Enjeu Politique – Opération Gat Lasos Sun Trust : Le pavé de Vikram Hurdoyal dans la mare de Pravind Jugnauth

La démission en date du 13 février du ministre révoqué dans la soirée de dimanche dernier prive le Leader of the House de la puissance de son arme fatidique sous la section 57 (1) de la Constitution Avec une éventuelle dissolution le 10 août, éliminant l’option de la partielle au N°10, les élections générales devront être organisées soit au plus tôt le 9 septembre et au plus tard le 7 janvier Lakwizinn du PMO se met en mode accéléré pour les inaugurations-bilan, dont jeudi pour le pont suspendu Chebel-Sorèze et le jeudi 29 pour la piste d’atterrissage et la jetée d’Agalega Démarrage des consultations prébudgétaires aux Finances après les célébrations de la fête nationale du 12 mars avec le 5e Budget Speech de Padayachy en avance sur le mois de juin Concertations des partenaires du MSM en vue de constituer une plateforme de réunification militante pour négocier la répartition des tickets électoraux avec le MSM

En début de semaine écoulée, les données sur l’échiquier politique ont subi des changements majeurs, remettant en cause le calendrier de Lakwizinn du Prime Minister’s Office en vue des prochaines élections générales. « Samem ki apel Operasion Gat Lasos », fait-on comprendre du côté du QG du Sun Trust. D’abord et avant tout, la démission de l’Assemblée nationale de Vikram Hurdoyal, ministre de l’Agro-Industrie, révoqué un dimanche soir sans aucune raison annoncée publiquement, privera le Premier ministre et Leader of the House, Pravind Jugnauth, de la puissance de son arme fatidique sous la section 57 (1) de la Constitution, stipulant que « the President, acting in accordance with the advice of the Prime Minister, may at any time prorogue or dissolve Parliament. »

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Cette démission, remise au Speaker’s Office vers 17h30 le mardi 13 février, impose des contraintes non-négligeables au chef de l’Exécutif par rapport à la dissolution de l’Assemblée nationale. Alors que la section 57 (2) de la Constitution, imposant que « Parliament, unless sooner dissolved, shall continue for 5 years from the date of the first sitting of the Assembly after any general election and shall then stand dissolved », s’avère caduque dans la circonstance.

Dans cette nouvelle configuration politique, les premières conjectures avancent qu’il faudra être sur ses gardes quant à la date magique du 10 août ou autour pour cette étape déterminante menant aux prochaines élections générales. Mais entre-temps, l’échiquier politique aura connu deux rendez-vous incontournables, notamment les rassemblements politiques du 1er-Mai pour la Fête du Travail et la présentation en mode avancé du cinquième et dernier budget du Grand Argentier, Renganaden Padayachy.

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Avec comme point de départ le 13 février, date à laquelle la lettre de démission du député Hurdoyal, imposant au terme des dispositions de la Constitution une élection partielle à Montagne-Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est (N°10) dans un délai maximal de 240 jours — découlant de la Constitution et de la Representation of the People Act — définit une série de d’échéances contraignantes, à savoir

13 mai 2024 : date ultime de la publication du Writ pour la by-election au N°10 avec d’aucuns affirmant que le Premier ministre n’ayant aucun a priori à cet effet et adoptant le même scénario qu’en 2019 avec la démission de l’ancien bras droit de feu sir Anerood Jugnauth à Piton/Rivière-du-Rempart (N°7), Vishnu Lutchmeenaraidoo.

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Dans cette perspective, la question qui se pose est de savoir si le leader du MSM abattra cette carte électorale, présentant un intérêt amoindri, dans la mesure où l’option de cette partielle relève de la fiction politique, avant ou après les rassemblements annoncés à Port-Louis pour l’opposition PTr-MMM-PMSD ou encore à Vacoas pour l’alliance menée par le MSM. Cette étape initiale n’a que valeur symbolique constitutionnellement parlant.
Double importance

12 juin 2024 : cette date comporte une double importance, comme étant la date limite pour la tenue du Nomination Day pour la partielle au N°10 ou encore the earliest date, au cas où le Premier ministre décide d’emboîter le pas à son homologue britannique, Rishi Sunak, en organisant une élection partielle, même à la veille des législatives. Néanmoins, le renvoi des élections municipales à Maurice l’année dernière constitue un flagrant reminder que « bizin aret reve kamarad ».

Par contre, au cours de la période menant au 12 juin, le gouvernement de Pravind Jugnauth aura sorti sa carte maîtresse, sous la forme du dernier budget de la 7th National Assembly, avec entre autres une annonce au sujet de la Basic Retirement Pension à Rs 15 500, si ce n’est pas davantage, des indications au sujet des intentions du gouvernement au titre du prochain rapport du Pay Research Bureau (PRB) en faveur des fonctionnaires et des employés des corps paraétatiques.

10 août 2024 : date magique, présentée dans certains milieux comme étant celle pour la dissolution de l’Assemblée nationale en vue de rendre caduque la tenue de l’élection partielle au N°10 suite à la démission de Vikram Hurdoyal, alors que la limite des 240 arrivera à terme à la semaine se terminant au 11octobre.

Cette date du 10 août ou autour pour la dissolution de l’Assemblée nationale s’inscrit dans la perspective de la publication des registres d’électeurs pour les 20 circonscriptions de Maurice et de Rodrigues. Avec la Constitiution prévoyant que les recommandations de délimitation de l’Electoral Boundaries Commission entrant en vigueur à la dissolution de l’Assemblée nationale, le compte devra être bon à la Commission électorale avec les nouvelles listes électorales du 15 août.

À cette dernière période, l’ambiance électorale dans le pays aura franchi un nouveau palier avec les candidats déjà désignés et la campagne battant son plein dans les coins et recoins des 20 circonscriptions et à Rodrigues et Agalega. Sauf pour les Chagos, où les électeurs désignés sont rattachés à la circonscription de Grande-Rivière-Nord-Ouest/Port-Louis Ouest (N°1).

Avec une hyothétique dissolution de l’Assemblée nationale à la date du 10 août, le scrutin, avec très probablement le décompte des voix se faisant dès la fermeture des bureaux de vote, les limites devraient s’établir comme suit au terme de la section 41 de la Representation of the People Act, soit au plus tôt le 9 septembre et au pus tard le 7 janvier 2025. Mais il existe de minces possibilités que ces élections générales puissent être organisées alors que l’île Maurice sera en pèlerinage pour son apôtre Jacques Désiré Laval.
Mood électoral crescendo

Toutefois, force est de constater qu’avec une dissolution en date du 10 août, le délai maximal pour la publication des Writs of Elections expirera le 9 octobre et le Nomination Day le vendredi 8 novembre. Néanmoins, commentant ces différentes dates, Ashok Subron, de Rezistans & Alternativ, fait un appel au commissaire électoral pour des éclaircissements. « Mo pe demann ki Komiser Eletoral eklersi bann paramet azanda electoral selon dispozision lalwa », fait-il comprendre à Week-End.

Ainsi, ces impératifs sont imposés à Lakwizinn du Prime Minister’s Office découlent du revers de la révocation de Vikram Hurdoyal en tant que ministre et ce dernier renvoyant l’ascenseur au Premier ministre. Dans l’immédiat, la mise à jour de l’agenda des inaugurations de Pravind Jugnauth est propulsée au premier plan et des directives émises à l’intention des municipalités et autres collectivités locales en vue de multiplier autant que possible les cérémonies d’inauguration et de pose de première pierre.
Dès son retour au pays après le sommet de l’Union africaine de ce week-end à Addis-Abeba, le Premier ministre se rendra au front de l’inauguration du pont suspendu, enjambant les gorges de Grande-Rivière-Nord-Ouest, reliant Chebel à Sorèze sur l’autoroute. Cette cérémonie, qui s’annonce grandiose avec un spectacle commandé à

Impact Production, est annoncée pour ce jeudi.
Le samedi 24, la Journée Internationale de la Femme sera célébrée en avance en raison de la fête de Maha Shivaratree du vendredi 8 mars. Une plateforme offerte au gouvernement pour s’adresser à 50% de l’électorat.

Toujours un jeudi, soit le 29, le Premier ministre devra se rendre à Agalega pour la double inauguration de la piste d’atterrissage et de la jetée, dont la liaison en visioconférence avec New Delhi et le Premier ministre indien, Narendra Modi, intervenant en direct à cette occasion.

Ensuite, le temps religieux interviendra avec les séances de prières à Ganga Talao dans le cadre du pèlerinage de Maha Shivaratree avant les fêtes nationales du 12-Mars au Champ-de-Mars en présence très probablement de la présidente de l’Inde, Dropadi Mourmou. À ce stade, une annonce officielle à Port-Louis et à New Delhi est attendue pour la confirmation.
Force est de constater que la liste des décorés du 12-Mars sera décortiquée avec pour fond de décor les élections générales. De ce fait, des membres du front bench du gouvernement, dont Steven Obeegadoo, Renganaden Padayachy, Joe Lesjongard ou encore Anwar Husnoo pourraient en faire partie en complément aux représentants des sociétés socioculturelles de même que des sportifs.

Après les célébrations de la fête nationale, le relais sera assuré par le ministre des Finances avec les préparatifs pour le budget 2024-25. D’ailleurs, la seconde quinzaine du mois de mars pourra être consacrée à la grand-messe des consultations prébudgétaires. Les partenaires sociaux, des syndicats au patronat en passant par les Organisations non-gouvernementales (ONG), ont jusqu’au 15 mars pour soumettre des budget memoranda.
Au moins jusqu’aux dix premiers jours d’avril, la campagne de mobilisation politique sur le terrain en vue des meetings du 1er mai se fera en sourdine en raison du Carême pour la Pâques du 31 mars et du Ramadan avec l’Eid-ul-Fitr du 11 avril.
Et à partir de la mi-avrli, le ton montera d’un cran avec le mood électoral en crescendo…

Portrait : Vikram Hurdoyal, Zanfan Landrwa au No 10
Zanfan Landrwa, Vikram Hurdoyal est issu de Trou-d’Eau-Douce. Il a fréquenté la Sir Satcam Boolell Govt School à Sébastopol, puis le collège Darwin à Flacq et la Shrimati Indira Gandhi SSS, Quartier-Militaire. À 19 ans, il choisit de devenir agriculteur.
Outre sa participation active dans le social et la politique depuis 2012, il est aussi à la tête d’une entreprise de renommée, exportant des fruits locaux à destination de plus d’une dizaine de marchés à l’étranger. Il se porte candidat aux élections villageoises de 2012 et est élu comme conseiller de son village. Soutenu par l’ancien ministre Anil Bachoo, il accède à la présidence du District Council de Flacq une première fois sous le régime travailliste.

Privé d’une investiture du Labour aux législatives de 2014, Vikram Hurdoyal décide de briguer le suffrage en récoltant en tant que candidat indépendant 9 775 voix. Son business, OTF Export Ltd, qui prospère en parallèle, est doté d’infrastructures technologiques dans un entrepôt d’environ 10 000 pieds carrés, situé sur la route côtière de Belle-Mare.
L’ancien ministre est également un passionné de chevaux. En tant que président du conseil de district, soit de 2012 à 2014 et de 2016 à 2019, il aura grandement contribué à améliorer les infrastructures de son village. Fort de son palmarès régional, le MSM lui a offert un ticket électoral en novembre 2019 et il est élu tête de liste au N°10 avec 23 252 voix, soit 5 716 voix de plus que le leader du PTr, Navin Ramgoolam. Lors de la proclamation des résultats, Hurdoyal avait tenté son mieux possible pour empêcher les partisans du MSM de s’en prendre verbalement à l’ancien Premier ministre.

Mais depuis son élection et sa nomination en tant ministre, Vikram Hurdoyal aurait changé de profile. « Li finn vinn inpe megalo ek panse ki li tro for. Li finn fer tou pou dominn so bann kolistie ek koleg. Li finn panse ki li indetronab parski li enn zanfan landrwa », fait-on comprendre sur le terrain au N°10.
Ce changement est confirmé du côté du Sun Trust. Il devait multiplier les chantages face à l’équipe gouvernementale depuis décembre 2022, imposant que son favori Kishore Jeewooth soit nommé président du conseil de district. Ses menaces et chantages politiques mettaient le MSM en mauvaise posture, sans compter son incapacité à cohabiter avec d’autres élus MSM de l’est.

La chute de son poulain Jeewooth, par le biais d’une motion de blâme au District Council, a été la goutte d’eau pour lui. Il allait cette fois afficher publiquement qu’il prenait la porte de sortie du gouvernement MSM. Par contre, le message était toutefois clair pour le Premier ministre, Pravind Jugnauth, à l’effet que le conseil de district était remonté contre Hurdoyal et son protégé Jeewooth et que le MSM perdait son political mileage à l’est.
Lakwizinn était aussi lasse d’avoir le “kouto anba lagorz” de la part de Hurdoyal à gérer et qu’il fallait agir vite avant que le principal concerné ne puisse gâcher le momentum de cette fin de mandat. Pour Pravind Jugnauth, il fallait mettre fin à ce “malad latet ki pe ale mem, ale mem” en exécutant cette révocation dans la sorée de dimanche dernier…

Subron : « Demision-la, enn kou politik fatal dan enn lane elektoral »
Analysant les derniers développements, Ashok Subron maintient que la démission de Vikram Hurdoyal « bien Dammaging pou Pravind Jugnauth ek so rezim. Li enn kou politik fatal dan enn lane elektoral. » Il ajoute que l’absence d’explications de la part du Premier ministre, Pravind Jugnauth, démontre « enn total mank di respe anver lepep. » Il ne rate pas de dénoncer « enn espes Omerta pou gard silans lor sertin issue, non avwab. »
« Demision-la fors enn nouvo kalandriye elektoral, ki nepli sou kontrol Pravind Jugnauth, dan lesans ki : swa li fer li fer enn eleksion parsiel, avek tou bann risk ek dinamik ki sa konporte, swa li pou forse disoud Lasanble Nasional pli boner, posibleman otour 10 aout 2024, alor ki ti ena posibilite ki so gouvernman al ziska Novam 2024, san demision Hurdoyal », fait comptebdre Ashok Subron.

Dans ce contexte allant dans le sens des élections générales, le militant de Rezistans & Alternativ affirme que « ena irzans ki tou lafors lopozision parlmanter ek ekstra parlmanter, trouv enn terin dantant pli vit posib, lor enn Program Sanzman Sistem, lor Program pou Travayer ek Program Ekolozik. Enn priz di pouvwar san sa trwa dimansion Prograntik-la, pa pou amenn sanzman ki lepep pe atann ek lepep ek zenerasion avenir merite. »

Dans un autre ordre d’idées, Ashok Subron n’a pu s’interroger sur le sort de ceux qui osent s’opposer politiquement au Premier ministre, dont le dernier cas n’est autre que celui de Vikram Hurdoyal. « Seki finn arive konfirm lanaliz Rezistans ek Alternativ, ki enn lalign rouz inn depase depi lontan : ki tou dimounn, ki swa a linteryer laparey MSM ou oubien andeor dan lopozision, ki sey oze opoz Pravind Jugnauth. »

La fièvre électorale entre partenaires du GM
La fièvre électorale a gagné les rangs à l’Hôtel du Gouvernement. Ainsi, les partenaires politiques du Premier ministre, Pravind Jugnauth, au sein du gouvernement se signalent. Des indications sont que durant ce week-end, le Deputy Prime Minister, Steven Obeegadoo, qui assure la suppléance au poste de Premier ministre, le ministre Alan Ganoo, et le leader du Muvman Liberater, Ivan Collendavelloo, allaient prendre un temps de réflexion aussi bien qu’un temps pour passer en revue la situation politique en vue de décider de la marche à suivre.

Les leaders de ces trois formations politiques au sein du gouvernement caressent l’idée de reconstituer une plateforme commune militante en vue des prochaines élections. Évidemment, la question de répartition des tickets pourrait se retrouver à l’agenda, avec les trois partis faisant un pressing pour un nombre plus élevé que es 12 évoqués par de apparatchiks du Sun Trust.
Dans l’immédiat, très peu de détails de ces échanges ont transpiré des rangs de ces partis politiques.

 

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