Le résolution présentée vendredi à l’Assemblée nationale par le Premer ministre et Leader of the House, Pravind Jugnauth, donnant force de loi aux recommandations de l’Electoral Boundaries Commission aura généré un effet majeur. À savoir non seulement délimiter les frontières des circonscriptions, mais surtout le calendrier menant aux prochaines élections générales.
Une premier détail incontournable demeure qu’avec le vote, mardi, sanctionnant la motion du Premier ministre sous la section 39 (4) de la Constitution, le redécoupage des circonscriptions et les nouveaux registres d’électeurs des 21 circonscriptions de la République de Maurice avec l’archipel des Chagos rattaché à Grande-Rivière-Nord-Ouest/Port-Louis Ouest (N°1) et Agalega à Port-Louis Sud/Port-Louis Central (N°2), entreront en vigueur formellement « with the next dissolution of Parliament ». C’est ce qui est stipulé dans la Constitution.
Des observateurs politiques affirment que le Premer ministre, dont c’est la prérogative de procéder à la dissolution de l’Assemblée nationale et de fixer la date du Nomination Day et du Polling Day au terme de la section 41 (2) de la Representation of the People Act, pourrait se retrouver avec un choix : soit le scénario de 1987, avec le scrutin se déroulant le 30 août, ainsi à une quinzaine de jours après la date fatidique du 16 août de la validation des nouveaux registres d’électeurs, soit celui de 2000, avec les élections organisées le 11 septembre, un peu moins d’un mois après la date butoir. 1987 et 2000 sont les années où les précédentes recommandations de l’Electoral Boundaries Commission redéfinissant les circonscriptions avaient été mises en application.
Indépendamment du choix du Premier ministre de fixer les échéances que ce soit pour la dissolution de l’Assemblée nationale, pour le dépôt des candidatures et du Polling Day, en cette fin d’année, du côté de la Commission électorale, la pression est montée d’un cran. Ainsi, la House To House Inquiry, soit l’enregistrement des électeurs dans les 20 circonscriptions de mainland Mauritius et de Rodrigues, devant se dérouler du 19 janvier au 10 février 2024, revêt une importance doublement capitale en ce qui se présente, envers et contre tout, comme une election year.
Après le vote de mardi à majorité simple à l’Assemblée nationale, cet exercice annuel tiendra compte des nouvelles délimitations des circonscriptions avec les canvassers recrutés par la Commission électorale engagés dans un premier exercice d’informations auprès des électeurs quant aux changements entérinés en vue des prochaines élections générales. Il va de soi que les électeurs saisiront l’occasion de ce door-to-door survey pour mieux assimiler les nouvelles configurations.
Après ce premier exercice sur le terrain, la Commission électorale, à partir de la seconde quinzaine de février, enclenchera la compilation des registres d’électeurs par circonscription pour les élections générales et par Ward pour le scrutin dans les villes et les régions rurales. Puis, au mois de mai, la Commission électorale prévoit l’étape de la confirmation des listes électorales, avec encore la possibilité de se faire enregistrer dans les différents centres ouverts dans les 21 circonscriptions en vue de l’entrée en vigueur de ces registres à partir du 16 août.
Avec le rapport de l’Electoral Boundaries Commission, des électeurs d’une série de circonscriptions, dont Belle-Rose/Quatre-Bornes (N°18), des quatre circonscriptions de la capitale, de Pamplemousse/Triolet (N°5), de Savanne/Rvière-Noire (No14) avec des conséquences collatérales à Rose-Hill/Stanley (N°19) et Beau-Bassin/Petite-Rivière (N°20), sont concernés par ces changements cruciaux pour le jour des élections.
Ainsi, il n’est pas exclu qu’en sus des informations communiquées lors de l’enregistrement des électeurs au début de l’année prochaine, en parallèle, une campagne plus élaborée soit menée officiellement. Mais il va sans dire que les éventuels candidats dans les circonscriptions multiplient déjà les contacts avec leurs nouveaux électeurs, à l’image des Joe Lesjongard, Joanne Tour et Subhasnee Lutchmun-Roy à Port-Louis Nord/Montagne-Longue, récupérant une partie des électeurs de Pamplemousses/Triolet (N°5), ou encore du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, du chef de file du parti Travailliste, Arvin Boolell, du ministre de l’Environnement, Kavy Ramano, ou encore de la Parliamentary Private Secretary (PPPS) Tania Diolle à Belle-Rose/Quatre-Bornes (N°18)
Coup double général-municipal ?
Dans la plus importante circonscription, soit Belle-Rose/Quatre-Bornes, susceptible de s’approcher de la barre des 60 000 électeurs, détrônant du même coup Savanne/Rivière-Noire (N°14), Tania Diolle pourra bénéficier de l’appui logistique de son mentor politique, le ministre Alan Ganoo, car une bonne partie des régions annexées au N°18, entre autres les centres de vote de Palma, Bassin, ou encore Résidence Kennedy, faisaient partie du vivier électoral du leader du Mouvement Patriotique de ces 40 dernières années.
À l’Assemblée nationale, vendredi après-midi, Pravind Jugnauth a confirmé que les prochaines élections générales seront organisées sur la base du redécoupage des circonscriptions adopté in toto au Parlement, mardi, et les registres d’électeurs en voie de compilation, comme c’est le cas chaque année, par la Commission électorale et entrant en vigueur le 16 août de chaque année.
Par contre, les dispositions de la Representation of the People Act autorisent l’Electoral Supervisory Commission d’avoir recours à un Variation Order au cours d’une election year en vue de modifier la date de l’entrée en vigueur des nouveaux registres. Les précédents des années 1987 et 2000, avec des élections se déroulant presque au lendemain de la date butoir du 16 août sur la base du redécoupage adopté, pourraient servir pour définir les paramètres du déroulement de la tenue du prochain scrutin.
D’autres observateurs politiques avancent qu’un autre facteur devrait intervenir avant le coming into force of the new electoral boundaries with the next dissolution of Parliament. D’abord, l’intention de procéder au décompte des voix le même jour du scrutin impose des aménagements logistiques pour le compte de la Commission électorale. « Avec le report des dernières élections municipales, Governent House has been toying with the idea of having the municipal elections simultaneousy. C’est vrai que jusqu’ici, aucun détail n’a transpiré. Mais rien ne dit que le gouvernement, croyant enlever un argument de taille de l’opposition en matière de démocratie, décide d’un coup double général-municipal », fait-on comprendre dans la conjoncture.
Dans cette perspective, un toilettage de la Representation of the People Act et de la Local Government Act devra s’inscrire à l’agenda des travaux de l’Assemblée nationale à la rentrée de mars prochain. Mais pour l’instant, le 1er mai 2024 s’avère une date critique au calendrier électoral, notamment en tant que signal officiel du départ de la campagne électorale, même si la présentation officielle des candidats pourrait attendre un rendez-vous populaire subséquent.
Mais d’ici au 1er mai 2024, les Top Chefs de Lakwizinn du Prime Minister’s Office se retrouvent avec une série d’ingrédients politiques à intégrer au menu principal de la campagne de Pravind Jugnauth en quête d’un troisième mandat successif face à une alliance PTr-MMM-PMSD, enhardie jusqu’ici par l’accueil qui lui a été réservé dans la stratégie du N°4 au N°14.
Mesures « labous dou »
En marge de la Basic Retirement Pension (BRP), avec des spéculations autour d’un montant de Rs 15 000, comme c’est le cas pour le National Minimum Monthly Wage, et des mesures labous dou en faveur des jeunes et des femmes, le gouvernement fera des yeux doux aux fonctionnaires et autres employés du secteur public dans le warming-up jusqu’au 1er mai 2024.
De ce fait, à la fin du premier trimestre de l’année prochaine, soit avec la compensation salariale de Rs 1 500 à Rs 2 000 effective à partir du 1er janvier déjà bien calée dans le porte-monnaie des employés du secteur public, l’Hôtel du Governement se prépare à une annonce au sujet du prochain rapport du Pay Research Bureau (PRB). Cette démarche devra aller de pair avec la décision du ministre du Travail et des Relations industrielles, Soodesh Callichurn, à l’effet que le Natonal Wage Consultative Council publiera en mars de l’année prochaine son rapport sur les disparities in wages et les moyens de les corriger avec la mise application du National Monthly Minimum Wage à Rs 15 000 avec un complément de la Contribution Sociale Généralisée (CSG).
Ce PRB Package pourrait se greffer sur une autre faveur du gouvernement pour des fonctionnaires et autres employés du secteur public partant à la retraite. Dès son entrée en fonction, le ministre Anjiv Ramdhany avait hinted à un relèvement du plafond d’exemption d’impôts du montant du lump sum. Les dernières indications glanées de sources bien informées au ministère des Finances indiquent que les indemnités à la retraite pourraient être exemptées incessamment d’Income Tax jusqu’à hauteur de Rs 3 millions.
Et avec le retour au bureau après la trêve administrative de la transition de la nouvelle année, les Top Chefs de Lakwizinn du PMO mettront les bouchées doubles pour établir l’agenda protocolaire du chef du gouvernement avec une série de high profile ceremonies, dont les nouvelles facilités militaires et infrastructurelles à Agalega, la pose de la première pierre de l’extension de l’aéroport régional de Plaine-Corail, Rodrigues, le pont suspendu sur les gorges de la Grande-Rivière-Nord-Ouest, le centre universitaire hospitalier de Centre-de-Flacq et l’hôpital des yeux de Réduit.
Toujours avant le 1er mai, le 12-Mars se profile à l’horizon avec le choix du Chief Guest pour les prochaines fêtes nationales devant être officialisé. Compte tenu du caractère électoral de 2024, la liste des décorés du 12-Mars, en particulier des récipiendaires du Grand Commander of the Star and Key of the Indian Ocean (GCSK), est d’un intérêt particulier. Parmi les noms des politiques les plus cités : le Deputy Prime Minister, Steven Obeegadoo, le président du MSM et ministre des Utilités publiques, Joe Lesjongard, un autre ministre fidèle de Pravind Jugnauth au N°11, Mahen Seeruttun, ou encore Stephan Toussaint, ministre des Sports.
Toutefois, avec le ticking of the electoral clock, l’impatience se fait grandissante dans les rangs du Muvman Liberater. Jusqu’à tout récemmment, le leader Ivan Collendavelloo était donné pour effectuer son come-back au front bench du gouvernement. Même si lors de chaque débat àl’Assemblée nationale Ivan Collendavelloo se fait un devoir de monter en première ligne pour défendre la politique du gouvernement Jugnauth, très peu de signes sont visibles à ce jour attestant que le Père Noël a une surprise pour lui…