GM Business : Le budget à la merci des soubresauts politiques

Le feuilleton du renvoi des élections municipales à juin 2025 à l’agenda de mardi brouille les cartes de Padayachy L’inculpation annoncée du colistier du PM au N˚8 et ancien ministre Sawmynaden, imposée par le DPP, devra assaisonner le Run-Up du budget, même si ce ne sera pas au goût de Lakwizinn du PMO Un couteau à double tranchant : la Black Label and Stag Party de Grand-Bassin avec la convocation Under Warning du PPS Dhaliah par l’ICAC quasi inévitable et le suspense garanti pou l’AG Gobin La présentation du Budget Speech au Parlement au plus tôt le vendredi 2 juin, mais aucune confirmation publique après le conseil des ministres de vendredi

Ceux qui vendaient à n’importe quel prix le rêve de la tenue des prochaines élections municipales avant les prochaines législatives avec l’échéance de 2024 doivent revoir leur copie. Le gouvernement a décidé du renvoi à juin 2025 de tout scrutin dans les cinq villes du pays. Ainsi, les 309 907 électeurs inscrits sur les registres de la Commission électorale avant la fin de l’actuel exercice de compilation seront privés de leur droit d’élire les 120 conseillers des cinq villes cette année. En effet, le vice-Premier ministre et ministre des Administrations régionales, Anwar Husnoo, scellera toute velléité d’élections municipales à brève échéance avec la présentation de The Local Government Bill (No VII de 2023), renvoyant ce rendez-vous au titre de la démocratie régionale dans deux ans à partir du 14 juin prochain. Conséquence directe : cela fera alors onze ans, que les citadins auront été privés de leur droit fondamental sous la Constitution d’élire leurs représentants au niveau des municipalités.

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Ce texte de loi se tenant en quatre sections, dont la principale, soit la clause 4, ne contenant en tout et pour tout que 50 mots, vient brouiller à coup sûr les cartes du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, qui lorgnait la sérénité retrouvée pour la présentation de son quatrième budget, après les secousses hors de tout contrôle provoquées par la pandémie de Covd-19. À ce jour, aucune confirmation officielle de la date du Budget Day n’a été rendue publique, même si celle de la date plus probable demeure le vendred 2 juin. Mais d’autres incertitudes politiques planent à l’horizon budgétaire.
La Saga des Constituency Clerk Allowances, littéralement un cas présumé de détournement de fonds publics par un Public Official – No Less and No More than a Minister of the Republic of Mauritius, remonte à la surface aux dépens du colistier du Premier ministre et leader du MSM, soit l’ancien ministre Yogida Sawmynaden. Et ce n’est pas fini, car le couteau à double tranchant de la Black Label and Stag Party à Grand-Bassin le 12 septembre 2020 de l’Independent Commission Against Corruption risque de tomber à n’importe quel moment.
Ainsi, le gouvernement a attendu presque la dernière minute, soit à J- 25 de la date butoir du 14 juin prochain, pour traduire dans la réalité cette chronique d’un renvoi annoncé des élections municipales, soit le troisième de la série en huit ans. Et pas plus tard qu’il y a une dizaine de jours, des apparatchiks en privé et des chatwas en public sévissaient pour tenter d’accréditer la thèse que les élections dans les villes du pays sont la top priority du Government Business. Mais dès la fin de la semaine écoulée, après un moment d’hésitation, ils ont dû concéder que le gouvernement allait encore une fois reporter cet exercice de démocratique.

Pour les précédents renvois, un soupçon de doute pouvait être accordé avec les conséquences sur le plan sanitaire de la pandémie de Covid-19. Même si sans ce contexte, le gouvernement n’avait pas hésité à organiser des élections dans 130 villages le dimanche 22 novembre 2020. Le pays était à peine sorti de la première vague de Covid-19. Puis, en février 2022, les Rodrigues Regional Assembly Elections se sont déroulées. L’île faisait face à cette période à la pointe dans le nombre de cas d’infections au virus invisible.
Pour l’actuel renvoi des municipales, le vice-Premier ministre et ministre des Administrations régionales, qui est toujours très au taquet pour répondre à ses opposants au sein de l’hémicycle, n’a pas jugé utile de prendre l’ascenseur pour se rendre au 10e étage du QG du Sun Trust et se mettre aux côtés de ses amis du MSM pour venir expliquer le rationale derrière cette violation préméditée du droit démocratique des citadins.

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Nuages lourds de conséquences
La parade de la réforme des collectivités locales, soit la mise à parité des villes et des villages, aussi noble soit-elle sur le plan politique, se présente comme étant très vulnérable dans la conjoncture électorale. Depuis l’année dernière, il était devenu évident que Lalians Morisien, avec la complicité de ses bravados politiques à l’Hôtel du Gouvernement, n’allait pas prendre le pari d’affronter l’électorat des villes à quelques mois des législatives.
Avec le Premier ministre, Pravind Jugnauth, demandant à des backbenchers, dont Salim Abbas-Mamode, de reporter une mission aux Seychelles en ce début de semaine, de même que le Speaker, Sooroojdev Phokeer, l’adoption de The Local Governmenbt Bill (No VIII de 2023), passera comme une lettre à la poste, même s’il faut prévoir une night sitting vu le nombre conséquent d’intervenants sur ce texte de loi et surtout la guillotine du Speaker.
Néanmoins, cette étape du renvoi des municipales laissera un goût amer, pour ne pas dire fielleux, au ministre des Finances. En principe, à l’approche du début de juin de chaque année, “the Minister of Finance runs the political show”. À ce jour, aucune indication officielle quant à la date de la présentation  du Budget Speech à l’Assemblée nationale ou encore des détails du calendrier budgétaire.

Les dernières indications sont que la date la plus probable pour le budget demeure le vendredi 2 juin, même si aucune confirmation n’a émané des dernières délibérations du conseil des ministres, axées sur le fine tuning du renvoi des élections municipales. Même si au sein de la communauté des Top Chefs de Lakwizinn du PMO les risques d’une éclipse totale du budget de Padayachy par le renvoi des municipales sont considérés comme étant politiquement gérables, d’autres nuages, assez lourds de conséquences se profilent à l’horizon.

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Depuis la fin de la semaine écoulée, le colistier du leader du MSM à Quartier-Militaire/Moka (N o 8), et ancien ministre du Commerce forcé à la démission, Yogida Sawmynaden, se trouve dans le collimateur du judiciaire. Des recoupements d’informations effectués par Week-End de sources concordantes en fin de selaine  indiquent que les Police Headquarters du commissaire de police, Anil Kumar Dip, sont en présence d’une highly confidential correspondence venant de l’Office of the Director of Public Prosecutions.
Cet échange porte sur le délit de détournement de fonds, soit les allocations mensuelles payables aux Constituency Clerks des parlementaires au terme des National Assembly Allowances Regulations. Simla Kistnen, la veuve du chef agent du MSM à Quartier-Militaire/Moka, assassiné entre le 18 et le 20 octobre 2020 entre La Louise et Telfair Moka, maintient et contredit Yogida Sawmynaden au sujet de son recrutement en tant que Constituency Clerk et encore contre paiements.
Se basant sur les éléments de cette enquête de la police sur la Constituency Clerk Saga au N˚ 8, l’Office of the Director of Public Prosecutions a recommandé formellement au commissaire de police de procéder à l’inculpation provisoire de ce dirigeant du MSM, qui ne rate aucune occasion d’être aux côtés de Pravind Jugnauth lors des sorties publiques. Le temps que cette correspondance du DPP quitte le Confidential Registry des Police Headquarters pour atterrir sur la table du Main Inquiring Officer, des développements devront intervenir dans les jours à venir.

Ainsi, à une prochaine convocation aux Casernes centrales, Yogida Sawmynaden devra s’y rendre en compagnie de ses conseils légaux en tant que party charged. Il devra comparaître en Cour de Port-Louis pour son inculpation provisoire avant d’être remis en liberté sous caution. La police ne devra pas logiquement objecter à sa remise en liberté provisoire.

Tout compte fait, au ministère des Finances, on appréhende qu’un tel développement, avec un Top Gun du MSM sous caution, dans les jours à venir ne peut être comptabilisé dans la colonne des political assets pour le budget menant aux prochaines élections générales. En parallèle, l’intérêt autour des frasques politiques de Yogida Sawmynaden en 2020 devront être relancées.

“Devir lanket new-look”
Les hommes de loi des Avengers, avec Me Rama Valayden en tête, ont sollicité une rencontre avec le commissaire de police pour un follow-up des recommandations du DPP sur la base du rapport de la Judicial Inquiry rédigé par la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnauth, siégeant au tribunal de Moka. En principe, cette rencontre, qui s’avère cruciale, est annoncée pour demain vu “cette tentative de dernière minute de devir lanket new-look”. C’est ce qu’on indique dans les milieux proches des Avengers.
Encore sur le budget radar des Finances, l’évolution d’une autre hot political potato probe fait l’objet d’un tracking systématique à titre des profits et pertes politiques pour le budget.

La Black Label and Stag Party de septembre 2020, avec dans les principaux rôles l’Attorney General et ministre de l’Agro-Industrie, Maneesh Gobin, et le Parliamentary Private Secretary, Rajanah Dhaliah, provoque des crises d’allergies politiques.

La crainte la plus vive entretenue est que l’Independent Commission Against Corruption, qui est en mode On and Off sur cette enquête, soit acculée à convoquer, voire à inculper provisoirement le PPS Dhaliah, ne serait-ce que pour le délit de aiding and abetting a crime sous les dispositions de la Prevention of Corruption Act avec le Budget Speech en attente.

 

L’offensive sera alors au cœur du MSM.
À ce stade, l’enquête de l’ICAC semble tourner au ralenti, avec toutefois, au cours de la semaine écoulée, le whistleblower, Ajay Jeetoo, ayant tiré lé dénommé Rajesh Ramnarain, un des proches du duo du MSM au N˚7, comme étant le contact direct pour la remise des tranches allant jusqu’à Rs 2,9 millions afin que “minis fer travay-la”.
Avec le dénommé Rajesh Ramnarain, dans ses dénonciations, unrebutted jusqu’ici, le whistleblower avait cité le nom du PPS Dhaliah à différentes étapes des tractations pour l’obtention du Shooting and Fishing/Eco-Tourism Lease pour les 250,76 hectares du State Land Dayot & Mangin. Sa présence lors de la Black Label and Stag Party du 12 septembre 2020 devrait apporter la double confirmation de la présence de Maneesh Gobin au campement de chasse de Grand-Bassin.

La conséquence de ces révélations est que Maneesh Gobin devra tôt ou tard se rendre au QG de l’ICAC pour s’expliquer sur cette fête bien arrosée et bien accompagnée. Pour l’instant, avec la décision de la Cour suprême gelant la Private Prosecution devant le tribunal de Curepipe, l’Attorney General bénéficie d’un répit, même si « the issue is still live at ICAC. »

En tout cas, le Grand Argentier, qui s’apprêtait à donner un grand coup budgétaire en prélude à l’année électorale 2024, devra apprendre à naviguer entre les écueils politiques du renvoi des municipales, de l’inculpation provisoire de l’ex-ministre Yogida Sawmynaden et du couteau à double tranchant de la Black Label and Stag Party.
Tout cela sans compter le suspense autour de l’appel devant le Privy Council de Suren Dayal du 10 juillet contestant le rejet par la Cour suprême de la pétition électorale du N˚8. Ce dernier jugement du Judicial Committee of the Privy Council, allant dans un sens comme dans l’autre, attendu à n’importe quel moment au cours du second semestre de cette année, générera des major political bearings sur l’échiquier politique susceptibles de reléguer au second plan les mesures dans le prochain budget…

Xavier Duval : “C’est une attaque directe à la démocratie !”
“Nous nous attendions à ce que le gouvernement renvoie les municipales, car Pravind Jugnauth sait qu’il aurait mordu la poussière dans les cinq municipalités. Toutefois, de par la loi et surtout après 8 ans, il aurait dû venir avec ces élections. Ce nouveau renvoi des élections municipales est, donc, choquante tout de même ! Cette décision est une attaque contre la démocratie car, sans élections, il n’y a pas de démocratie ! C’est une décision illégale et anticonstitutionnelle. Voyez ce qui s’est passé cette semaine : le Privy Council a décidé d’annuler le renvoi des élections municipales à Trinidad & Tobago. Pour dire que les municipales sont un dû que toute la population attend. Depuis 2022, tous les pays démocratiques du monde ont tenu des élections normalement.
“D’ailleurs, elles ont bien eu lieu à Rodrigues. Pourquoi pas ici ? Aucune explication n’a été mise en avant pour justifier ce nouveau report, tout simplement, car il n’en existe pas ! Mais la population n’est pas dupe, elle prend bonne note. Une fois ma santé rétablie, j’ai l’intention de réunir tous les partis de l’Opposition pour décider de la marche à suivre. Ce qui est sûr, c’est que la majorité des députés de l’opposition interviendront lors des débats, mardi, sur ces amendements qui seront apportés à la loi.”Ramgoolam : “Pravind Jugnauth est un lâche. Li pe per”
“C’est la 3e fois que les élections municipales seront renvoyées. Si nous avons eu droit au prétexte du Covid, les deux précédentes fois, cette fois, la vraie raison est que li (ndlr : Pravind Jugnauth) pe per. Il sait la râclée à laquelle il aurait eu droit. Li conner li ti pou gagn enn bâter bef. C’est pourquoi il n’a pas souhaité, à la veille des élections générales, organiser des municipales. Li pe servi tout subterfuges anti-démocratiques. Or, on prend note du récent jugement du Privy Council concernant, comme ici à Maurice, l’organisation des élections municipales que le gouvernement de Trinidad et Tobago voulait renvoyer. Ce jugement est très clair et fait ressortir que “It is inimical to a representative democracy that the representatives are chosen by anyone other than the electorate. It is not for Parliament, still less the Government, to choose the representative.” Les conseillers doivent être choisis par voie démocratique. C’est la fondation même d’une société démocratique. Les représentants du Local Government pas kapav être choisis par le gouvernement. C’est contraire à la démocratie. Le choix doit revenir à l’électorat. Mais Pravind Jugnauth est un lâche. Li pe per. Depuis un an, je le dis et répète, il ne tiendra pas les municipales. Surtout pas à la veille des élections générales. Sa décision ne nous étonne guère, quoi qu’il s’agisse de faux prétextes.”Paul Bérenger : “Révoltant, éloquent, mais pas surprenant !”
“Ce nouveau renvoi des élections municipales pour la 3e fois est révoltant et éloquent car le constat est que malgré ki zot déclaré ki zot fort, zot pe sauvé parski zot conner ki zot pou gagn enn bater bef si ena élections municipales. En même temps, ce n’est pas surprenant, car nous nous attendions que le gouvernement n’allait pas organiser les municipales avant les élections générales. Cette décision démontre ki kalité dangereux MSM été ! Si zot ti ena majorité 3/4 dans l’Assemblée nationale, pena doute ki zot ti pou renvoye élections génarales pareil.”

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