Elections générales – Same Day Counting : réticence et   doutes

Dernières consultations de la Commission électorale sur le dépouillement dans la nuit du scrutin avec le MSM et ses alliés attendus cette semaine

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   L’ESC appelée à se prononcer sur la question le mois prochain sur la base d’un rapport soumis par le commissaire électoral, Irfan Rahman

   Avec les 1 000 400 inscrits à ce jour, La Caverne/Phoenix (No 15) caracole en tête avec
61 353 électeurs, loin devant Port-Louis Sud/
Port-Louis Central (31 026)

Après la troisième semaine de consultations engagées par le commissaire électoral, Irfan Rahman et des officiels de la Commission électorale au sujet de l’introduction du same day counting, donc la proclamation des résultats dès la soirée du scrutin lors des prochaines élections législatives, la réticence et les doutes se sont invités aux débats. Pourtant, pour les dernières élections de l’Assemblée régionale de Rodrigues du 27 février février 2022 et des élections villageoises du 22 novembre 2020 dans au moins 126 Village Councils, la formule du décompte des bulletins de vote dès la fermeture des bureaux de vote semble avoir conquis. Mais avec l’Alliance Morisien, menée par le MSM, et une autre importante fédération syndicale des fonctionnaires devant être entendues par la Commission électorale, les paris sont ouverts, mais pas dans les betting outlets de Jean-Michel Lee-Shim, avec le statu quo, soit le dépouillement se déroulant comme il a été le cas le lendemain du Polling Day, donné comme grand favori. Toutefois, dans la conjoncture, du côté de la Commission électorale, l’on se garde de s’aventurer pour se prononcer définitivement sur les options, préférant laisser la décision à l’Electoral Supervisory Commission. Cette dernière instance devra se réunir le mois prochain avec à l’agenda un rapport complet du commissaire électoral sur le processus de consultations avec les partis politiques et les représentants des syndicats de la fonction publique au sujet de ce changement majeur.

Dans l’immédiat, avec le suspense toujours de mise quant au calendrier pour, entre autres, la dissolution de l’Assemblée nationale, la publication des Writs of Elections, avec les dates du Nomination Day et du Polling Day, l’accent est mis sur cette dernière chance de se faire inscrire dans les registres d’électeurs. La date limite expire ce jeudi 30 mai. Et ceux en âge d’exercer leur droit civique, dont les noms ne figurent pas sur les listes électorales, ne pourront participer au scrutin pour ces législatives si le nécessaire n’est pas fait dans les jours à venir.

Les dernières informations recueillies de sources bien informées confirment que la barre des one-million electors est bel et bien franchie. Aux 1 000 400 inscrits avant l’exercice d’enregistrement et de vérification en cours depuis le 16 mai, 426 nouveaux électeurs figurent sur la liste avec probablement d’autres encore d’ici vendredi suite à leur déplacement à l’un des 50 centres ouverts à Maurice ou encore l’unique à Port-Mathurin, Rodrigues.

L’enregistrement des électeurs, un exercice d’importance majeure

D’autre part, pour mieux démontrer le caractère crucial de l’exercice dans la perspective, au moins un électeur sur dix a pris la peine de vérifier son nom et son centre de vote auprès de la Commission électorale.

En effet, à jeudi après-midi, cette instance régissant la tenue des élections à Maurice, avait enregistré quelque 96 000 appels automatiques par SMS au 789 en vue de procéder à la vérification des listes dans les différentes circonscriptions. Cette dernière indication et la perspective que la barre des 100 000 est déjà crevée constituent des sujets de satisfaction pour la Commission électorale qui compte accentuer cette semaine la campagne de communication en vue de l’enregistrement.

Le No 15 avec le plus grand nombre d’électeurs 

L’exercice s’avère d’importance majeure pour deux raisons cette année. D’abord, 2024 s’annonce une année devant voir la tenue des élections législatives. Et ensuite, et surtout, ce scrutin sera organisé sur la base de nouvelles délimitations avec l’entrée en vigueur dès la prochaine dissolution de l’Assemblée nationale d’ici à septembre prochain, si ce n’est pas avant, de la mise en application des nouvelles délimitations des circonscriptions découlant du rapport de l’Electoral Boundaries Commission (EBC).

Ainsi, avec les circonscriptions de Savanne/Rivière-Noire (No 14) et de Pamplemousses/Triolet (No 5), affectées de manière substantielle par les nouvelles délimitations, la configuration électorale sur le terrain a connu des modifications en termes de mouvements de centres de vote d’une circonscription à une autre. De ce fait, valeur du jour, la circonscription de La Caverne/Phoenix (No 15) se présente comme celle avec le plus grand nombre d’électeurs, soit 61 353 inscrits.

La circonscription de Belle-Rose/Quatre-Bornes (No 18), où l’ancien leader de l’opposition et du Parti Mauricien Social Démocrate (PMSD), Xavier-Luc Duval, envisage une nouvelle candidature, ayant bénéficié de l’apport d’inscrits des centres de vote de Palma Government School, de Chooroomooney Government School et de Candos Government School, s’installe à la deuxième place avec 60 892 électeurs. Une troisième circonscription, Flacq/Bon-Accueil (No 9), fait partie du groupe des circonscriptions avec 60 000+ , en l’occurrence 60 436 électeurs dans les registres.

À l’autre bout du spectrum, Port-Louis Sud/Port-Louis Central s’affiche loin derrière avec 31 026 potentiels votants, soit dans le ratio de 1:2 en dépit des réaménagements des frontières dans la capitale avec le rapport de l’Electoral Boundaries Commission. Les chiffres définitifs du nombre d’électeurs dans les 20 circonscriptions et de Rodrigues devront être disponibles après le 30 mai, mais n’étant rendus publics au plus tôt qu’à partir de la mi-juillet prochain, sans infraction aux dispositions de la Representation of the People Act. Et cela, au cas où la proposition formulée officiellement par les représentants de Linion Moris est acceptée.

Par contre, l’option du same day counting à la clôture des bureaux de vote pour les prochaines élections législatives s’avère un os dur politiquement à avaler. C’est ce qui se dégage avec la troisième semaine de consultations engageant les partis politiques et des stakeholders de la fonction publique. À ce jour, avec l’indisponibilité de Me Ivan Collendavelloo, leader du Muvman Liberater, pour des raisons de santé, l’Alliance Morisien, avec pour locomotive le MSM, ne s’est pas encore prononcée publiquement.

Cette semaine, la Commission électorale devra conclure cette étape avec les représentants de l’alliance gouvernementale et une autre fédération de syndicats, représentants les fonctionnaires, se prononçant sur le dépouillement des bulletins de vote dès la fermeture en fin de journée des bureaux de vote et la proclamation des résultats au cours de la nuit. La décision à ce sujet devra revenir à l’Electoral Supervisory Commission sur la base d’un rapport du commissaire électoral.

« La proposition, déjà mise en pratique avec les élections villageoises et celles pour l’Assemblée régionale de Rodrigues, semblait séduire initialement. En fin de compte, l’équation est davantage plus complexe. Avec les arguments versés dans le dossier par les différents partis, dont les dirigeants ont défilé jusqu’ici au QG de la Commission électorale, et surtout l’exigence que le secret du vote soit bien gardé, donc pas question de procéder au counting des bulletins dans chaque salle de vote ou encore le transfert des urnes, avec des mesures de sécurité renforcée, vers un unique centre de dépouillement par circonscription, la formule du same day counting semble compromise », faisait-on comprendre dans les milieux concernés en fin de semaine.

Returning Officers : refus des membres de la magistrature et du judiciaire

La logistique devant être déployée au niveau de la commission électorale avec les quelque 330 polling centres et quelque 2 200 bureaux de vote se présente de manière quasi insurmontable. À ce titre, dans un premier temps, la Commission électorale se trouve confrontée à une réticence, pour ne pas dire un refus des membres de la magistrature et du judiciaire d’agir en tant que Returning Officers, craignant d’être pointés du doigt de complicité alléguée lors des pétitions électorales subséquentes.

Pour les besoins des prochaines législatives, la Commission électorale devra pouvoir compter sur quelque 13 000 fonctionnaires. Avec le same day counting, quelque 7 000 employés de la fonction publique supplémentaires seront nécessaires, alors que les premiers 13 000 auraient été atteints difficilement. De son côté, le syndicaliste Radhakrishna Sadien, qui a rencontré la Commission électorale au cours de la semaine écoulée, a réclamé des garanties accrues en termes de sécurité pour les fonctionnaires devant procéder au counting dans la nuit.

Risque préjudiciable au secret du vote

Jusqu’ici, un point qui aura fait tilt lors des échanges demeure que le décompte des voix par voting room comporte un risque préjudiciable au secret du vote, surtout pour des élections générales, comportant un enjeu bien plus conséquent que pour les villageoises. Pour les prochaines législatives, le same day counting s’annonce plus compliqué, le tout assaisonné d’un soupçon de réticence et de doutes, même si du côté de Max City Building, on semble privilégier un open mind.

Au sein des états-majors politiques : Vetting des partants probables

Bien qu’un calme plat semble régner sur l’échiquier politique depuis les grosses mobilisations dans le cadre des rassemblements du 1er mai, les agitations sont de mise dans les coulisses des partis politiques. L’heure est au Vetting des partants probables pour le prochain grand-rendez-vous avec l’électorat. Triages et permutations des candidats semblent à l’agenda des états-majors, les leaders mobilisant en effet les contacts pour établir leurs listes pour les prochaines législatives.

Lakwizinn du Prime Minister’s Office a déjà commencé son exercice de Profiling de ses candidats, notamment parmi ses députés actuels, mais aussi les aspirants à des tickets dans les 20 circonscriptions. Des mauvaises langues prétendent qu’un exercice d’évaluation préliminaire a déjà été entrepris sur le terrain par des services spécialisé.

Dans la conjoncture, et comme attendu, le MSM passe en revue ses forces et ses faiblesses dans les circonscriptions du No 4 au No 14, voulant à tout prix conserver les 30 sièges conquis lors du scrutin du 7 novembre 2019. Visiblement, la donne a changé, selon les indications qui transpirent parmi les avisés du Sun Trust, avec notamment certains élus rattrapés par l’usure politique et ceux qui seraient en ballottage défavorable auprès de l’électorat.

L’opération Sanz Vitrinn en gestation pourrait ainsi voir des ministres être privés d’investiture pour la prochaine joute électorale. Chut! Il ne faudra pas ébruiter ce détail en anticipation aux annonces.

Avec le leader du Parti travailliste, Navin Ramgoolam, principal Challenger du Premier ministre et leader du MSM, Pravind Jugnauth, faisant vraisemblablement un Comeback à Pamplemousses/Triolet (No 5), le MSM, qui a raflé deux des trois sièges en 2019, se voit contraint d’aligner des candidats solides pour épauler le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, qui est partant pour un troisième mandat.

À Grand-Baie/Poudre-d’Or (No 6), le match s’annonce rude cette fois pour les ministres Avinash Teeluck et Anjiv Ramdhany. Il se chuchote déjà que l’un des deux pourrait d’ailleurs être sacrifié dans cette circonscription du Nord. Le nom de l’Assistant Director of Public Prosecutions, Me Roshan Santokhee, est cité comme étant un candidat éventuel du MSM.

D’ailleurs, les dernières différentes sorties sur le plan socio-culturel dans le Nord de l’île a placé ce Top Gun de l’Office of the Director Public Prosecution dans une posture embarrassante professionnellement parlant. Désormais, il se retrouve en retrait des High Profile Cases sur le plan pénal. Officiellement, Me Santokhee plaide être actif sur le plan social sans connexion politique même à côté des politiciens de la majorité.

À Piton/Rivière-du-Rempart (No 7), le secrétaire général du MSM, Maneesh Gobin, qui occupe deux portefeuilles ministériels, soit Attorney General et ministre des Affaires étrangères, Maneesh Gobin, risque de se voir appliquer le couperet par Lakwizinn du prime Minister’s Office, lui qui traîne le boulet de la Black Label & Stag Party Saga de sinistre mémoire, soit l’octroi controversé du bail de chasse de Grand-Bassin à l’association Eco Deer Park avec l’ombre du trafiquant Franklin planant.

Le MSM est aussi tenté, selon des recoupements effectués par Week-End, de se pencher sur un éventuel remplacement de la ministre Kalpana Koonjoo-Shah, qui pourrait être mutée dans une autre circonscription. Rajanah Dhaliah, qui a dû rendre son tablier de Parliamentary Private Secretary (PPS), ayant été provisoirement inculpé par la défunte Independent Commission Against Corruption (ICAC) dans cette affaire de bail de Grand-Bassin, est donné comme étant “non-ticketable”. Son remplaçant pourrait être nul autre que le Zanfan Lakaz » Ravi Yerrigadoo. En tout cas, un véritable Bet 365.

Pour ce qui est des colistiers du Premier ministre et leader du MSM, Pravind Jugnauth, à Quartier-Militaire/Moka (No 8), la vice-Première ministre et ministre de l’Education, Leela Devi Dookun-Luchoomun, pourrait être remplacée par le ministre des Technologies de l’Information, de la Communication et de l’Innovation, Deepak Balgobin, qui ferait un saut de Flacq/Bon-Accueil (No 9) si le choix est validé par les Top Chefs.

Changement

Le nom de l’avocat Neil Pillay est cité comme potentiel remplaçant de Yogida Sawmynaden, qui est dans l’attente cette semaine du jugement dans le procès au pénal d’emploi fictif de Constituency Clerk avec la mémoire du chef agent du MSM au No 8, Kaya Kistnen, dont le meurtre politique présumé n’a pas encore été résolu, encore plus vivante.

Du changement est aussi de mise à Flacq/Bon-Accueil (No 9)  en ce qui concerne l’alignement du Parliamentary Private Secretary (PPS) Vikash Nuckcheddy. À Montagne-Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est (No 10), le ministre Sunil Bholah pourrait être appelé à migrer vers une autre circonscription, alors que le Deputy Speaker Zahid Nazurally, issu du Muvman Liberater (ML), pourrait ne pas être visiblement de la course, le QG du Sun Trust ayant des réserves sur lui, notamment sur ses postures politiques en public.

Les trois élus du MSM à Vieux-Grand-Port/Rose-Belle (No 11) ne sont pas annoncés comme partants ensemble pour les prochaines législatives. Le ministre Mahen Seeruttun restera en place, mais sa colistière, Naveena Ramyead, sera visiblement appelée à migrer vers une autre circonscription. La PPS Teena Jutton, en ballottage défavorable, pourrait être probablement remplacée.

Plus au Sud, pas de changement pour le moment à Mahébourg/Plaine-Magnien (No 12), mais des permutations ne sont toutefois pas écartées, notamment en ce qui concerne le ministre Stephan Toussaint. Le duo orange de Rivière-des-Anguilles/Souillac (No 13), Kailesh Jagutpal et Renganaden Padayachy, restera en poste, alors que la course reste ouverte pour le siège du PPS Ismaël Rawoo, qui est lorgné par Parwez Nunnoo, le poulain d’Alan Ganoo. Ce dernier devrait lui aussi avoir de nouveaux colistiers à Savanne/Rivière-Noire (No 14).

Dans la conjoncture, l’alliance PTr-MMM-ND revoit elle aussi sa liste d’investiture électorale et ses choix initiaux dans plusieurs circonscriptions, notamment à Port-Louis Ouest/Grande-Rivière-Nord-Ouest (No 1). La candidature envisagée de l’ancienne animatrice de radio Anabelle Savabaddy aura été revue ces derniers jours, de même que la candidature de ceux qui étaient en lice à Port-Louis Nord/Montagne-Longue (No 4).

Au No 12, les options sont toujours à l’étude, dépendant de la décision finale en ce qui concerne le positionnement de Richard Duval, qui a aussi le choix entre Curepipe/Midlands (No 17) ou encore Port-Louis/Nord/Montagne-Longue (No 4).

Au No 13, bien que mise en selle depuis quelque temps, la candidature de Rajen Narsinghen ne serait pas acquise, de même que celle de Munsoo Korimbocus. Une situation semblable prévaut au No 14, où l’état-major de l’alliance PTr/MMM/ND n’a pas encore tranché pour les colistiers de Véronique Leu-Govind.

La finalisation de la liste des candidats par Navin Ramgoolam et Paul Bérenger semble un casse-tête majeur, les deux leaders devant faire des choix délicats dans plusieurs circonscriptions afin de maximiser leurs chances face aux candidats, susceptibles d’être présentés par le MSM.

On laisse entendre toutefois qu’il ne reste que sept circonscriptions sur les 20 à finaliser avec les  dirigeants de l’alliance de l’opposition, conscients que le choix pourrait susciter des vagues et les Top Chefs de Lakwizinn du PMO profitant de l’aubaine politique pour une opération Aste-Vande à la veille des élections générales.

Chez Linion Moris, mené conjointement par Nando Bodha et Rama Valayden, la porte à un rapprochement avec le Reform Party de Roshi Bhadain n’est pas forcément fermée. Ce scénario reste plausible, fait-on comprendre dans le camp des extraparlementaires.

Au Parti Mauricien Social Démocrate (PMSD), Xavier-Luc Duval, en vieux routier et sachant que a week is a long time in politics choisit, lui, de sit on the fence” préférant mettre en avant que le parti se réorganise après l’échec de trouver une place aux côtés du PTr et du MMM.

Si le leader des Bleus maintient pour l’heure qu’il n’y a aucun rapprochement avec le MSM de Pravind Jugnauth, il se chuchote que ce deal, s’il se concrétise, ne verra pas le PMSD rafler autant de tickets qu’il l’aurait souhaité. A ce jour, les Bleus misent sur leur congrès de l’aile féminine le prochain week-end alors que les regards seront braqués sur leurs deux parlementaires du PMSD lors des débats pour le dernier budget de Renganaden Padayachy et leurs postures politiques dans les prochaines semaines.

En tout cas, tant que la dissolution ne sera pas prononcée officiellement, les jeux seront encore loin d’être faits sur l’échiquier politique…

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