des auteurs de violence et protéger les femmes. En revanche, c’est la manière dont les affaires sont portées devant la justice et défendues, a-t-il dit, qui est questionnable : « Ou pa remarke la plipar ka violans pa al Lasiz, me al Intermedier ? » L’application d’un Occupational Order, selon Satish Boolell, doit prendre en compte de la prise en charge financière de la victime par son conjoint agresseur. Il estime que des femmes ont encore peur de dénoncer leurs partenaires pour des raisons économiques, d’où l’importance de l’aspect financier quand il est question d’un ordre d’évacuation. Satish Boolell s’est dit peu convaincu des marches de solidarité et a insisté pour le respect de l’identité des victimes qui osent dénoncer leurs bourreaux.